Deuxième sortie pour l’expo Di ou id
Sophie Chabot présente, jusqu’au 14 octobre, son exposition intitulée Di ou id à la Maison Fleury de Victoriaville.
Il s’agit de la deuxième sortie de ce projet réalisé en collaboration avec une dizaine de personnes vivant avec une déficience intellectuelle. En mars, elle avait été présentée à la bibliothèque Madeleine-Bélanger de Princeville.
Pour l’artiste, il était important de venir offrir, chez elle et à son réseau, cette exposition qui a nécessité environ neuf mois de travail. En effet, Di ou id (Déficience intellectuelle ou intelligence différente) est le résultat de dix ateliers, réalisés avec autant de personnes vivant avec une déficience intellectuelle.
De ces rencontres, deux thèmes principaux sont ressortis, des caractéristiques découvertes chez les participants qui se sont reflétées dans les œuvres : la transparence et le filtre (ou l’absence de celui-ci).
Ainsi, à partir des œuvres réalisées par les participants (peinture, dessin ou argile) Sophie est intervenue sur les œuvres après les avoir numérisées. Elle les a imprimées sur des acétates qu’elle a ensuite superposés et séparés grâce à des aimants.
Cela donne des œuvres avec de la profondeur, de la dimension. On peut même voir un genre de mouvement. Une première série intitulée Transparence porte vraiment bien son nom. Elle fait un lien avec la transparence des participants qui sont incapables de cacher leurs émotions, mais se reflète aussi dans les œuvres.
Numérisées, déconstruites, reconstruites et superposées, telles sont les étapes réalisées par l’artiste. «Les interventions sont plus ou moins prononcées selon les œuvres originales», note Sophie Chabot.
Celle-ci est très heureuse d’avoir eu ces moments privilégiés avec les participants. D’ailleurs, lorsqu’elle parle des différentes œuvres accrochées pour l’exposition, elle ne manque pas de revivre les beaux moments, le cheminement vécu lors des ateliers.
C’était la première fois qu’elle travaillait avec ces gens et elle a fait de belles découvertes. «Ils sont aimants, chaleureux et n’ont pas hésité à se mettre en action», a-t-elle apprécié.
Si son projet se voulait une réflexion commune sur la marginalité et le lien à la société, la réflexion a été plus difficile que prévu et s’est vite transformée en expérimentation. «Donc au lieu de réfléchir, on a fait de l’art-relationnel. Le projet permet de montrer les capacités de ses gens qui amènent quelque chose de beau dans le monde», apprécie-t-elle.
L’exposition comprend également une deuxième série, réalisée entièrement par Sophie Chabot. Il s’agit de photographies imprimées sur plexiglas, intitulée Substance. Comme sujet, l’artiste photographe a choisi une matière qui fait elle aussi dans la transparence : la fumée. Les spectateurs pourront aussi se voir dans les œuvres et en devenir partie prenante. «Ils voudront aussi s’interroger sur les raisons pour lesquelles la différence les dérange. La photo reflète aussi notre différence et nous sort de notre zone de confort», note-t-elle.
L’exposition se termine par une œuvre évolutive. Sur celle-ci, les 10 participants ont posé un petit carré d’argile et les visiteurs sont invités à écrire sur un papier ce qui fait leur différence et l’apposer sur l’œuvre.
Tout ce projet aura permis à l’artiste de réfléchir sur ses propres filtres et sur sa transparence (ou son opacité). De voir aussi que la différence peut également être intéressante.
Elle a aussi découvert l’acétate comme médium qu’elle réutilisera probablement lors d’un autre projet. Après la Maison Fleury de Victoriaville, l’exposition sera présentée au Corrid’Art de Culture Centre-du-Québec à Bécancour.
Un autre projet
Ayant apprécié l’expérience de Di ou id, Sophie Chabot en entreprend un deuxième pour lequel elle bénéficie d’une bourse de médiation culturelle. Intitulé S.M.Art (Santé mentale et art), le projet de médiation artistique en santé mentale comprend un aspect artistique et un autre d’inclusion sociale.
Il s’agit cette fois de réunir un groupe aux prises avec un problème de santé mentale et de réfléchir sur la problématique des préjugés envers eux.
Il y aura laboratoire de création, d’expérimentation et de réflexion artistique et la thématique retenue qui est : le regardeur et le regardé. Une œuvre finale sera éditée, sous forme de livre d’artiste contenant les créations réalisées lors des laboratoires, mais aussi des œuvres offertes par les membres de la communauté
Pour ce projet, elle bénéficie de l’appui de Nicolas Larochelle qui offre son local de la Zone Grise pour les rencontres et des artistes Linda Vachon et Véronique Pepin. Encore une fois les aspects social et créatif seront mis de l’avant.