Parents demandés, avec ou sans expérience
Les parents d’aujourd’hui sont écartelés entre une multitude de modèles d’éducation, chacune recommandée par d’éminents spécialistes comme étant la meilleure. Aux extrêmes : la Suède encensée pour ses méthodes avant-gardistes et de l’autre Super Nanny qui vient au secours de parents épuisés, dépassés et consternés par les comportements de leurs enfants.
Toute médaille a un revers et la Suède en prend pour son rhume avec ses détracteurs de plus en plus nombreux. Un article de Nadia Daam cite Judith Woods du Telegraph; la Suède pourrait être en train de former une génération de petits cons prétentieux, instables et aux tendances dépressives.
Élevée selon les principes de l’austère éducation britannique, cette dernière cite en exemple cette réplique de sa fille de cinq ans : Quoi!? Tu me forces à éteindre la télé pour aller à l’école? Tu es un monstre, je ne t’aime plus, tu n’es plus ma copine. Ce à quoi elle a répondu : Je n’ai jamais été ton amie. Les amis ne lavent pas tes chaussettes, ils ne t’achètent pas un manteau chaud pour l’hiver, pas plus qu’ils ne te forcent à te brosser les dents. Maintenant, tu t’habilles et tu vas à l’école. Céder aux caprices n’est pas de l’amour, mais acheter la paix. On peut négocier avec un adulte, pas avec un enfant. De la même manière que laisser des préados fixer l’heure de leur coucher est totalement irresponsable.
David Eberhard, psychiatre suédois père de six enfants et auteur, prédit, dès 2013, un avenir très sombre aux petits rois. Ils ont tendance à tout décider dans les familles : quand se coucher, quoi manger, où partir en vacances, même le programme télé (…). Ils crient s’il y a des adultes qui parlent à table, ils vous interrompent sans arrêt. Il considère qu’ils feront des adultes dépressifs, insupportables et incapables d’accepter le refus, la frustration et les limites. Ils tombent de haut à l’âge adulte. Leurs attentes sont trop élevées et ils découvrent que la vie est dure. Cela se manifeste par des troubles de l’anxiété et des tendances à comportements autodestructeurs qui ont augmenté de manière spectaculaire en Suède.
En Suède, la loi anti-châtiments corporels est venue avec l’interdiction tacite de gronder, punir, ou contredire l’enfant. L’autorité a laissé toute la place à l’écoute active. Tu arrêtes ton comportement inacceptable à trois : un… deux… deux et demi… deux trois quarts… presque trois… Rien ne se passe… Au moindre soupçon de collaboration, ou d’épuisement, l’enfant est chaleureusement remercié et félicité comme s’il avait accompli un coup d’éclat!
Le Dr Leonard Sax, médecin, psychologue et auteur renommé d’ouvrages sur le développement de l’enfant, affirme que, loin de respecter l’autonomie de l’enfant, c’est le manque de confiance des parents qui est la cause du déclin de leur autorité. Plusieurs enfants souffrent d’anxiété, du manque d’estime de soi et ont peu de respect pour les autres. Il ne faut pas oublier que le petit tyran insupportable, qu’on tolère quand on ne peut faire autrement, construit lui aussi son estime de soi.
De plus, l’embonpoint des enfants qui mangent n’importe quoi, n’importe quand, devient épidémique. Pas de dessert avant d’avoir mangé ton brocoli est devenu Trois bouchées de brocoli et ensuite le dessert, qu’en dis-tu? La commande s’est transformée en question, avec une promesse de récompense par peur d’affronter une résistance. D’offrir la malbouffe comme récompense envoie le message que la bonne alimentation est pour les perdants. La mauvaise alimentation, la sédentarité et le manque de sommeil ont des conséquences désastreuses sur la santé des enfants, dont l’augmentation du nombre de diagnostics de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), de la prise de médicaments d’ordonnance et même des problèmes cardiaques précoces.
Les guider en leur laissant le temps de réfléchir et de trouver leurs solutions est la meilleure façon de développer leur confiance, leur capacité de penser, de socialiser et de raisonner. Les jeunes enfants ne sont pas des êtres rationnels, affirment les auteurs de Hold On to Your Kids : Why Parents Need to Matter More Than Peers, coécrit par Gordon Neufeld et le Dr Gabor Maté. Une part de leur développement consiste à tester les limites; les enfants ne peuvent pas compter les uns sur les autres pour se responsabiliser et ne devraient pas avoir à le faire.
À partir d’études longitudinales, le Dr Sax démontre que les enfants qu’on laisse distinguer seuls le bien du mal sont plus sujets à l’anxiété ou à la dépression. Ils ont plus de mal à trouver un emploi bien rémunéré, sont en moins bonne santé et plus susceptibles d’être alcooliques ou toxicomanes à la fin de la vingtaine. Nous savons maintenant que les enfants de parents autoritaires ont de meilleures perspectives d’avenir, et l’effet est plus important que l’origine, les revenus familiaux ou le quotient intellectuel.
Il semble impératif que l’autorité parentale reprenne sa place. Ce qui ne signifie pas que le retour aux fessées, à la peur et aux menaces est souhaitable. L’obéissance stricte d’autrefois est dépassée et même dangereuse, particulièrement dans les cas d’intimidation ou d’abus. Cependant, que l’enfant ait plus de pouvoir que ses parents et n’assume pas les conséquences de ses actes est également nocif. C’est aux parents d’agir en adultes afin d’être une référence rassurante, une personne de confiance qui met ses limites calmement, et surtout qui les fera respecter avec constance et fermeté.
Même si on lit tous les livres sur l’éducation et consulte tous les forums, on apprend par essais erreurs et on ne sera jamais parfaits! Notre façon de réagir à nos imperfections et manque de patience est aussi formatrice que nos bons coups. Donner l’exemple, être modeste, consciencieux et accepter que tout ne nous soit pas un dû, développe l’estime de soi. Le parent qui gâte son enfant à outrance répond à ses propres besoins affectifs, et non à ceux de son enfant. Le gros bon sens a toujours sa place, au-delà des théories souvent contradictoires. Pour bien se développer, l’enfant doit se sentir en confiance, respecté, guidé et surtout aimé.
Votre groupe ESPACE est là non seulement pour outiller les enfants, mais également les parents et l’ensemble de la communauté. Si vous vous posez des questions face à une situation ou vous ne savez comment réagir, n’hésitez pas à nous consulter, c’est gratuit et confidentiel : ESPACE Bois-Francs, 819 752-9711