Simuler pour comprendre la réalité des aînés

VICTORIAVILLE. «On sait, mais on comprend mieux, parce qu’on se met à la place des résidents», résume Jacynthe Richer, infirmière auxiliaire depuis 30 ans au Foyer des Saints-Anges de Ham-Nord. Mme Richer a participé à un atelier de formation sur le vieillissement offert par Éric Sévellec, de l’organisme Réseau-Autonomie-Santé (R.A.S.).

C’est la première fois que s’offrait dans la région cette singulière formation au cours de laquelle les participants portent des orthèses et se mettent dans la peau de personnes âgées dont la motricité, la vue ou l’ouïe sont limitées.

Éric Sévellec précise que le R.A.S. a obtenu de la Société française ALEP Prévention (www.alep-prevention.fr) l’autorisation de dispenser l’atelier «simulateur de vieillissement» au Canada pour les personnes oeuvrant auprès des «séniors» comme on dit là-bas.

«Le but est de sensibiliser le personnel à la condition des âgés. En simulant un glaucome, par exemple, on comprendra pourquoi les repas sont plus compliqués», explique M. Sévellec. On pensera à tort que la personne âgée n’a pas faim parce qu’elle n’ouvre pas la bouche lorsqu’on approche la cuiller, alors qu’elle ne la voit tout simplement pas, illustre M. Sévellec. Par des gestes simples, signale-t-il, on peut améliorer le service aux aînés.

Jacynthe Richer dit que par cet atelier, elle a enfin compris pourquoi des résidents avaient l’habitude de se «garrocher» dans leur fauteuil plutôt que de prendre le temps de s’y asseoir. «C’est simplement parce qu’elles ne peuvent pas se plier», a-t-elle dit, après avoir vainement tenté de le faire avec des orthèses. «On comprend aussi bien mieux pourquoi ils prennent tant de temps à fouiller leur porte-monnaie à l’épicerie! Avec un glaucome, c’est bien plus difficile. Ça nous apprend la patience.»

La formation des infirmières auxiliaires comprend beaucoup d’enseignements, poursuit Mme Richer. «On sait qu’il ne faut rien laisser traîner. Avec la simulation, on comprend encore mieux pourquoi», raconte l’infirmière auxiliaire qu’une bourse oubliée dans le décor a failli faire culbuter alors qu’elle portait les lunettes simulant un glaucome.

«Que change une formation comme celle-là? Ça ne nous donnera pas plus de ressources et de temps, mais ça change quelque chose sur le plan de l’humanité. En se mettant vraiment à la place des âgés, c’est notre approche qui change. On passe beaucoup de temps avec ces gens, on est leur famille.»

Le R.A.S. (www.reseau-ras.com) est prêt à dispenser la formation aux établissements qui le souhaiteront.

Avec Dominic Viénot de Saint-Jérôme, Éric Sévellec veut développer des initiatives favorisant l’accessibilité universelle pour les personnes vivant avec un handicap ou une déficience et pour les aînés.

En juin, l’entreprise d’économie sociale avait lancé un premier projet, celui de créer un groupe d’achats pour de la papeterie, cette activité devant servir à procurer un travail à des personnes ayant un traumatisme crânien ou une déficience intellectuelle. Le Réseau a déjà reçu des commandes de 1570 caisses de papier en provenance de 27 établissements.

Le R.A.S. a aussi mis la Ville de Victoriaville en relation avec une entreprise qui lui fabriquera une balançoire adaptée. La Ville cherchait ce type d’équipement pour l’installer à la Vélogare pour les personnes à mobilité réduite.