Voitures électriques : l’expert automobile maintenant converti
VICTORIAVILLE. Ex-coureur automobile, chroniqueur et journaliste, Jacques Duval recherchait, il n’y a pas si longtemps encore, des véhicules puissants sans considération pour l’environnement. «Si j’étais venu vous parler il y a à peine cinq ans, j’aurais été hué copieusement», a-t-il dit, d’entrée de jeu, aux participants du colloque Vertech au Centre des congrès de Victoriaville.
«Je représentais alors tout ce que l’automobile peut engendrer comme problèmes à tous points de vue, spécialement du côté de l’environnement. Duval, l’individu, incarnait tout ce qui se trouve en complète contradiction avec l’environnement et sa conservation», a poursuivi Jacques Duval, invité à animer le dîner-causerie sur les enjeux des véhicules de demain.
L’homme, qui compte 55 ans d’expérience dans le domaine de l’automobile, se trouvait, à l’époque, dans le camp des incrédules, ne croyant pas aux dommages sévères infligés à l’environnement par l’automobile et ses dérivés.
Sa conversion ou sa métamorphose vers les voitures vertes ou à faible consommation d’essence s’est produite au fil de ses chroniques à la radio sur les ondes de Radio-Canada. «Au cours de ses trois ans, il y en a eu des engueulades et rebondissements spectaculaires, a relaté Jacques Duval. Puis, petit à petit, on m’a fait comprendre qu’il y avait moyen de préserver l’agrément de conduire tout en contribuant à une meilleure santé pour la planète.»
Oui, Jacques Duval a remplacé ses véhicules énergivores et polluants. «Je vous rassure. Je ne suis pas venu ici en Hummer, mais en Chevrolet Volt», a-t-il précisé en prenant la parole avant de présenter les invités formant le panel.
Ainsi, Paul-Yvan Deschesnes du Centre de gestion de l’équipement roulant (CGER) du gouvernement du Québec, Pierre Gauthier d’Air liquide advanced technologies, André St-Pierre d’INNO-VÉ et Chantale Guimont de Mobilité électrique Canada ont pu s’exprimer sur les voitures de demain à travers les questions lancées par l’animateur Duval.
Le chroniqueur automobile, notamment, s’est interrogé à savoir si la difficulté de proposer une batterie plus performante ne constituait pas le plus grand échec dans ce domaine.
Paul-Yvan Deschenes estime qu’il s’agit, non pas d’un échec, mais d’une grande avancée. «On a vu l’évolution et la capacité d’autonomie des véhicules électriques prendre un essor considérable. Mais l’utilisation plus répandue des voitures électriques constitue un grand défi», a-t-il soutenu.
André St-Pierre y voit aussi une avancée technologique importante au niveau dans les technologies des batteries, des performances, entre autres. «Ce qui est intéressant aussi, a-t-il noté, c’est que d’autres industries, et non seulement l’automobile, s’intéressent au développement des batteries, comme les industries de l’information, de l’énergie, du stockage. Ce qu’on peut comprendre, c’est que les avancées technologiques iront plus vite dans les prochaines années. Mais on dispose malgré tout d’une autonomie intéressante. Je pense que nous avons connu une évolution relativement intéressante.»
Même son de cloche chez Chantale Guimont qui affirme aussi que l’avancée technologique viendra. «Mais on doit se rappeler que nos déplacements quotidiens sont, en moyenne, de 40 km, ce qui fait qu’il existe toujours un véhicule électrique pouvant correspondre à nos besoins. Nous devons choisir la technologie avec l’autonomie disponible selon nos besoins. Et cela évoluera dans le bon sens», a-t-elle souligné.
Dans la même veine, Pierre Gauthier observe que tout le monde a constaté les limites de la chimie de la batterie. «Mais ces limites d’améliorent et sont repoussées chaque année. Et cela, a-t-il précisé, a forcé d’autres entreprises à compléter l’offre de la batterie avec d’autres technologies.»
L’électrification des transports
La voie de l’électrification des transports privilégiée par le gouvernement québécois constitue une avenue intéressante, selon les panélistes.
«On a une ressource renouvelable en quantité importante disponible partout au Québec. On est privilégié au Québec de posséder cette ressource. L’infrastructure de recharge est partout. Et nous sommes aptes à prévoir les coûts de cette infrastructure», a fait valoir Mme Guimont.
«Partout dans le monde, il y a une percée, une tendance à électrifier les transports, a renchéri André St-Pierre. Avec un contexte d’hydroélectricité très favorable et un réseau très intéressant, la direction prise par le gouvernement est excellente.»
Une direction que salue également Paul-Yvan Deschesnes. «Il faut voir l’électrification des transports comme une décision politique prise sur la base des forces du Québec. Comment ne pas saluer une telle décision?», a-t-il observé, précisant du même coup que l’électrification ne concerne pas seulement les véhicules, mais aussi les transports en commun, par exemple, tout comme d’autres types de transport, comme le transport maritime.