Victoriaville teste l’asphalte contenant du verre recyclé
Victoriaville innove pour le pavage de certaines rues en utilisant un procédé unique composé d’asphalte contenant 10% de verre recyclé.
Découlant de plusieurs années de recherche et d’innovation, le procédé a été développé par l’entreprise Bituméco lancée en septembre 2018 à la suite d’un partenariat entre Excavations Marchand, Gaudreau Environnement et Gesterra.
Victoriaville a pavé avec ce nouvel asphalte la rue Cantin dans le parc industriel Fidèle-Édouard-Alain, de même que les rues Cartier et Blier.
Cela représente l’utilisation de 160 tonnes de verre concassé.
La Ville ne pouvait refuser d’emprunter pareille avenue. « Nous sommes fiers de participer à cette initiative à la fois innovante et en parfaite adéquation avec nos valeurs de développement durable et d’économie circulaire, avec nos visées en lien avec la réduction des gaz à effet de serre et la protection de l’environnement », a commenté le maire Antoine Tardif.
La revalorisation du verre représente, à ses yeux, un exemple concret de ce qui peut se faire. « Il n’y a rien de plus concret. Ce sont les bouteilles de vin, le verre qu’on utilise dans notre quotidien qu’on réutilise dans l’asphalte pour développer nos rues. On a bon espoir que ça va fonctionner et que ça pourra permettre de créer de multiples rues plus vertes partout au Québec », a-t-il souligné.
La Ville fait l’essai du produit cette année. Des tests seront effectués avec l’entreprise et avec les services municipaux au cours des prochaines années pour vérifier la durabilité et la qualité du pavage. « Si tout est concluant, on déploiera le tout à plus grande échelle », a fait savoir le maire Tardif.
Victoriaville a levé la main pour participer à l’initiative qui intéresse aussi d’autres municipalités. « On gardait ça d’abord pour Victo parce que c’est le berceau du développement durable, mais on a cinq ou six municipalités qui nous en ont fait la demande, mais ça ira lors de prochaines étapes », a confié Claude Charland, porte-parole de Bituméco.
L’entreprise, a-t-il dit, est prête depuis un bon moment à proposer son asphalte contenant du verre. « Mais il fallait une volonté politique », fait remarquer M. Charland.
Et puis il y a aussi le coût un peu plus élevé, observe-t-il, parce que le verre doit notamment être traité et broyé. « Il y a peut-être un coût un peu plus élevé à utiliser du verre, mais on constate, au niveau des changements climatiques, le coût à ne pas utiliser une matière résiduelle », a fait valoir Claude Charland.
Les études menées en laboratoires montrent que l’asphalte contenant du verre est aussi solide qu’un pavage ordinaire. « Par contre, il faut le prouver, et pour ce faire, il faut des villes prêtes à l’utiliser, comme Victoriaville. On va faire des tests et prouver que ça marche », a lancé le porte-parole de Bituméco.
L’implantation de l’usine sur les terrains du site d’enfouissement de Gesterra à Saint-Rosaire ne relève pas du hasard. « La seule raison pour laquelle on trouve une usine d’asphalte sur un tel site d’enfouissement, c’est pour utiliser les matières résiduelles, dont le verre, le plastique, le goudron, les pneus », a mentionné Claude Charland.
Lors d’une visite organisée, jeudi avant-midi, le contremaître Thomas Verville a expliqué le fonctionnement de l’usine, les différentes étapes. Quatre travailleurs y sont à l’emploi.
Saluer l’audace
Par son audace, un tel projet brise les barrières. Voilà pourquoi, il exige une volonté politique, a salué Frédérik Boisvert, directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région et directeur général intérimaire de la Cité de l’innovation circulaire et durable. « Victoriaville fait preuve encore une fois d’un leadership remarquable. Le maire et le DG ont été assez ouverts pour tester le produit. Victoriaville démontre toujours un peu l’aspect précurseur des choses, on est toujours à l’avant-garde. C’est une autre initiative de plus pour Victoriaville et sa région », a-t-il signalé.
Voilà le genre de projet que veut porter la Cité de l’innovation circulaire. « C’est de démontrer que la valorisation des déchets des sites d’enfouissement constitue littéralement une richesse. On a l’ambition pour Victoriaville et sa région de devenir le premier territoire circulaire au Canada », a-t-il soutenu.
Cette nouvelle technologie, la région, a-t-il dit, veut la développer et la déployer au Québec. « Ce que nous avons comme prétention, c’est de rendre les infrastructures municipales vertes et on commence avec l’élément qu’on voit le plus partout dans nos villes, l’asphalte. On veut donc verdir, valoriser le verre dans l’asphalte partout au Québec », a-t-il conclu.