Un autre décès violent au Centre d’hébergement du Chêne?
VICTORIAVILLE. Les autorités du Centre de santé et de services sociaux d’Arthabaska-et-de-L’Érable (CSSSAE) refusent, pour le moment, d’établir un lien. Reste qu’un deuxième patient du Centre d’hébergement du Chêne de Victoriaville est mort peu de temps après une agression qu’il aurait subie peu de temps auparavant.
L’affaire a été mise au jour, mercredi, par TVA Nouvelles. Dans son reportage, la journaliste Ann Préfontaine fait état du décès de Patrice Belisle, 70 ans, décédé le 20 octobre, trois semaines après avoir été, semble-t-il, agressé à coups de souliers par un autre bénéficiaire, une agression survenue dans la salle à manger.
Cet autre décès survient deux mois après la mort de Jeannine Houde qui a rendu l’âme une semaine après avoir été violentée par un autre bénéficiaire.
Dans les deux cas, les victimes habitaient une unité prothétique.
Réaction des autorités
La diffusion de la nouvelle a amené les autorités du CSSSAE à réagir et à tenir un point de presse, en début d’après-midi, jeudi.
Les responsables, toutefois, en raison de l’enquête du coroner, refusent d’élaborer sur ce nouveau cas, et ne peuvent pour le moment, disent-ils, établir un lien entre l’événement et le décès.
Mais le directeur des ressources humaines du CSSSAE, Sylvain Chartier, et la directrice du programme des personnes en perte d’autonomie, Geneviève Proulx, ont voulu se faire rassurants.
«D’abord, comme organisation, nous sommes très sensibles envers la famille qui vit la présente situation. Mais nous voulons aussi, par ce point de presse, rassurer les familles des personnes hébergées, particulièrement celles qui occupent les îlots prothétiques», a précisé M. Chartier.
Ces îlots, a expliqué Geneviève Proulx, regroupent les personnes aux prises avec les problèmes cognitifs. «Ces troubles occasionnent des comportements imprévisibles et involontaires de la part de ces résidents. C’est leur maladie», a-t-elle noté, tout en indiquant que l’établissement a mené certaines actions pour éviter des événements malheureux.
L’hébergement, a fait remarquer Mme Proulx, devient davantage réservé à des cas lourds. «Des personnes qui présentent des pathologies complexes de santé, des incapacités motrices et sensorielles, souvent associées à des problèmes cognitifs majeurs», a-t-elle souligné. «Nos objectifs visent l’amélioration de la qualité de vie et des soins. Nous avons à cœur la sécurité et la qualité des soins», a-t-elle ajouté.
La sécurité concerne aussi les employés, a renchéri Sylvain Chartier. «Nous avons des employés compétents et vraiment dévoués à cette clientèle, a-t-il signalé. On travaille beaucoup avec nos employés de façon paritaire avec le syndicat dans le but d’améliorer la sécurité du personnel et des bénéficiaires.»
Le directeur des ressources humaines donne en exemple l’élaboration d’un plan d’action, l’amélioration au besoin des lieux physiques, la formation supplémentaire dispensée au personnel pour les aider dans leur travail auprès de la clientèle aux prises avec des problèmes cognitifs. «Ce n’est pas d’hier que nous le faisons, c’est un travail en continu», a-t-il mentionné.
Concrètement aussi, il y a ces plans d’interventions uniques à chaque patient. Ces résidents ont des plans d’intervention spécifiques. «On travaille notamment avec les médecins. Des équipes interdisciplinaires sont en place pour établir les interventions les plus appropriées auprès des résidents. Dans ces plans, on met de l’avant des actions, l’ajustement de la médication, par exemple, le recours à la contention ou encore des mesures alternatives», a expliqué Geneviève Proulx.
Interrogés à savoir s’ils étaient inquiets devant ces deux décès survenus en deux mois, les responsables se sont dits préoccupés par la situation, bien qu’ils doivent attendre les conclusions du coroner avant d’établir quelque lien que ce soit. «Il faut savoir que des décès, dans nos centres d’hébergement, il en survient 177 par année parmi nos 402 clients hébergés. Les statistiques montrent que la même situation se vit partout en province parce que la clientèle arrive de plus en plus en lourde perte d’autonomie. Cela demande de la souplesse à notre personnel pour s’adapter à la situation», a fait valoir Mme Proulx.
Cette clientèle spécifique de personnes éprouvant des problèmes cognitifs constitue une priorité pour les gestionnaires à l’Agence de santé, a affirmé Geneviève Proulx, membre également de la Table régionale pour les personnes en perte d’autonomie.
«Ces cas (dont on parle) sont des situations isolées, malheureuses», a-t-elle souligné.
Au manque de surveillance, évoqué par certains, les responsables répondent que l’établissement respecte les normes. «En terme de ratio heure/soin, nous sommes tout à fait conformes aux normes ministérielles», a fait savoir Sylvain Chartier.
Geneviève Proulx a poursuivi en signalant qu’en janvier dernier, le centre d’hébergement a même augmenté le nombre d’employés la nuit.