Sans sac de plastique le 11 novembre

Le 11 novembre, l’Association des retraités de l’enseignement du Québec (AREQ), section Bois-Francs organise une journée sans sac de plastique.

Les sacs de plastique ont été inventés aux USA au cours des années 1950. Un procédé de fabrication peu dispendieux, mis au point 20 ans plus tard, a permis aux commerçants de les distribuer gratuitement à leurs clients. Aujourd’hui, ils créent un sérieux problème environnemental.

Responsable du dossier environnement et développement durable à l’AREQ des Bois-Francs, Dominique Bédard livre quelques statistiques impressionnantes :

Au Québec, il se distribue chaque année plus d’un milliard de sacs de plastique à usage unique, d’une épaisseur inférieure à 50 micromètres. Ceci correspond à 120 sacs par personne et 30 sacs par seconde.

Moins de 15% de nos sacs de plastique sont déposés dans les bacs de récupération. Les autres sont destinés à l’enfouissement. Ils se brisent et, légers, ils sont transportés par le vent partout dans la nature.

Il faut compter de 100 à 400 ans, voire 1 000 ans, avant qu’ils ne soient décomposés. Leurs molécules toxiques se retrouvent ainsi éparpillées dans le sol et l’eau.

Recyclage quasi impossible

Aucun règlement n’exige leur identification. Aux sacs traditionnels à base de pétrole, s’est ajoutée une panoplie de sacs de deuxième génération. Si ces nouveaux sacs ne sont pas toujours à base de pétrole, ils contiennent tout de même des produits d’une grande toxicité. Les sacs biodégradables, fragmentables, bio-fermentables, photo-décomposables, compostables, à base d’amidon sont les plus connus et dont le nom est lisible. Leur composition trop variée et l’absence d’un code d’identification rendent leur séparation en catégories impossible. De plus, certains d’entre eux ont une faible résistance : ils se brisent en millions de fragments et particules sous l’influence de l’air, du vent, du soleil et des vagues. Les refondre tous ensemble, sans distinction, produirait un matériau instable et peu fiable, ce qui explique que leur transformation en d’autres produits est limitée. Ainsi, même si nos performances de récupération étaient parfaites, le recyclage ou la valorisation des sacs de plastique actuels seraient impossibles. En conséquence, bon nombre de municipalités ne les récupèrent pas et peu d’entreprises se sont impliquées dans leur transformation.

Des conséquences sur la santé

Lorsqu’ils sont perdus dans la nature, charroyés par le vent et l’eau à partir des sites d’enfouissement, les sacs de plastique aboutissent nombreux dans les lacs et océans, contribuant à en polluer les rives et à former les continents de plastique des diverses mers du monde.

Dans les océans, certains sacs de plastique ressemblent à des méduses. Ils sont avalés par des animaux marins, ce qui leur cause notamment des problèmes d’étouffement, d’étranglement, de blocage gastrique ou intestinal.

Quant aux sacs de deuxième génération qui se dégradent en fines particules, ils forment une sorte de «soupe» dans les écosystèmes aquatiques. Leurs fragments sont ingérés par les animaux qui les confondent avec le plancton. Les toxines des plastiques sont alors intégrées dans les chaînes alimentaires et aboutissent dans notre assiette.

Des solutions

Selon la logique des principes de la récupération, communément appelés les «3RV», réduire est la solution à appliquer en premier, avant de réutiliser, recycler ou valoriser, et ce, pour éviter d’éliminer. Sachant que les sacs de plastique ne sont réutilisés que 2 ou 3 fois, que leur recyclage et valorisation sont actuellement limités, la diminution de notre consommation de sacs de plastique et autres emballages à usage unique doit être privilégiée.

Le pouvoir des municipalités

Selon la loi provinciale, les villes ont le pouvoir légal de se doter d’un règlement environnemental si ce règlement ne contrevient pas à un règlement provincial en vigueur. Nos municipalités devraient se concerter pour abolir les sacs de plastique à usage unique sur leurs territoires. Plusieurs municipalités ont déjà fait ce choix, certaines il y a 10 ans. La Communauté métropolitaine de Montréal envisage d’en faire autant en 2018.

Le rôle des commerçants

Tous les commerçants pourraient vendre leurs sacs de plastique et investir les profits engendrés dans des causes environnementales, la pollution par le plastique notamment.

La collaboration de la population

Bon nombre d’entre nous ont pris l’habitude d’apporter des sacs réutilisables à l’épicerie, mais peu de gens pensent à le faire dans les autres commerces. La généralisation de cette pratique réduirait de façon notable l’impact environnemental des sacs de plastique. De plus, l’achat d’aliments en vrac et l’usage de contenants réutilisables pourrait réduire notre utilisation des emballages de plastique à usage unique d’épaisseur inférieure à 50 micromètres.

Il serait utopique de croire, qu’à court ou moyen termes, les sacs de plastique pourraient disparaître de la liste de nos produits de consommation. En conséquence, il faut en faciliter la récupération, le recyclage et la valorisation.  Divers intervenants peuvent participer à ces aspects du cycle de vie des sacs de plastique.

Le gouvernement provincial devrait exiger que les sacs de plastique soient identifiés, comme le sont les autres articles de plastique, classés de 1 à 7. Ceci en faciliterait le tri en vue de leur recyclage et valorisation. De plus, en s’appuyant sur le règlement qu’il a adopté en 2010 pour responsabiliser les entreprises, il devrait ajouter les sacs de plastique aux piles, batteries, lampes au mercure, peintures, huiles usagées, antigels, etc. que les entreprises productrices doivent s’employer à récupérer et recycler.

Les entreprises productrices de sacs devraient identifier leurs produits et s’impliquer dans leur récupération. Une mobilisation citoyenne aiderait certainement à les responsabiliser.

Des entreprises de récupération pourraient mettre sur le marché des sacs réutilisables de divers formats pour l’achat en vrac.

Le 11 novembre, l’AREQ sollicite la collaboration de la population.

La facilité offerte par l’emploi de sacs de plastique à usage unique ne peut compenser les torts importants causés à l’environnement et à la santé par leur enfouissement à plus de 85 %, après une utilisation de 20 à 30 minutes seulement. Réduire notre recours à cet article serait une preuve de sagesse de la part de notre communauté, comme le suggère le dicton : « quelqu’un d’intelligent trouve une solution au problème; quelqu’un de sage évite le problème ».

Le 11 novembre, l’AREQ des Bois-Francs demande à la population de recourir à des sacs réutilisables afin que cette «journée sans sac de plastique» soit un succès tout en espérant que dans l’avenir tous les jours seront sans sac de plastique.