Coup de chapeau à Suzanne Bédard

Depuis maintenant 40 ans, Suzanne Bédard est le cœur et l’âme de la bibliothèque Linette-Jutras-Laperle. C’est d’ailleurs avec un pincement au cœur, mais aussi avec une immense reconnaissance que son départ à la retraite sera bientôt souligné par la Ville de Plessisville.

En attendant sa retraite qui deviendra officielle d’ici la fin de l’année, elle continue d’agir à titre de cadre-conseil pour transmettre sa vaste expertise culturelle à Mélina Gagné Côté qui assume sa relève à titre de coordonnatrice culturelle.

Son parcours

Suzanne Bédard a pris part à toutes les grandes transformations de la bibliothèque au fil des dernières décennies, devenant la grande complice des lecteurs plessisvillois de toutes les générations. Diplômée en Techniques de la documentation du Cégep Garneau à Québec, la native de Sainte-Agathe-de-Lotbinière confie qu’elle aurait bien aimé se diriger dans l’enseignement, mais que les emplois se faisaient plutôt rares à ce moment-là.

« Plus jeune, j’aimais lire, mais je ne peux pas dire que j’étais une grande lectrice. J’avais beaucoup trop de loisirs. Mais j’ai adoré Franfreluche et ses contes », raconte-t-elle. En février 1982, la bibliothèque de Plessisville devient la bibliothèque intermunicipale de Plessisville avec un conseil d’administration formé de deux conseillers de la Paroisse et trois de la Ville. « C’est à ce moment que je suis arrivée. Le poste était ouvert et j’ai appliqué… pas plus compliqué! Il faut dire que j’avais un très bon CV puisque pendant mes années de cégep, j’avais eu la chance d’être embauchée au département de la gestion des documents pour le Ministère. »

La lecture, les loisirs et le plaisir d’organiser sont toutes des choses qu’elle aimait bien faire et la bibliothèque les rassemblait toutes justifiant ainsi son intérêt pour œuvrer dans ce secteur.

Une bibliothèque qui évolue

Selon Mme Bédard, les années ’80 ont transformé la bibliothèque. « C’est la place qui a été donnée à l’animation durant cette période. La bibliothèque n’était plus seulement un lieu où l’on venait emprunter des livres. Il y avait des ateliers, les heures du conte, les concours, la vente trottoir. C’était de plus en plus animé. »

En juillet 1990, la régie intermunicipale se dissout et la bibliothèque devient un service de la Ville de Plessisville. « En 1996, la bibliothèque a son propre site Web et offre un ordinateur à ses abonnés pour qu’ils puissent naviguer sur l’autoroute électronique. »

En 2002, la bibliothèque aménage dans ses locaux actuels et les animations peuvent être présentées à la bibliothèque même et la programmation d’activités devient plus structurée.

Mme Bédard soutient qu’elle a toujours voulu que la bibliothèque soit vivante et offrir à la population les mêmes services que ceux offerts par les bibliothèques des grandes villes, évidemment à notre échelle. « J’ai apprécié la confiance qui m’a été donnée par les différents conseils municipaux qui m’ont supportée à travers les années et permis d’avoir une liberté dans l’organisation et dans la vie de la bibliothèque. J’ai toujours aimé pouvoir offrir aux abonnés quelque chose de nouveau et le meilleur service possible. Il faut souligner la collaboration de nos nombreux bénévoles qui sont toujours là au comptoir de prêt pour accueillir les abonnés et faire en sorte que leur expérience de venir à la bibliothèque soit agréable. »

Les gens au cœur de ses priorités

Quand elle pense à sa retraite qui s’en vient, elle devient émue chaque fois. « Vraiment, je vais m’ennuyer du monde », dit-elle les larmes à l’œil. « J’ai eu le privilège, durant ces 40 années passées à la bibliothèque, de rencontrer beaucoup de personnes, de voir des générations d’une même famille fréquenter la bibliothèque ou d’être bénévole. J’ai eu l’occasion de partager avec eux de bons moments et aussi des plus tristes. Je vais aussi m’ennuyer de la relation avec les enfants, ils sont tellement vrais. J’ai eu de belles discussions avec les membres du club de lecture et je n’oublie pas les moments que j’ai passés avec les membres du comité de toponymie qui forment vraiment une belle équipe. J’emporte avec moi tellement de bons souvenirs », souligne Suzanne.

À ses collègues de travail de la bibliothèque et de la Ville de Plessisville, elle les remercie pour leur collaboration dans différents dossiers. « Vous m’avez permis d’apprendre, de rêver et d’aller plus loin. Comme je dis souvent : seule, ça va plus vite, mais ensemble, on va plus loin! »

La bibliothèque demeure un lieu culturel très important pour la population et c’est un service gratuit. « Peu importe leur situation financière, les gens ont accès au savoir, à des connaissances. Offrir à son enfant la possibilité d’emprunter des livres à la bibliothèque et de développer son plaisir de lire, c’est parmi les plus beaux héritages qu’on puisse lui donner. Nous ne sommes jamais seuls avec un livre. »

Pendant toutes ces années, elle a remarqué que la popularité pour les romans ne se dément pas de la part des abonnés. « Et le fait que le nombre d’auteurs québécois soit en croissance leur permet de lire de plus en plus des œuvres de chez nous. » Quant à la période COVID, elle dit que ce fut la période la plus plate de sa carrière à la bibliothèque. « Nous avons cependant mis en place un service de livraison de livres pour tous nos abonnés dans le but de respecter les mesures d’hygiène pour éviter la propagation du virus. On commence à peine à se rattraper sur le nombre de prêts. C’est tout un défi que nous avons devant nous. » Elle dit s’être complètement remise de la maladie qui l’a affectée en 2018 et qui l’a tenue à l’écart de la bibliothèque pendant un an et demi. « La maladie et la COVID ont drainé beaucoup d’énergie ces dernières années. La retraite sera un bon moment pour me reposer », de conclure la femme de 61 ans qui ne ferme pas la porte à venir faire du bénévolat une fois de temps en temps.

Un peu d’histoire

C’est Mme Linette-Jutras-Laperle et quelques bénévoles qui ont mis sur pied la bibliothèque de Plessisville en 1958 dans la sacristie de l’Église afin que les servants de messe soient plus sages et où il y avait des heures d’ouverture pour les gars et pour les filles. Celle-ci est ensuite relogée au deuxième étage de l’hôtel de ville et devient la Bibliothèque des jeunes de Notre-Dame de Fatima. 

Les déménagements de la bibliothèque se succèdent dans les années ’60 jusqu’à ce qu’elle s’installe, en 1968, dans un ancien local de la Banque Nationale sur la rue Saint-Jean. C’est aussi à partir de 1968 que les adultes seront invités à y emprunter des livres. Après y avoir passé huit ans, la bibliothèque se relocalise au deuxième étage du centre des loisirs qui sera complètement rasé par un incendie en 1979. Elle y perd tous ses livres.

En 1980, la bibliothèque s’installe à l’édifice Matte et devient une bibliothèque municipale autonome. « Il ne faut pas oublier l’énorme travail de Jean-Noël Poulin et de son équipe qui ont travaillé, sans compter leurs heures, afin que la bibliothèque renaisse de ses cendres », d’indiquer Suzanne Bédard qui prenait la relève, deux ans plus tard.