Un nombre important d’emplois seraient menacés dans L’Érable
Un nombre important d’emplois seraient menacés dans la MRC de L’Érable si le salaire minimum horaire passait rapidement de 10,75 $ actuellement à 15 $.
La MRC de L’Érable vient en effet au 25e rang des MRC qui seraient les plus touchées alors que 41% de sa main-d’œuvre de 25 à 64 ans serait à risque. Avec 56%, la MRC du Rocher-Percé vient au 1er rang de ce palmarès réalisé par Mathieu Bédard et Alexandre Moreau, respectivement économiste et analyste en politiques publiques à l’Institut économique de Montréal.
Les auteurs de l’étude avancent un chiffre de 160 000 pertes d’emplois à long terme pour la province si ce changement avait eu lieu en 2016, les petites entreprises n’étant pas en mesure d’absorber la hausse des coûts de leur main-d’oeuvre.
«La main-d’œuvre dont le salaire se situe sous le seuil de 15 $ serait mise à risque par une telle augmentation du salaire minimum. Certains employés conserveraient effectivement leur emploi et verraient leur salaire passer à 15 $ de l’heure. En contrepartie, leurs tâches pourraient s’accroître ou comporter davantage de responsabilités. D’autres seraient congédiés, verraient leurs heures de travail diminuer et/ou recevraient moins de bénéfices non monétaires, comme les formations, les rabais sur les uniformes ou les repas gratuits que certains employeurs offrent», indiquent MM Bédard et Moreau tout en ajoutant que les emplois à risque représentent en effet une part démesurée de l’emploi en région et qu’une telle mesure pourrait bien accélérer l’exode rural.
Des inquiétudes
À prime abord, le directeur général de la MRC de L’Érable, Rick Lavergne, n’est pas contre que les gens s’enrichissent avec une hausse du salaire minimum, mais qu’il est important d’en mesurer l’impact.
«Si notre MRC fait partie de ce palmarès, c’est probablement en raison de sa structure économique. Nous comptons plus d’entreprises dans les secteurs primaire et secondaire en moyenne par rapport aux autres MRC. Ces deux secteurs comptent pour 12% et 36% de nos emplois comparativement à 3% et 16% au Québec. Notre secteur de l’emploi se compose de 6,2% de diplômés universitaires comparativement à la moyenne provinciale qui est de 18,6%. Notre région compte également moins d’emplois au niveau des services gouvernementaux», souligne-t-il.
«Tout le domaine de la sous-traitance (nous avons plusieurs entreprises) serait probablement très affecté par cette pression exercée sur les salaires, car il y a ceux qui passeraient de 10.75 $ à 15 $, mais aussi ceux qui gagnent 15 $ qui devraient pouvoir gagner 20 $», fait valoir M. Lavergne.
«Le salaire minimum à 15 $ accélérerait-il l’exode rural ? Je ne suis pas en mesure de m’avancer. Mais le faire drastiquement, je pense qu’on en subirait des impacts importants, même si on a déjà dit à l’époque que la moitié de nos entreprises fermeraient si le dollar canadien arrivait à parité avec le dollar américain, ce qui ne s’est finalement pas concrétisé. Mais, dans ce domaine, on a le droit d’être inquiet», de poursuivre M. Lavergne.
Celui-ci estime qu’une stratégie progressive pour que les entreprises puissent s’adapter serait déjà moins «pire». «Mais, hausser le salaire minimum d’un seul coup à 15 $ serait irréaliste», répète-t-il en terminant.
Notons qu’au Québec, les grandes centrales syndicales et organismes communautaires revendiquent un salaire minimum à 15 $ pour combattre la pauvreté.