Visite d’Afrique chez des producteurs d’ici
Six entreprises agricoles des MRC de L’Érable et d’Arthabaska et deux autres de Saint-Léonard-d’Aston accueillent jusqu’au 2 décembre (lundi) huit productrices et producteurs agricoles africains à l’occasion d’un stage nommé Viens marcher sur ma terre, organisé par l’UPA Développement international (UPA DI).
« On invite les gens à venir voir, à découvrir notre agriculture, notre façon de produire, notre façon de s’organiser au niveau des organisations agricoles parce que les participants sont tous des producteurs et productrices, mais aussi des élus de leurs propres organisations. Les moments d’échange leur permettent de voir comment nous nous organisons en tant qu’organisation agricole », explique Jennifer Crawford, coordonnatrice du Réseau Agro-Innov de l’UPA DI.
Depuis plusieurs années, des échanges internationaux se font. Les participants proviennent d’organisations partenaires de l’UPA DI. « On a des projets structurants avec ces organisations. On envoie autant des volontaires québécois que de l’argent pour les aider à développer leur système agroalimentaire. On invite chez nous des gens qui participent à ces projets. On cherche une diversité des femmes, des élus, des jeunes, des gens qui ont plus d’expérience », souligne Mme Crawford.
C’est la deuxième fois qu’une telle visite s’organise au Centre-du-Québec après une première expérience vécue en 2018.
Outre une entreprise de la MRC d’Arthabaska, la Ferme Valayre de Saint-Valère, toutes les autres proviennent de la MRC de L’Érable : Exploitation RJM de Plessisville, un des participants de 2018, la Cloche des Alpes à Sainte-Sophie-d’Halifax, la Ferme Josef Durrer de Notre-Dame-de-Lourdes, la Ferme d’Evélyne de Princeville et la Ferme René Tanguay et Katy Carrier d’Inverness.
Arrivées au pays depuis un peu plus d’une semaine, les huit personnes venues de la Guinée, du Bénin, du Sénégal et de la Tunisie ont eu droit de la formation où on leur a notamment parlé des différences culturelles. « On leur recommande de tout mettre sur la table avec les gens qu’ils vont rencontrer, d’avoir des échanges sur tout, non seulement sur l’agriculture, mais aussi sur la vie et sur l’expérience humaine », mentionne Jennifer Crawford.
Dès demain (mercredi), les huit producteurs et productrices africains se retrouveront chez leurs hôtes où ils séjourneront près d’une semaine. « Un moment pour connaître le quotidien des producteurs et leur ferme, leur production, mais aussi de découvrir ce qu’est vivre en milieu rural au Québec », indique la coordonnatrice.
Le stage a pour thème Terres d’engagement : ensemble pour l’agriculture familiale. Ce sera donc l’occasion pour les participants de partager leurs expériences et d’échanger sur des questions d’agriculture, de transformation agroalimentaire et de participation citoyenne.
Pour terminer son séjour, le groupe assistera, à Québec, au Congrès général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) célébrant le 100e anniversaire de l’organisation.
Un arrêt à l’INAB
Le groupe s’est arrêté, mardi, à l’Institut national d’agriculture biologique de Victoriaville.
Le www.lanouvelle.net en a profité pour rencontrer deux des participants, une femme et un homme, qui en sont tous deux à leur première visite en sol québécois.
Mère de quatre enfants, Djenaba Bangoura fait partie, en Guinée, d’une coopérative composée d’un peu plus de 4250 membres, dont près de 3500 femmes.
Elle dit constater que le Québec est organisé et avancé dans tous les domaines.
« En retournant chez nous, on ne pourra pas être comme au Québec. Mais nous allons essayer de mieux nous organiser, de nous perfectionner davantage », mentionne-t-elle, tout en parlant de l’importance de trouver des fonds pour acquérir de l’équipement pour la transformation. « Cela aidera à augmenter la production et à faire reculer la pauvreté », observe-t-elle.
Pour sa part, Guinéen lui aussi, Alseny Bah fait partie d’une fédération de paysans de plus de 35 000 membres actifs dans la production de pommes de terre, d’oignons, de maïs et de riz.
Il a souvent entendu parler du Québec et de son agriculture familiale. « Je voulais venir pour vérifier, pour voir comment ça fonctionnait avec les producteurs du Québec. Et ma découverte a été vraiment nourrissante parce que nous avons vu de l’engagement des producteurs et la passion qu’ils mettent partout où ils passent », exprime-t-il.
Rencontré au milieu de son séjour, l’homme a qualifié son expérience de plus que satisfaisante. « Chaque jour, dit-il, j’apprends la façon de faire, l’engagement, la passion que tout le monde démontre envers le travail qu’il fait et surtout le temps parce que tout le monde est pressé. Chez moi, on n’a pas trop la notion du temps. On n’y donne pas trop de la valeur. Ça m’a beaucoup marqué. »
Ce ne sont pas les techniques d’ici qu’il ramènera dans ses bagages, mais bien une certaine valeur, la solidarité. « Ce qui m’a surtout marqué, c’est qu’on met l’humain devant. II y a la machine, il y a le travail, mais c’est l’humain qui est au centre de tout. Je vais me rappeler qu’il doit en être ainsi avec l’humain. Ça nous manque dans mon pays. La solidarité québécoise m’a beaucoup interpellé. C’est ce sur quoi il nous faudra mettre l’accent. Pour qu’on ait une force commune, il faudra qu’on s’unisse », conclut-il.