Une «offensive régionale» devrait être menée pour faciliter le transfert d’entreprises
VICTORIAVILLE. Par sa conférence, Jean Lambert dit avoir voulu «secouer» la communauté d’affaires. «Selon moi, la communauté d’affaires a tendance à lever le pied dès qu’elle atteint une zone de confort et j’ai l’impression qu’on est dans une belle zone de confort!»
Devant près de 400 convives réunis pour la soirée Tapis rouge de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable, le comptable à la retraite et chef de la cellule de mentorat de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région a livré une conférence pleine d’enseignements sur la façon de faire des affaires.
Sa conférence s’intitulait d’ailleurs «Mêlez-vous de vos affaires!».
En réponse à une question, il a donné un peu plus d’explications sur le diagnostic qu’il pose sur l’état de la communauté d’affaires.
«C’est un feeling, comme une impression qu’il y a actuellement moins de projets dans la communauté.» Paradoxalement, il a ajouté que les entrepreneurs étaient plus «tranquilles» peut-être parce que «trop stressés».
Il se soucie de la façon dont les entrepreneurs transféreront leur entreprise, évoquant le cas de Fromage Côté passée aux mains de Saputo… qui l’a finalement fait disparaître de Warwick quelques années plus tard.
Il ne faudrait pas, a-t-il poursuivi, que de telles histoires se répètent et qu’en 2020, moment où il y aura trois plus de vendeurs que d’acheteurs, on assiste au départ de beaucoup d’emplois. «Ça devrait être une préoccupation régionale», a-t-il déclaré, nécessitant une «offensive régionale», un «guichet unique». Si cette offensive s’organise, il est prêt à y contribuer.
Un transfert d’entreprise est parfois «douloureux» pour des gens qui y ont mis leur vie, leur passion, a-t-il expliqué. Le chef mentor soutient que le transfert d’entreprise, c’est à 80% une affaire de relations humaines et de communications. «Ça prend un chef d’orchestre!»
Déjà, il a accepté de prononcer une autre conférence pour la Chambre le 7 octobre. Il parlera plus précisément du transfert d’entreprise.
Des «péchés»
Pendant une heure et quart, la Personnalité du monde des affaires 2012 a puisé de son long parcours avec des PME et des TTE (les tites, tites entreprises) pour livrer ses «recommandations», chacune, a-t-il signalé, pouvant donner lieu à une conférence.
Si ses recommandations sont sérieuses, M. Lambert ne manque pas d’humour, tant pour parler de lui… que de ses amis qu’il varlope affectueusement. Il a dit vouloir occuper sa retraite autrement qu’en faisant de la chimie, c’est-à-dire transformer bière et vin en urine! «Je veux être utile.»
Son expérience auprès des gens d’affaires lui a montré que la majorité se met en marche sans réfléchir à la vision, à la mission, aux valeurs de l’entreprise. Ce temps de réflexion n’est jamais perdu.
Les affaires, c’est la jungle, a-t-il répété à plusieurs reprises. Et avant de s’y engager, il faut se préparer, faire des provisions, se munir d’un GPS.
Friand de métaphores, l’ex-enseignant au cégep – pendant huit ans – a aussi parlé du «leader» comme d’un «drone» pouvant voir ce qui attend l’entreprise au moins deux ans à l’avance.
Le savoir compter et le savoir communiquer feraient aussi défaut aux entrepreneurs, selon lui. «Si les communications sont super tendance aujourd’hui, reste que le savoir communiquer est le péché mortel de beaucoup d’entrepreneurs.»
N’est toutefois pas un «péché» l’idée de vouloir faire de l’argent. Il tempère les ardeurs des jeunes entrepreneurs qui veulent tout de suite mener la «grosse vie». «Attendez donc dix ans!», leur conseille-t-il, leur demandant d’investir dans leur entreprise pour lui donner une valeur ajoutée. Sans cela, prédit-il, on aura des futurs retraités en santé… mais cassés et qui devront travailler plus longtemps.
Jean Lambert se montre extrêmement critique à l’égard des médias sociaux. Les nouvelles technologies sont utiles, mais elles peuvent devenir un «gruge-temps épouvantable». «Maudites bébelles!», s’est-il exclamé.
S’entourer de «champions», ne pas craindre de travailler avec de plus compétents que soi, «réseauter», travailler en équipe constituent d’autres clés que le consultant a livrées… gratuitement ce soir-là, a souligné Virginie Bonura, présidente de la Chambre.
Président du conseil d’administration du Cégep, Jean Lambert se rend aussi utile comme «bénévoleux», s’étant activement engagé dans la campagne de financement de la Maison Marie-Pagé. Pour cela, la Chambre a versé un don de 2000 $ à la ressource, provenant des profits de la soirée Tapis rouge.
Une ovation debout a salué le conférencier… qui l’avait exigée dès le début de sa conférence… pour le cas où la salle se serait vidée avant la fin.