«Tous les élèves sont capables d’apprendre»

Si l’on voulait résumer la «mission» de la conseillère pédagogique et orthopédagogue Marielle Bonneau, on pourrait dire qu’elle s’affaire à redonner du pouvoir aux enseignants. Ils détiennent à peu près toutes les clés de la réussite de leurs élèves, selon elle. «Ils ont un pouvoir de changement… et la responsabilité de l’exercer», affirme-t-elle. Cette affirmation s’appuie sur une prémisse. Elle est convaincue que tous les élèves sont capables d’apprendre et de progresser.

Avec toute une équipe d’enseignantes, d’orthopédagogues et d’orthophonistes de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF), Mme Bonneau vient de lancer un guide d’accompagnement intitulé «Dépistage précoce au préscolaire habiletés liées à la conscience phonologique».

Le document vise à aider les enseignantes à déceler, chez les petits, ceux qui risquent de développer des problèmes d’apprentissage de la lecture.

La conseillère pédagogique explique que déjà, chez les bouts de chou, on peut déceler des signaux d’alarme.

Le guide propose des tests à faire passer en février aux petits dont on constate qu’ils ne progressent pas, afin de voir où ils en sont avec leur «conscience phonologique». Mme Bonneau précise que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture nécessitent d’abord que, dès la maternelle, l’enfant soit capable de nommer les lettres de l’alphabet, de reconnaître et d’identifier le son des lettres, d’identifier la première lettre d’un mot, de prendre conscience qu’un mot se compose de syllabes, etc.

Il ne s’agit pas de poser un diagnostic, note la conseillère, mais de repérer les enfants à risques ou en difficultés afin de leur fournir l’aide appropriée.» Et c’est parfois en équipe de spécialistes autour de l’enseignant que s’exercent les interventions auprès des élèves.

Ce nouveau Guide que la CSBF a mis en ligne sur son site pourrait faire «école» comme celui auquel Mme Bonneau a travaillé, l’autre étant une épreuve de fluidité en lecture. Paru en 2014, celui-là s’inscrit désormais au programme universitaire des futurs enseignants.

Arrivée à la CSBF en 2000, et au service éducatif à la fin de 2007, Marielle Bonneau possède une longue feuille de route pédagogique. «J’ai enseigné à tous les niveaux, du préscolaire à l’universitaire sauf au collégial.»

Détentrice d’une maîtrise en psychopédagogie, elle est aussi passée par un microprogramme de deuxième cycle en orthopédagogie.

Par ses propos passionnés sur l’éducation, elle manifeste tout autant d’intérêt pour la réussite des élèves, le rôle des enseignants, l’importance de l’équipe et des travaux des chercheurs auxquels elle recourt régulièrement. «C’est important de s’appuyer sur des normes et des standards.»

Elle regrette par ailleurs qu’au Québec, on ne se partage pas davantage les résultats d’expériences concluantes et probantes dans les écoles.

Elle alimente son «rêve norvégien», soulignant que là-bas, les enseignants sont tout aussi considérés que les médecins, capables de dépister très tôt et de «soigner» les élèves en difficultés. Mme Bonneau s’attaque déjà à un autre projet, en collaboration avec l’UQAM, celle-là portant sur la conscience que les enfants devraient développer du fonctionnement de leur cerveau!

Si elle affirme que la clé de la réussite des élèves repose presque entièrement entre les mains de l’école, les parents «spécialistes de leur enfant» ont un rôle fondamental à jouer, celui de le guider, de le soutenir, dit-elle. «Le rôle essentiel du parent, c’est d’accompagner son enfant, d’être présent à lui, ne serait-ce qu’une demi-heure par jour pour discuter et jouer avec lui.»

Alors que le parent est appelé à «collaborer» avec l’école, la conseillère pédagogique poursuit en disant qu’en retour, l’école doit prendre soin des parents, surtout de ceux qui ont à faire le deuil de l’enfant parfait.