Risques importants pour les travailleurs et les patients
À quelques semaines de devoir se conformer aux normes, la région de la Mauricie-Centre-du-Québec n’est pas prête à la fusion des laboratoires médicaux, font valoir les représentants de la CSN du Cœur du Québec.
Alors qu’ils amorcent une ronde de rencontres avec les représentants du ministère, ils réitèrent leur demande de moratoire sur le projet Optilab commandé par le ministre Barrette, alléguant des risques importants pour les travailleurs et pour les patients.
«C’est de l’improvisation. Tous les CIUSSS doivent le faire sans réfléchir. On nous demande d’être prêts pour la fin du mois de décembre, alors qu’il faudrait des mois, voire des années pour bien faire les choses», a souligné le vice-président régional de la FSSS-CSN, Claude Audy.
Le projet vise le transfert 70% de tous les échantillons normalement traités dans les laboratoires médicaux de la région (Batiscan, Nicolet, Louiseville, Shawinigan, Drummondville, Victoriaville, etc.) vers Trois-Rivières, sauf pour celui de La Tuque.
On parle de 8000 échantillons qui devront être traités quotidiennement à Trois-Rivières. «Ça va doubler, voire tripler le volume et les appareils ne sont pas modifiés», souligne Claude Audy, qui fait valoir que les locaux de Trois-Rivières ne sont pas assez grands pour répondre cette masse critique.
Le fait de devoir transporter les échantillons plutôt que de les analyser au même endroit où sont réalisés les prélèvements peut entraîner des problèmes, puisque certains doivent être analysés dans un délai précis ou requièrent des manutentions spécifiques.
«On a plus de 300 normes à respecter en laboratoire, fait valoir Nicole Ouellet. Il faut revoir la manière dont la chaîne d’analyse est faite ainsi que la chaîne du transport. Les échantillons pourraient être perdus en raison du gel, du non-respect du protocole de conservation, d’une manipulation trop grande ou plusieurs autres raisons.»
D’autant plus que les véhicules chargés de transporter les échantillons ne seraient pas à l’abri d’un accident qui lui ferait perdre sa cargaison d’échantillons, d’un bouchon de circulation sur le pont Laviolette ou encore de conditions de route difficiles.
Les représentants syndicaux font aussi valoir que les risques d’erreurs médicales seraient plus grands en devant déplacer les échantillons et que les délais d’analyse pourraient être plus longs.
Perte d’emplois et d’expertise
La CSN déplore la perte de deux à cinq postes d’ici la fin de l’année et d’une vingtaine à plus long terme. Sans compter que les employés en place sont présentement dans l’incertitude à savoir s’ils seront transférés de lieu ou de quart de travail.
La centrale syndicale déplore également les impacts dans les plus petits milieux comme Batiscan, Nicolet ou Louiseville, où il y aura des pertes d’emplois et d’expertises au profit de Trois-Rivières.
Même s’il n’en est pas question pour le moment, la CSN craint également que les services de prélèvement effectués localement puissent éventuellement être centralisés. «C’est quelque chose qu’on craint également, admet Claude Audy, qui donne l’exemple de Plessisville où les gens doivent se déplacer vers Victoriaville depuis la fermeture de l’urgence. Avec ce gouvernement-là, on ne sait pas quelle sera la prochaine étape.»
Il y a aussi la privatisation des prises de sang qui inquiète le Conseil central du Cœur du Québec, un phénomène de plus en plus répandu et qui existe déjà dans la région. «C’est toujours la même stratégie, déplore M. Audy. Créer une pénurie, un problème, pour ensuite nous dire qu’ils n’avaient pas le choix de privatiser parce que le temps d’attente était trop long.»