Carré 150 : l’équipe garde le cap vers un horizon plus lumineux

Les spectacles sont interrompus depuis le 20 décembre dernier dans les salles de spectacle du Québec. C’est donc aussi le cas au Carré 150 de Victoriaville où la codirectrice générale, Roxanne Genest, tente avec l’équipe de garder le cap vers un horizon plus lumineux, comme elle l’explique.

Bien entendu, elle souhaiterait savoir quand la reprise des spectacles pourra avoir lieu et comment elle se fera (mesures sanitaires). « Annuler des spectacles c’est simple, mais repartir la machine après, c’est plus difficile », souligne-t-elle d’entrée de jeu. Il faut dire que depuis deux ans, le monde du spectacle (comme d’autres domaines) a été malmené par des fermetures et réouvertures. Tout est toujours à réajuster, selon les mesures en vigueur. Reports, annulations font désormais partie du quotidien de l’équipe de la billetterie du Carré 150.

Les dommages n’ont pas été trop importants pendant la période des fêtes au Carré 150. En effet, Roxanne explique qu’aucun spectacle n’était prévu entre le 18 décembre et le 14 janvier dans la salle Les-frères-Lemaire, où on fait l’insonorisation d’une partie du mur du fond (donnant sur la rue Perreault). Des travaux nécessaires pour assurer une bonne sonorisation sur la scène qui n’avaient pas été finalisés lors de la construction.

L’arrêt des spectacles donne aussi l’occasion de sabler le grand escalier d’accueil et de trouver un procédé qui pourra réduire son entretien et assurer sa pérennité. L’autre escalier (celui du côté) sera également à sabler éventuellement. « Il y a de l’entretien nécessaire dans un lieu comme le nôtre », explique Roxanne qui ajoute que l’équipe profite de la fermeture pour faire des formations, revoir des procédés à l’interne ou simplement mettre à jour le plan de match. Cela permet en même temps de conserver les membres de l’équipe permanente en place et leur assurer un emploi d’ici la réouverture.

« Actuellement, j’en suis à annuler les spectacles jusqu’au 9 février », a-t-elle expliqué le 24 janvier. Cette fois, elle a choisi d’y aller par période de quelques jours à la fois, ce qui donne du temps au personnel de contacter les spectateurs qui ont des billets concernés. Cela fait en sorte que le JPL Victo Jazz est annulé, sauf pour le spectacle de Dominique Fils-Aimé qui a été remis à plus tard.

Roxanne explique que l’équipe de la billetterie ne l’a pas facile depuis le début de la pandémie, toujours à recontacter les spectateurs concernés par les spectacles qui changent de date ou les annulations. Tout cela fait en sorte que le calendrier est désormais bien rempli, si on compte les reports de l’an dernier. « J’ai des spectacles d’humour prévus les lundis et mardis », annonce la codirectrice générale. Ainsi, l’automne, si tout va bien, sera très achalandé au Carré 150 où on prévoit des spectacles six jours par semaine (en incluant le cinéma). « Et il faut également laisser de la place aux demandes de location des organismes », ajoute-t-elle. Un casse-tête donc qui fait en sorte qu’il lui a fallu faire des choix, dont celui d’annuler la présentation de Casse-Noisette, prévu pour 2022 (il devient impossible, par exemple, de faire les auditions au printemps pour le spectacle de fin d’année).

Tout cela est bien difficile pour l’équipe du Carré 150. « Pour le moral, c’est pire maintenant que lors des autres vagues. Nous étions sur une belle lancée et avions des records de vente en novembre », explicite-t-elle. Mais tout a fermé de nouveau à la fin du mois de décembre. « Même si on rouvrait la semaine prochaine, ce ne serait pas évident. L’équipe est déjà très fatiguée, à la billetterie surtout où ils ont transigé des milliers et des milliers de billets », note-t-elle. Ce sont ces gens qui sont directement confrontés aux spectateurs qui ont parfois la critique facile. « On fait du mieux qu’on peut », justifie Roxanne qui est toutefois consciente de la frustration du public. Même chose pour le personnel, après cinq reports du même spectacle avec un plan de salle qui est modifié et des mesures sanitaires qui changent, qui a l’impression de travailler dans le vide. « Mais le congé des fêtes a fait du bien », tente-t-elle de moduler.

C’est pour cela qu’elle travaille actuellement sur les spectacles prévus pour l’été et l’automne prochains, en appréciant ce qui est acquis pour le moment. Elle est également à analyser la rentabilité de chaque spectacle afin de voir ce qu’il faut simplement annuler ou remettre à une date ultérieure.

Heureusement, dans toute cette situation, Roxanne Genest indique que l’organisme a une bonne santé financière, grâce notamment aux programmes d’aide. Mais elle souhaite (comme dans les autres domaines actuellement sur pause) de la prévisibilité. « Si on savait jusqu’à quand on va être fermés, cela nous permettrait de prévoir. Il faudrait aussi savoir comment ce sera à la réouverture (distance, consignes, etc.), afin de ne pas travailler pour rien », souhaite-t-elle. 

L’actuelle fermeture, ajoutée aux précédentes, pourrait avec un impact sur la santé mentale. « Il y a des artistes qui ont peur de remonter sur scène. L’industrie était fragile avant la COVID-19 », rappelle-t-elle, faisant référence aux musiciens et chanteurs qui ont dû revoir leur façon de distribuer leur musique et n’ont désormais presque plus que la tournée de spectacles. Certains artistes choisiront peut-être de se réorienter et pour les consommateurs d’art et de spectacles, les habitudes auront peut-être changé définitivement. « Les gens vont s’être habitués à vivre autrement. Cela aura peut-être une incidence à long terme », s’interroge-t-elle.

Peu importe, Roxanne Genest espère que la création des artistes demeure pure et belle. « Il y a des œuvres magnifiques qu’il faut présenter, même s’il se peut qu’il y en ait moins », dit-elle avec réalisme.

Elle regarde donc vers le futur et demeure convaincue que l’on va s’en sortir. Ne reste qu’à savoir quand…

D’ici là, le centre d’art Jacques-et-Michel-Auger peut, de son côté, présenter les expositions prévues, dont l’actuelle est signée Reno Salvail.