Victime d’intimidation, un adolescent brise le silence

VICTORIAVILLE. «N’ayez pas peur d’en parler. Ça fait du bien. On doit le faire si on veut que ça arrête ou, du moins, que ça cesse un peu.» Voilà le message lancé par un adolescent de Victoriaville, victime d’intimidation depuis 2010.

Lui-même a plutôt tendance à se montrer discret. Mais la parution du cas d’une adolescente sur le www.lanouvelle.net a incité l’adolescent à partager son vécu.

Le garçon, âgé de 16 ans, dénonce aussi son expulsion définitive du centre de formation professionnelle Le trécarré où il suivait une formation en plâtrage, après quoi il envisageait d’entreprendre, à Québec, une formation pour devenir peintre en bâtiment.

Son expulsion vient chambouler ses plans. Une expulsion liée aux actes d’intimidation qu’il subit, dit-il, depuis le début de l’année au Trécarré. L’adolescent est victime de sarcasme et d’insultes. «Dès le début, raconte-t-il, on a commencé à me traiter de toutes sortes de noms. À plusieurs reprises, j’ai dénoncé ces actes d’intimidation. On m’a toujours dit qu’on s’en mêlerait puisque l’une des règles de base consiste à ne tolérer aucune intimidation sous peine d’expulsion définitive.»

La mère du jeune homme précise que, depuis le début de l’année, son fils éprouvait des difficultés avec le même individu et un groupe d’élèves.

L’élève intimidateur aurait été averti maintes fois.

Mais le lundi 12 janvier, la situation dégénérait, de sorte que l’adolescent débarque dans le bureau de la direction. «Ça allait trop loin, note-t-il. Je leur ai dit que j’allais me fâcher si ça continuait. On m’a dit que ça devait cesser et que l’élève aurait de sérieuses conséquences.»

Quelques jours ont passé. Puis, le 15 janvier, la marmite a sauté. «Si, au début, on me traitait d’un drôle de nom, les élèves ont commencé ensuite à faire des dessins me représentant. Je la trouvais beaucoup moins drôle. À plusieurs reprises, je me levais pour effacer les conneries du tableau.»

Et puis, un incident s’est produit. Alors que le jeune Victoriavillois se lève, une fois de plus, pour s’emparer de l’efface, quelqu’un l’a pris.

En colère, l’adolescent a soulevé l’autre de sa chaise et commencé à commettre certains gestes de violence, ce qui a amené l’enseignant à intervenir rapidement pour empêcher les deux élèves d’aller plus loin.

Les deux belligérants, devant les dirigeants, ont été invités à s’expliquer.

«Pour diverses autres raisons, l’autre a été expulsé de façon définitive. Pour ma part, on m’a fait savoir que je disposais encore d’une chance pour bien agir. Mais à l’heure du midi, ma mère m’apprend par message texte que j’étais suspendu», précisé l’adolescent.

L’établissement impose, au départ, une suspension de deux jours. En principe, il retourne en classe le lundi suivant. Mais une mauvaise nouvelle l’attendait lorsqu’il se pointe à l’école. «En m’assoyant dans le bureau de la direction, on m’apprend que ma formation est terminée. J’ai bien tenté de faire valoir mon point, mais en vain», raconte le jeune garçon.

Certes, il cumulait certains manquements à son dossier, comme un retard en classe ou la possession d’un téléphone cellulaire. Le dernier incident constitue la goutte qui a fait déborder le vase.

La mère admet que son garçon a commis des gestes inacceptables, mais déplore toutefois l’inaction des dirigeants. «Le lundi, il a cogné à la porte de la direction. On lui a fait savoir qu’on allait s’occuper de l’affaire. Mais rien n’a été fait. On fait semblant d’écouter», souligne la maman qui, dans le passé, a vécu beaucoup d’inquiétude. «Mon fils a eu des idées noires. J’ai eu à gérer ça.»

Elle a bien tenté des démarches pour envoyer son fils dans d’autres établissements scolaires, sans succès toutefois.

À la maison depuis la mi-janvier, l’adolescent retournera en classe, lundi, à l’École secondaire Le boisé.

Dans le passé, il a été intimidé. «Il s’est fait vider son casier, ses effets scolaires ont été mis à la poubelle, il a reçu des coups de pied», relate la mère de l’ado qui compte bien faire preuve d’une plus grande vigilance.

«J’ai toujours été présente. Et à la maison, il observe bien les règles. On verra maintenant comment cela se passera. J’aurai la situation à l’œil. Au pire, je le retirerai de l’école complètement», fait-elle savoir.

Le jeune homme, lui, se dit relativement confiant que ça se passe bien. «Le temps nous le dira, mais j’ai l’impression que le message a été passé», conclut-il.

Il a comme objectif de terminer son troisième secondaire pour ensuite s’orienter vers la formation aux adultes. Les métiers de la construction l’attirent et il souhaite éventuellement intégrer les Forces armées canadiennes.

Des réactions à venir de la direction de l’établissement où un appel a été logé vendredi après-midi.