Essai documentaire sur le deuil, le legs et la survivance maternelle

La photographe Marianne Charland, originaire de Princeville, prépare un essai documentaire artistique qui mariera photos ainsi que vidéos et qui porte sur l’histoire de quatre femmes qui ont vécu, à la fin de l’adolescence, la mort précoce de leur mère.

Cela fait longtemps que Marianne mijote ce projet. En fait, elle a, dans son cercle d’amies, trois femmes (Audrey, Élisa et Valérie) qui, tout comme elle, ont perdu leur mère à un âge précoce, des suites d’un cancer du cerveau. Autant de femmes qui ont trop tôt perdu leur modèle féminin. « C’est un hasard dont on n’a jamais trop parlé », se souvient l’instigatrice.

C’est alors qu’elle était enceinte que Marianne s’est mise à se poser beaucoup de questions sur la maternité et sur sa mère, Ginette Charland, qui ne serait pas là pour lui montrer comment être elle-même une maman. Marianne a donc eu envie d’aller vers ses amies afin de leur poser des questions sur la façon dont elles vivaient leur deuil et comment était, par le fait même, leur rapport avec la féminité, la maternité ou la non-maternité?

« Je me suis posé toutes sortes de questions et j’ai voulu illustrer cet état des choses. Comme je suis photographe, j’ai pensé mettre ça en images », résume-t-elle.

C’est ainsi que ce projet artistique, qui devrait s’élaborer toute l’année et qui porte le titre « Les Orphelines », s’est mis en branle. Un travail qui mènera à la création d’un portrait, au sens large, des vies que ces femmes ont menées (et mènent encore), sans leur mère. « Et puisque je veux intégrer du mouvement, il y aura également des vidéos, du son et des réflexions », ajoute-t-elle.

Ce projet, elle aurait voulu le lancer en 2020, mais la pandémie a tout ralenti. Maintenant, les trois femmes sont toujours d’accord pour montrer au grand jour leur vulnérabilité et leur intimité dans cet essai documentaire qui devrait présenter, selon le souhait de Marianne, de la beauté, mais aussi quelques moments plus sombres. Il s’agit donc de mettre en lumière, tout simplement, les quatre histoires de ces femmes, avec leurs points communs, mais aussi avec leurs différences.

Devrait en résulter au moins une exposition en galerie (elle aimerait bien venir la présenter dans sa région d’origine), mais également un livre pour que les souvenirs de ce projet restent bien tangibles. « Le temps passe et l’oubli gagne du terrain », estime-t-elle.

Sociofinancement

Pour mener à bien cet important projet artistique, Marianne a lancé une campagne de sociofinancement (https://laruchequebec.com/fr/projet/les-orphelines). Il lui faut en effet trouver des fonds pour tout le travail à réaliser, mais également pour se rendre en Belgique et en France, où habitent deux des femmes. « Pour voir le legs matériel auquel elles peuvent s’accrocher, entre autres », explique-t-elle. C’est en mai, un mois important pour l’une d’entre elles, que Marianne s’y rendra. Elle réalisera alors, pendant trois semaines, les entretiens ainsi que les prises de vue et vidéo. En juillet, c’est du côté de Victoriaville qu’elle viendra puisque la troisième amie y est originaire. Une occasion aussi pour Marianne de se replonger dans sa propre histoire qui s’est déroulée en grande partie à Princeville.

Il lui faudra ensuite prendre le temps nécessaire pour colliger toute l’information et trouver le moyen le mieux adapté et le plus artistique de présenter le résultat.

Il ne reste que quelques jours à la campagne de sociofinancement qui a déjà atteint son premier objectif qui était de 4000 $. Le second objectif, inscrit à 10 000 $, permettra de couvrir les frais de transport terrestre et assumer les coûts de professionnels attitrés au projet en plus de lui donner du temps afin de faire les recherches nécessaires.

Ce projet, qui viendra remuer plein d’émotions chez les quatre femmes, Marianne le considère pertinent. Elle a accepté de s’y intégrer, finalement, parce qu’elle s’y retrouve avec des amies avec qui elle veut partager. « Je ne l’aurais pas fait toute seule », ajoute-t-elle. Il s’agira également, pour la photographe, d’une première œuvre multidisciplinaire puisque jusqu’à maintenant, Marianne Charland oeuvrait dans la photographie argentique principalement. Elle recourra d’ailleurs à ce médium pour « Les Orphelines », ainsi qu’à la vidéo numérique. « Ce projet, je le fais pour moi et mes amies. On y aborde un sujet vaguement tabou, un thème que certaines pourront s’approprier et qui je l’espère leur permettra de cheminer », souhaite-t-elle.

Depuis quelques années, la Princevilloise d’origine est établie à Montréal où elle pratique le métier de photographe, auprès des familles principalement. C’est dans ce domaine qu’elle se sent à sa place.

Pour contribuer à la campagne de sociofinancement (jusqu’au 11 avril) : https://laruchequebec.com/fr/projet/les-orphelines. Pour suivre le projet  : www.facebook.com/projetlesorphelines