La FIQ déplore qu’il ait fallu cette crise sanitaire pour que le gouvernement admette enfin la réalité

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ fait savoir depuis des années au gouvernement et à la population que le nombre de professionnelles en soins présentes dans le réseau de la santé est insuffisant.

Elle est préoccupée par les propos du premier ministre Legault depuis quelques jours alors qu’elle a déposé son projet de négociation nationale le 29 octobre dernier dans lequel elle fait état des conditions gagnantes à mettre en place pour régler les problèmes d’attraction et de rétention de personnel, stabiliser les équipes de travail et assurer la sécurité des soins, notamment dans les CHSLD.

La mise en place de réelles mesures qui, de prime à bord, demandent un réinvestissement, mais qui à long terme permettraient des économies au Conseil du trésor, est au cœur du projet de négociation de la FIQ déposé au gouvernement. Le réseau de la santé et des services sociaux doit être un environnement sain et sécuritaire autant pour les patients que pour les professionnelles en soins.

«Ce qui se passe actuellement dans les CHSLD est connu depuis longtemps. Lorsqu’une infirmière doit couvrir plusieurs CHSLD, s’occuper de plus de 50 patients ou doit déjà choisir dans les soins qu’elle sera en mesure de donner, comment pouvions-nous croire que de tels établissements pouvaient faire face à une pandémie?», déplore Nancy Bédard, présidente de la FIQ.

Ratios sécuritaires : à quand un engagement concret?

La FIQ rappelle que cinq projets ratios en CHSLD publics et privés conventionnés ont été réalisés paritairement dans les établissements. «Ces projets ratios professionnelles en soins/patients ont démontré que les ratios permettent de donner des soins sécuritaires et d’attirer et de retenir les professionnelles dans le réseau de la santé», explique Mme Bédard.

Ces projets ratios ont fait consensus au niveau local, tant au niveau des syndicats affiliés à la Fédération que des établissements. Pourtant, le gouvernement nie l’évidence. Plutôt que de mettre en place les ratios permettant d’assurer la sécurité des soins et ayant prouvé leur efficacité au Québec, les députés de la CAQ ont unanimement voté contre leur mise en œuvre à l’Assemblée nationale en février dernier. Pour la FIQ, le gouvernement aurait dû agir avant cette crise et véritablement soutenir celles et ceux qui ont construit le Québec sans avoir besoin que le projecteur soit braqué sur les CHSLD.

Maisons pour aînés : une coquille vide sans le personnel

Les maisons pour aînés n’assurent aucunement une sécurité des soins sans le personnel requis. Il ne s’agit pas d’une panacée et cela n’adresse pas le fond du problème. «Avoir de beaux locaux, c’est bien, mais avoir des soins, c’est ce qui est vraiment requis par les personnes âgées, ce qui demande du personnel», indique la présidente. Malgré les demandes répétées de la FIQ, notamment dans le cadre de la négociation en vue du renouvellement de la convention collective, le gouvernement préfère maintenir le statu quo. Il ne planifie pas la main-d’œuvre et ne met aucune mesure en place pour augmenter le personnel disponible.

Les situations qui émergent actuellement ne sont que la pointe de l’iceberg. Dans les dernières années, la FIQ a notamment dû réaliser des démarches juridiques pour faire reconnaître le manque de personnel et l’incapacité à donner des soins humains dans certains CHSLD, dont le Centre d’hébergement Denis-Benjamin-Viger du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île de Montréal. Le CIUSSS a même contesté la décision arbitrale qui était en faveur de la FIQ. Où était le gouvernement?

Le gouvernement a choisi de ne pas agir au moment opportun. Aujourd’hui, les patients et les professionnelles en soins des CHSLD en paient le prix dans le contexte de la COVID-19. Il n’est pas trop tard pour prévenir de nouvelles tragédies en priorisant des équipes de soins stables et suffisantes en CHSLD. La population est en droit que le gouvernement s’engage clairement en faveur des ratios sécuritaires en CHSLD.

À propos de la FIQ

La FIQ est une organisation syndicale qui compte près de 76 000 membres infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec. La FIQ est une organisation féministe, composée à près de 90% de femmes, vouée à la défense de ses membres, mais également à celle des patients et du réseau public de santé.