Camp Potera : Ham-Nord comme lieu d’inspiration et de création

Du 14 au 17 janvier, Emily Skahan organise, dans sa maison de Ham-Nord, la sixième édition du Camp Potera. Une résidence d’écriture de musique réservée aux femmes et personnes non binaires.
Rencontrée chez elle alors que ses six résidentes, réparties en deux groupes, travaillaient à la chanson du jour, Emily Skahan (dont le projet musical est connu sous le nom de Georgette et qui a remporté le prix du CALQ au dernier GalArt) a expliqué qu’elle avait lancé ce concept en 2022 pour offrir un espace de création à la clientèle visée. “Potera signifie “poursuite” en latin et “pouvoir” en serbo-croate”, lance-t-elle d’entrée de jeu.
L’auteure-compositrice et interprète souligne avoir participé elle-même à plusieurs camps du genre où les hommes sont la plupart du temps en majorité. “J’ai vu qu’il n’y avait pas de parité avec en moyenne 30% de participantes”, ajoute-t-elle. Étant bien consciente qu’il y a beaucoup de talent chez les femmes et les minorités de genre, elle a voulu leur proposer cette résidence où elles peuvent, dans un cocon sécuritaire, créer des chansons.
Le simple fait de s’isoler dans une maison et d’occuper tout son temps à la création, sans être dérangé par le monde extérieur, permet une belle créativité. “C’est beau de les voir”, apprécie-t-elle. Et en ouvrant seulement aux femmes et non binaires, elle vient remplir un besoin.
Emily s’occupe elle-même d’animer les camps. Elle accueille chez elle, dans sa maison de Ham-Nord, les six participantes et leur fait à manger les trois journées et demie de l’activité. D’ailleurs, elle demande un coût qui permet simplement de combler les frais de nourriture. “Je le fais pour faire évoluer la scène culturelle d’ici”, mentionne-t-elle.
Le camp débute le dimanche soir. Emily accueille les participantes, comme elle l’a fait le 14 janvier avec Laraw (Lara Rawadi), Naïma Frank, L’isle (Ariane Brunet), Emmanuelle Querry, Gladysse (Claudia Laurin) et Cendre (Ashley-Mae Rousseau-Garfat), des artistes venant de Montréal ou sa banlieue. “On soupe ensemble et on discute. Elles présentent une ou deux chansons et on parle de leurs projets et de ce qu’elles viennent chercher ici. Et ça se termine par un petit exercice”, résume-t-elle.
Les trois jours qui suivent sont dédiés à la création de chansons et le tout se termine avec la présentation de celles-ci. “Elles auront créé 12 chansons au total”, ajoute Emily. Chacune repart donc avec deux maquettes de chansons qu’elles devront peaufiner et retravailler en studio, mais une bonne base créée dans un environnement inspirant.
Un processus qui demande beaucoup d’efforts, il va sans dire, mais qui est apprécié des participantes qui en ressortent énergisées. Elles auront aussi, au cours de ce camp, fait de belles connaissances, des amis qui resteront fidèles par la suite.
La cohorte de janvier, interrogée sur les avantages de cette résidence, explique que le simple fait de sortir de son environnement et se retrouver en groupe avait un effet de motivation. Chacune y va avec son style musical et la langue de son choix pour les paroles des chansons.
Pour l’hôte du Camp Potera, cela demande aussi beaucoup de temps, mais c’est toujours avec grand plaisir qu’elle rencontre de nouvelles personnes et assiste à la naissance de belles œuvres musicales. “Ça me rend fière et m’apporte du bonheur de créer des liens entre elles”, confie-t-elle.
Jusqu’à maintenant, quelques chansons, qui sont nées au Camp Potera, ont été diffusées au grand public. Et Emily indique que plein d’autres sortiront bientôt.
Avec cette contribution, elle souhaite que les femmes et les personnes non binaires prennent leur place dans le milieu artistique et qu’elles ne se mettent plus de limites à leur réussite. Elle insiste pour dire qu’elle n’a rien contre les hommes, mais estime qu’il y a encore beaucoup à faire pour obtenir une égalité artistique.
Jusqu’à maintenant, une trentaine de personnes ont bénéficié de son accueil et pour le prochain camp, qui aura lieu en avril, les places sont déjà comblées.
Emily Skahan (Georgette), une fois ce camp terminé, poursuivra son projet de LP. Elle a déjà 11 chansons qui sont prêtes et espère lancer un premier simple au printemps, un second à la fin d’août pour offrir l’album complet en septembre. Celui-ci parlera de souffrance et de guérison, de la vie, du bonheur et de la joie, avec en filigrane l’histoire des femmes (bonnes ou mauvaises) vues sous son œil.