«Selfie au suivant» : partager les bonnes actions pour contrer l’individualisme
VICTORIAVILLE. Quatre finissantes du programme Techniques d’éducation spécialisée du cégep de Victoriaville ont lancé, dans le cadre d’un cours, un projet baptisé «Selfie au suivant» et font appel à la population pour partager des gestes d’entraide, des bonnes actions.
Anik Bilodeau, Anne-Sophie Desharnais, Geneviève Fleury et Maude Martin devaient d’abord, dans leur cours «Projet intégré», cibler une problématique sociale. «Une problématique qui nous concerne, qui touche la communauté et qui nous intéresse pour qu’on puisse intervenir», explique Anik Bilodeau.
Les quatre étudiantes, en observant le quotidien, n’ont pas manqué de constater l’individualisme dans la société québécoise. «Avant la relâche, on a remis un important travail de recherche d’une quinzaine de pages dans lequel on observait des comparaisons avec d’autres sociétés, comme l’Afrique du Sud ou encore Haïti où, là-bas, c’est très collectif, c’est toujours donner au prochain», observe Anne-Sophie Desharnais.
«On pense beaucoup à soi dans notre société, fait remarquer Anik Bilodeau. Nous avons donc effectué un travail sur l’individualisme tout en s’interrogeant sur la façon dont on pourrait se tourner vers l’autre. Que pouvons-nous faire pour que l’autre se sente mieux? De là, on s’est dit que des gestes d’entraide pourraient encourager des liens sociaux.»
Et puisque les gens se font actifs sur les réseaux sociaux, que les fameux autoportraits (selfies) connaissent une bonne popularité, le quatuor féminin a mis au point son projet «selfie au suivant» en créant une page Facebook.
«On s’est questionné à savoir de quelle façon nous pourrions avoir un impact avec la population, d’où les médias sociaux qui n’imposent pas de limite», indique Anik. «Tout le monde s’en sert des réseaux sociaux, poursuit Maude Fortin. Avec notre projet, on s’en sert de façon positive.»
Avec leur projet, Anne-Sophie, Anik, Geneviève et Maude souhaitent que les gens immortalisent leurs gestes d’entraide, leurs bonnes actions avec un «selfie» qu’ils partageront ensuite. «On croit que la diffusion de ces petits gestes produiront comme un éclat de lumière, amèneront du positif alors que le fil d’actualité est bien souvent meublé de choses négatives, de tragédies, de mauvaises nouvelles», souligne Anik Bilodeau.
«Pas besoin que ce soit gros et que ça coûte cher, renchérit Maude Fortin. On parle de petits gestes simples qu’on peut faire au quotidien. Par exemple, il a tellement neigé en fin de semaine que certains avaient besoin d’aide pour pelleter leur cour.»
Les exemples sont nombreux et variés, comme aider sa petite sœur à faire ses devoirs, donner un coup de main à sa mère pour la vaisselle, ramasser une canette au sol comme l’a fait un citoyen. Bref, de petits gestes qui font du bien. «En voyant ce genre de photos, on croit que cela puisse amener les gens à dire : moi aussi», note Anik Bilodeau.
La page Facebook #selfieausuivant est en fonction depuis le dimanche 8 mars. Et les gens répondent bien jusqu’ici. «Nous sommes très satisfaites, commente Anik. Des personnes que nous ne connaissons pas le font. Et ça continue de se propager.»
Le quatuor cumule aussi de nombreux «J’aime» sur sa page, plus de 315. «C’est un bon début, une bonne visibilité», confie Maude Fortin.
N’attendez pas, comme le «Ice bucket challenge», une invitation particulière de quelqu’un, lancent les étudiantes. «Pas besoin d’invitation, faites-le», dit Maude.
«C’est simple à faire, vous posez de petits gestes pour semer le bonheur. On lance l’invitation, non seulement à la population de Victoriaville, mais aux gens de partout», souligne Anne-Sophie Desharnais.
Pour y participer, pour manifester les gestes de bonté, les intéressés n’ont qu’à publier leurs «selfies» directement sur la page #selfieausuivant.
Et les quatre cégépiennes souhaitent que le projet puisse leur survivre. «Le but, mentionne Maude, c’est que ça prenne suffisamment d’ampleur pour que ça circule tout seul. On ne veut pas mettre fin à ce projet-là. On aimerait que quelqu’un d’autre ou un organisme le prenne en charge. On ne veut pas que les bonnes actions se terminent.»
Les quatre étudiantes présenteront leur projet lors de la prochaine Expo SAT au Cégep. «On fera connaître nos résultats. On bouclera ainsi la boucle de ce projet qui a été très satisfaisant. Un projet exigeant, qui a beaucoup demandé, mais qui a été très stimulant et plaisant à faire», conclut Anne-Sophie.
«Oui, nous sommes satisfaites, ajoute Geneviève, mais nous visons plus, nous voulons que ça continue, que les gens se mobilisent.»