Un monde sans sida ni VIH? Réalisable… à certaines conditions

Un «monde sans sida ni VIH», c’est possible, croit Jacques Gélinas, vice-président du Bureau local d’intervention traitant du sida (BLITS) et qui, depuis de nombreuses années, vit avec le VIH. «Ça fait 35 ans qu’on le prépare ce monde sans sida. Je dis que, oui, c’est réaliste et réalisable dans un avenir rapproché. Mais à certaines conditions.»

Ce message «Ensemble, préparons un monde sans sida ni VIH» ponctue la nouvelle campagne de sensibilisation du BLITS et des organismes québécois apparentés, ponctuant la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.

«C’est un message positif, se réjouit la coordonnatrice du BLITS, Maryse Laroche. Les avancées scientifiques ont fait en sorte qu’on ne parle plus du sida comme dans les années 1980 et 1990. Reste qu’il faut éviter de banaliser le VIH/sida», soutient-elle.

Si le nombre de nouveaux cas tend à baisser graduellement, les autres ITS (infections transmises sexuellement) connaissent une augmentation. Ce qui démontre que les gens «ne se protègent pas autant qu’on voudrait le croire», constate Jacques Gélinas.

Des «conditions gagnantes» s’imposent, selon lui, pour façonner ce monde sans sida.

«On y parviendra par des investissements et une prise de conscience de l’État pour soutenir les groupes et organismes oeuvrant en prévention.» Là-dessus, Maryse Laroche fait remarquer qu’en 2015, le budget consenti à la santé publique a été coupé de 33%, ce qui représente 23 millions $.

«Au BLITS, on a encore besoin d’argent, de soutien, de bénévoles», dit-elle.

Le monde sans VIH/sida passe aussi par la responsabilisation des personnes aux comportements à risques de transmettre le VIH par contacts sexuels, ajoute Jacques Gélinas. Et par la prise de parole des personnes atteintes pour inciter au dépistage.

Les traitements permettent aujourd’hui de vivre longtemps avec le VIH, poursuit-il. Même que, grâce aux médicaments, les risques sont minimes qu’une personne séropositive transmette le virus. Plus encore, on dispose de médicaments afin d’éviter qu’une personne non séropositive puisse être infectée… et qu’une maman enceinte transmette le virus à son petit à naître.

«Mais 21% des gens porteurs du VIH ne connaissent pas leur statut sérologique. Et ces gens sont responsables à 50% de la transmission des infections», souligne M. Gélinas.

Une clinique sans rendez-vous

Parce que, justement, le dépistage constitue une des clés, le BLITS offrira, à partir de janvier, pour une journée par semaine, les services d’une infirmière dans ses locaux de la Place communautaire Rita-St-Pierre. Sans avoir à prendre rendez-vous, les gens désireux de se soumettre à un test de dépistage pourront aller à la rencontre de l’infirmière dépêchée par le CIUSSS.

Le BLITS travaille aussi à un projet afin d’intervenir directement et sur le terrain, auprès de clientèles à risques de contracter le virus. L’organisme est en quête d’une subvention fédérale.

La criminalisation de la personne qui n’a pas dévoilé son statut sérologique, la stigmatisation des gens vivant avec le VIH/sida, le fait que 50% des personnes infectées dans le monde n’aient pas accès aux médicaments ne constituent pas des conditions gagnantes pour éradiquer le virus de la planète, précise encore le vice-président de BLITS.

 

Quelques données

18 000  

Le nombre de personnes vivant avec le VIH au Québec selon les données 2014 de l’Institut national de santé publique du Québec.

278

Le nombre de nouveaux cas diagnostiqués rapportés au programme de surveillance québécois, les hommes représentant 81,7%.

61,9%

Ce pourcentage des nouveaux diagnostics se retrouve chez les  hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.