Autrement que comme une grande frayeur : de l’écrit à l’oral
Au Parminou, on a l’habitude de créer des pièces ou des animations de A à Z, d’après un thème de départ. La directrice artistique Hélène Desperriers a toutefois dérogé à cette règle en partant du livre du Victoriavillois Claude Raymond, Autrement que comme une grande frayeur (Propos épars sur la mort) pour en faire une mise en lecture théâtralisée.
:«Je suis tombée en amour avec le livre. Il me rejoint dans l’approche de la mort, un sujet tabou dont on ne parle pas, mais qui pourtant fait partie de la vie», explique d’entrée de jeu Hélène Desperrier.
Elle a donc voulu travailler les textes afin qu’ils puissent être entendus collectivement, les faire passer d’un médium à l’autre, de l’écrit à l’oral. «C’est le passage qui est un défi et Claude m’a donné carte blanche.»
Au départ, Hélène avait l’intention d’intégrer aux textes du livre, quelques-uns des siens afin de les amalgamer. Finalement, après relecture du livre, elle a constaté que l’auteur parlait sous différents chapeaux et s’est donnée comme défi de prendre le texte sans en changer un mot. Ainsi ce qu’elle a fait, c’est de couper afin de ne garder que le tiers des textes du livre.
Pour réaliser ce projet, elle a voulu rencontrer l’Association des proches aidants ainsi que l’équipe de la maison de fin de vie Marie-Pagé. Un groupe a été formé et il participe à tout le processus de création.
Hélène s’occupe de la mise en scène et a choisi de faire la lecture avec Jean-François Gascon et Emmanuelle Nadeau. «Et on ajoute à cela musique au piano de Louise Marquis pour faire les liens entre les passages», souligne-t-elle.
Hélène a été impressionnée par l’écriture de Claude Raymond, son côté philosophique et poète. «C’est touchant et ça fait réfléchir sur la mort ; la nôtre et celle de nos proches» relate-t-elle.
C’est dans le cadre d’un projet de médiation culturelle, rendu possible grâce à l’entente de développement culturel entre la Ville de Victoriaville et le ministère de la Culture que l’activité sera présentée le mercredi 2 novembre à 19 h au centre de création du Parminou. Les places sont limités et il faut réserver au 819 758-0577 poste 221.
Une seule lecture est prévue même si Hélène croit que le sujet a de l’avenir. «Il pourrait intéresser beaucoup de monde», croit-elle. D’ailleurs, au Parminou, on a déjà abordé les rituels et le deuil, mais en ce qui concerne la mort en tant que telle, c’est la première fois. Le texte pourrait être offert aux associations de proches aidants de même qu’aux maisons de fin de vie.
Quant à Claude Raymond, il se dit chanceux que son livre soit source d’inspiration pour le Parminou. «Je le prends comme un cadeau et j’ai hâte de voir ce que le livre a inspiré», a-t-il mentionné.
Il trouve très intéressant le projet et estime qu’il est extraordinaire de donner une autre résonnance à ses mots. «L’oral donne de la vie à un texte», croit-il.
Pour son livre, «Autrement que comme une grande frayeur (Propos épars sur la mort)», il a eu plein de bons commentaires à la suite de sa publication il y a quelques mois. «Certains m’ont fait brailler», avoue-t-il.
La vente des 250 exemplaires s’est faite rapidement ce qui a nécessité une réimpression.
La radicalisation aussi
En plus de ce projet de médiation culturelle, Hélène Desperrier travaille à l’écriture d’une pièce sur la prévention de la radicalisation pour laquelle le Parminou a obtenu une subvention du ministère de l’Immigration, Diversité et Inclusion Québec.
Un sujet délicat, probablement le plus délicat que le centre de création a eu à traiter parce qu’il touche le niveau politique. «Ici au Québec la radicalisation n’est pas aussi forte qu’en Europe, mais le gouvernement veut agir en prévention», note-t-elle.
C’est pourquoi elle est à écrire une pièce qui s’adresse aux jeunes de secondaire 3, 4 et 5. Son objectif est que les jeunes en sortant de la présentation se questionnent et développent leur sens critique. «Pour prévenir la radicalisation qui mène à la violence», précise-t-elle.
Pour cette pièce, l’auteure a eu à rencontrer beaucoup de groupes différents et a voulu donner des exemples de radicalisation, mais qui ne sont pas de nature religieuse. «Parce que c’est un spectacle pour la paix», insiste-t-elle en ajoutant qu’il lui faut éviter la polarisation.
La pièce sera jouée à partir de janvier, principalement dans le coin de Montréal pour commencer.