Un événement qui invite à la réflexion

La fermeture de l’école secondaire de l’Escale et du Centre de formation professionnelle de l’Asbesterie, relativement à des menaces véhiculées sur des réseaux sociaux, a ébranlé les élèves, le personnel enseignant et professionnel ainsi que la Commission scolaire des Sommets. Mais comment faire ressortir le positif dans de pareils cas?

Rappelons les faits. La Commission scolaire des Sommets (CSS) a fermé l’établissement le 3 octobre dernier après avoir été avisée par la direction de l’école que des menaces la ciblaient. Plus tard dans la journée, deux adolescents ont été arrêtés puis relâchés sur le territoire de la MRC des Sources. L’enquête se poursuit. Le message en question a été envoyé à plusieurs élèves sur Facebook. Un élève a indiqué à <@RI> L’Express des Sources <@$p> que «c’est un jeune qui incitait d’autres jeunes à prendre des armes et à tirer le plus de monde possible». Le message a bien entendu inquiété plusieurs parents qui ont contacté la direction de l’école, qui a à son tour avisé la CSS. 

Ainsi, dans la nuit de dimanche à lundi, le comité central des mesures d’urgence de la CSS s’est mis en branle. «Dans ce genre de cas, on arrête tout et on se concentre là-dessus. Nous avons travaillé sans relâche, faisant des suivis toutes les heures avec les intervenants impliqués, jusqu’au lundi soir», a expliqué Édith Pelletier, directrice générale de la Commission scolaire des Sommets (CSS).

Ce qu’il faut savoir, c’est que la CSS établit le lien direct entre l’établissement et les services de protection publique et les partenaires extérieures. Dans ce cas précis, elle a été le lien direct entre l’école et la Sûreté du Québec. Des outils, identiques pour tous, afin de standardiser les façons de faire en temps de crise, ont été mis sur pied et ils sont révisés et mis à jour annuellement. Au niveau de l’école, cela fonctionne de la même façon. Il existe une équipe d’intervenants d’urgence.

«Ce fut un première pour nous à la CSS. Je suis très satisfaite du travail accompli par l’équipe. Nous avons eu une belle collaboration de tous. Ce sont des gens consciencieux qui ont à cœur la sécurité et le bien-être des élèves et du personnel», a ajouté la directrice. «Je tiens à féliciter les parents qui ont communiqué avec la Sûreté du Québec à la suite de la réception de ce courriel par leur enfant et de l’efficacité de la CSS à garantir aux élèves et aux personnels que la décision responsable est d’assurer la sécurité des élèves et du personnel de l’école secondaire de l’Escale, il n’y pas de petite ou grande menace et c’est pour cela que cette décision a été prise», a mentionné Jean-Philippe Bachand, président de la CSS.

La menace étant écartée, les deux établissements ont pu rouvrir leurs portes le lendemain (4 octobre). Des services d’aide, de soutien et d’écoute de professionnels étaient offerts aux élèves et aux membres du personnel qui en ressentaient le besoin.

Au retour, sur le terrain

Une équipe de professionnels en place à l’école secondaire de l’Escale s’était préparée au retour des élèves et du personnel enseignant. Les membres de cette équipe étaient d’ailleurs présents à l’arrivée des élèves dans les casiers afin d’être à l’écoute et de s’assurer que tout était rentré dans l’ordre. Quelques jeunes susceptibles d’être plus affectés par ce genre d’événement ont été contactés.

Deux élèves ont mentionné que les précautions ont été prises. Le directeur s’est adressé à tout le monde et dans certains cours, l’actualité du jour a été consacrée à parler de l’incident. «Tout le monde est correct, c’était juste une mauvaise blague», ont-ils ajouté, mentionnant que plusieurs élèves étaient toutefois absents mardi (4 octobre) parce que des parents demeuraient inquiets. Cependant, les parents doivent se faire rassurants dans de telle situation.

«Nous étions disponibles pour rencontrer les élèves qui en ressentaient le besoin et peu sont venus nous consulter. Nous avons été capables de faire le nécessaire pour les rassurer. Les jeunes vivaient plus des questionnements que du stress», a précisé le psychologue Gabriel Richard. Quant aux deux adolescents arrêtés, ils sont suspendus de l’école et leur réintégration se fera en temps et lieu, avec les outils et les suivis nécessaires.

Les réseaux sociaux

«Les médias sociaux, on les gère au quotidien. Par exemple, une chicane qui prend naissance sur Facebook en dehors de l’école, mais qui influence la vie à l’école. On doit apprendre à gérer ça. C’est une réalité et le partenariat maison/école devient très important», a expliqué Éric Lacasse, responsable de l’encadrement disciplinaire.  

«Il y a nous et il y a ceux qui sont nés avec cette réalité, cette accessibilité, cette fluidité dans l’utilisation. Nous allons devoir apprendre à raisonner de cette façon-là», ajoute le psychologue. Cette année, la Sûreté du Québec est venue parler aux jeunes, leur donner de l’information quant aux lois qui régissent l’utilisation des réseaux sociaux. Et les jeunes avaient beaucoup de questions, ils cherchaient à valider des informations.

«Il faut savoir comment on va rentrer là-dedans. Nous avons ajouté une page Facebook de l’école, ce qui est pratique pour communiquer avec la communauté, informer les parents. C’est un outil qui peut être à la fois positif et négatif. C’est une réalité avec laquelle il nous faut vivre», a constaté Gabriel Richard.

Pour le responsable de l’encadrement disciplinaire, la vie privée des 580 élèves le devient un peu moins lorsque les jeunes l’étalent sur Facebook. Les choses se savent plus rapidement. La psychoéducatrice Sylvie Brown constate, pour sa part, une plus grande proportion d’élèves avec des troubles anxieux, qui sont très certainement dus à plusieurs facteurs.

Les intervenants rencontrés sont toutefois tous d’accord pour dire que cette nouvelle réalité chez les jeunes apporte bien des questionnements quant à l’importance que prennent l’image publique, voire même l’identité de certains jeunes, la virtualité des amis et des propos. Pour eux, les réseaux sociaux sont des amplificateurs qui communiquent et diffusent à large spectre et les répercussions ne se retrouvent pas seulement dans les écoles. «Plutôt que de ne pas en parler parce qu’ils prennent déjà trop de place dans nos vies, cela devrait être une réflexion de société quant à leur utilisation, l’éducation et la prévention qui les entourent», a conclu le psychologue.

En attendant, l’école compte bien utiliser ce triste incident pour sensibiliser davantage ses élèves, son personnel enseignant et elle souhaite que cette réflexion puisse se poursuivre jusque dans les familles des élèves.