Vins québécois dans les dépanneurs : du travail à faire
Tout ne sera pas réglé avec la nouvelle loi autorisant la vente des vins québécois dans les dépanneurs et épiceries du Québec, car les vignerons auront à leur charge de négocier le prix, de discuter de l’espace sur les tablettes et de prévoir l’approvisionnement.
Les propriétaires de trois vignobles du Centre-du-Québec s’entendent pour dire qu’il reste encore une bonne part d’inconnu alors que le projet de loi 88, qui devrait se concrétiser au cours du mois de décembre, permettra la vente de vins québécois avec des étiquettes portant les noms des cépages et des millésimes dans les épiceries et les dépanneurs du Québec.
Brian Illick, copropriétaire du vignoble Les Vallons de Wadleigh, à Ulverton, est d’avis que les vins du terroir seront les grands gagnants de cette nouveauté.
«J’aurais le goût de dire enfin! Après l’avoir permis à d’autres, à des gros distributeurs, c’était le temps qu’on obtienne cette autorisation. Pour notre part, nous ne serons pas en mesure de fournir les épiciers et les dépanneurs dès le mois de décembre pour la simple et bonne raison que toute notre production est écoulée», a-t-il fait savoir tout en précisant avoir gardé des bouteilles en réserve en prévision des groupes qui ont réservé pour leurs partys des Fêtes.
Il prévoit que son équipe, après avoir entrepris l’embouteillage au mois d’avril, sera prête en 2017. «Il faut savoir que nous allons le printemps prochain mettre en bouteille notre vin rouge de 2015. Quant au blanc et au rosé, nous embouteillerons l’an prochain ceux de 2016», de souligner le vigneron drummondvillois.
Selon lui, il faudra des ententes à intervenir avec les épiceries et avec la SAQ. «Nos produits pourront être disponibles dans les épiceries et/ou à la SAQ. Il faudra tenir compte de l’approvisionnement aussi. En ce qui concerne nos vins des Vallons de Wadleigh, je ne suis pas inquiet pour la qualité, surtout que les vendanges de 2016 nous ont permis une des meilleures récoltes. J’ai hâte de voir comment les gens d’ici vont accueillir nos vins. Je pense que les vins du terroir seront populaires, comme les fromages de la région. De toute façon, nos vins ne se retrouveront pas ailleurs que dans les régions avoisinantes comme Sherbrooke, Richmond, Granby et Drummondville. Chose certaine, les vignerons québécois seront favorisés s’ils savent bien jouer leurs cartes», de faire valoir l’homme d’affaires qui est également copropriétaire du Café Morgane.
Au vignoble Les Trois Fûts, à Drummondville, Richard Messier se réjouit de voir s’ouvrir un plus grand marché, bien qu’il ne connaisse pas encore tous les détails. «C’est une bonne nouvelle, mais il faudra voir comment tout ça va s’articuler. Je n’ai pas d’idée sur ce que ça peut représenter en termes de volume. Ici, nous avons une bonne dizaine de caisses que nous pourrons écouler. Je sais que nos associations sont en contact avec le gouvernement. J’ignore s’il faudra se battre pour les espaces sur les tablettes. J’imagine qu’on va s’ajuster à mesure que ça va se mettre en place», s’est dit d’avis M. Messier qui fait valoir qu’il pourra offrir du vin bio.
Au vignoble Les Côtes du Gavet, à Tingwick, collé sur Warwick, Carole Laverdière s’interroge quant à elle sur la marge de profit que vont vouloir se donner les épiciers et les dépanneurs. «Je le saurai la semaine prochaine, car nous allons justement rencontrer un épicier. On a 30 caisses de bouteilles de vin rouge et autant pour le vin blanc. Nous comptons en offrir à Victoriaville, à Laval et à Longueuil. Il arrive souvent que les touristes qui viennent ici nous demandent où ils peuvent trouver notre vin dans la région de Montréal. Nous aurons donc des adresses à leur donner», a indiqué Mme Laverdière.
Réjean Lauzière, de l’épicerie Lauzière, à Drummondville, n’entrevoit pas de problème côté espace. «On va en faire de l’espace et le prix va se négocier sur la base de ce qui se fait avec la SAQ. Mais je dirais que le vrai succès viendra d’un vigneron qui pourra offrir du vin sans alcool. Il y a une demande de plus en plus forte, surtout de la part des jeunes pour qui c’est tolérance zéro au volant», a-t-il mentionné.
Le Centre-du-Québec compte d’autres vignobles, précisément à Bécancour, Saint-Grégoire et Saint-Wenceslas.