Une bande riveraine pour l’eau, le sol et parce que c’est beau
ENVIRONNEMENT. La bande riveraine favorise non seulement la qualité de l’eau d’un ruisseau ou d’une rivière, mais elle offre au producteur agricole des bénéfices à ses cultures, a expliqué la biologiste Marie-Claire Gironne, chargée de projet de l’organisme Copernic.
Trop peu de participants, s’en est désolée la directrice générale Karine Dauphin, ont participé vendredi matin à cette demi-journée de formation sur la bande riveraine en milieu agricole.
L’activité s’est déroulée en deux volets, un théorique avec les exposés de Mmes Dauphin et Gironne, celui de Pascale Désilets, gestionnaire des cours d’eau à la MRC d’Arthabaska et de l’agronome Pierre Chouinard du ministère de l’Agriculture.
Pour la deuxième partie, les participants ont été invités à se rendre à Saint-Élizabeth-de-Warwick où Maxime Rondeau de la ferme Blondeau a aménagé, l’été dernier, une bande riveraine d’érables et de lilas en bordure de la rivière Des Rosiers.
Cette rivière qui prend sa source à Saint-Rémi-de-Tingwick et se jette dans la rivière Nicolet à Saint-Albert est représentative de l’état (faible) des rives des cours d’eau du bassin versant de la rivière Nicolet, a expliqué Karine Dauphin. Dans la moitié des cas, les bandes riveraines ne jouent pas leur rôle de rétention des sols.
Elle a expliqué qu’il faudrait espérer qu’un jour, on puisse recréer ce qui faisait l’identité québécoise des abords des rivières il y a 50 ans. On a perdu tout un «patrimoine», a-t-elle dit, du paysage et des poissons et de la qualité de l’eau.
Sa collègue Marie-Claire Gironne a passé en revue les fonctions et les types de bandes riveraines que l’on peut créer.
En milieu agricole, a-t-elle expliqué, outre ses qualités filtrantes, une bande riveraine sert à contrer l’érosion et la perte de sol de culture. Elle peut aussi servir de brise-vent et permettre d’améliorer la qualité de la terre avoisinante. Selon ce qu’on y plante, on peut attirer des prédateurs – des rapaces –, utiles pour chasser la vermine et réduire les coûts de la gestion phytosanitaire.
Mme Gironne a énuméré plusieurs types de bandes riveraines, passant en revue leurs avantages et inconvénients. Certaines nécessitent plus de temps et plus d’argent.
Elle a rappelé qu’en milieu agricole, il fallait préserver une bande riveraine minimale de trois mètres (dans la MRC d’Arthabaska, du moins), celle-là étant calculée à partir de la ligne des hautes eaux (on a admis qu’elle était difficile à situer). S’il y a un talus au bord du cours d’eau, il faudra calculer plus de trois mètres.
On peut planter des arbres, des arbustes, des végétaux dans la bande riveraine. On peut faucher, mais jamais labourer. (On peut obtenir beaucoup de renseignements avec le guide À chacun sa bande qu’on trouvera à www.agrireseau.qc.ca).
Les autres propriétaires riverains doivent également savoir qu’ils doivent, dans leur cas, préserver une bande allant de 10 à 15 mètres selon la pente et la hauteur du talus. Dans cet espace, ils ne peuvent creuser, ni construire d’infrastructures ou de bâtiment.
Des permis à obtenir
Copernic a tenu à inviter Pascale Désilets de la MRC d’Arthabaska pour rappeler les pouvoirs et responsabilités des municipalités et de la MRC.
Si l’on n’a pas besoin de permis pour créer une bande riveraine, il en faut un pour des opérations à mener à même le cours d’eau. On peut, par exemple, enlever des branches qui obstruent la rivière, mais pas creuser pour extraire un obstacle.
Elle recommande de donner un coup de fil à l’inspecteur de sa municipalité pour demander si les opérations que l’on s’apprête à effectuer concernent un fossé ou un cours d’eau. Cette question ne recevra peut-être pas une réponse immédiate a-t-elle prévenu, parce que pour distinguer un fossé d’un cours d’eau, il y a toute une série de vérifications à mener.
Pascale Désilets a aussi mentionné que la MRC détenait ce pouvoir de couper ne bande riveraine pour des interventions dans un cours d’eau. Si le cours d’eau est problématique, il faudra alors prévoir un accès à la machinerie.
De l’aide financière
Les producteurs agricoles ont accès à une aide financière du programme Prime-Vert pour aménager une bande riveraine.
L’agronome Pierre Chouinard a expliqué les conditions d’admissibilité, la première étant de disposer d’un Plan d’accompagnement agro-environnemental (PAA).
Pour être admissible au programme, le producteur devra présenter un projet où la bande riveraine dépasse les trois mètres réglementaires.
D’autres travaux comme des haies brise-vent, des déversoirs enrochés, des bandes tampons, peuvent aussi bénéficier du programme Prime-Vert.