Responsabilisation, stérilisation et éducation peuvent faire toute la différence

SOCIÉTÉ. Alors que le débat fait rage sur les races de chiens à bannir et les règlements à adopter, connaissez-vous votre règlement municipal en ce qui concerne la gestion animalière? Connaissez-vous les dessous d’un refuge et la gestion que l’abandon d’un animal implique?

Autrefois géré par la Fourrière municipale de la municipalité d’Asbestos, le règlement concernant les animaux a été revu en décembre 2013. Celui-ci est uniformisé pour l’ensemble des municipalités de la MRC des Sources, et ce, afin de le rendre plus conforme et plus facile d’application. Il est toutefois géré par divers organismes sur le territoire de la MRC des Sources.

Dans ce règlement, qui peut être consulté dans son ensemble à l’adresse suivante http://ville.asbestos.qc.ca/reglements-municipaux, on peut y lire qu’ «Un gardien ne peut abandonner un ou des animaux dans le but de s’en défaire. Il doit soit le faire euthanasier chez un vétérinaire, le placer dans une nouvelle famille ou si c’est un petit animal de compagnie, l’apporter à la SPA. La SPA pourra en disposer par la suite, à sa convenance, soit par adoption ou par euthanasie. Les frais, s’il y a lieu, sont à la charge du propriétaire ou du gardien de l’animal.» De plus, un nombre limité de chiens (2) ou de chats (4) peuvent être gardés dans une maison et son terrain, sauf sur une exploitation agricole où le nombre de chats n’est pas limité. On peut également y lire qu’une licence obligatoire doit être obtenue auprès de la Société protectrice des animaux d’Arthabaska (SPAA).

Tous les ans, la municipalité d’Asbestos verse une somme approximative de 12 000 $ à la SPAA pour faire appliquer ce règlement et s’occuper de la gestion animalière sur son territoire. L’organisme compte 12 personnes et dessert 22 municipalités. Il y récupère environ 2000 animaux par année, de nombreux animaux errants réclamés par leur propriétaire.

Ainsi, en 2015, pour la ville d’Asbestos, 120 animaux se sont retrouvés à la SPAA. Soixante-trois ont été ramassés par le patrouilleur à la suite d’un appel. Une dizaine n’avait aucune identification, mais grâce au site Internet de l’organisme, ils ont pu retrouver leur propriétaire.

«Plusieurs ne sont pas entrés dans la SPAA grâce à leur médaille. Nous avons répondu à 88 plaintes et suivi de plaintes et nous sommes sortis au moins 7 fois en urgence», explique Marie-Josée Roy, directrice générale de la SPAA. De janvier à mai dernier, 61 animaux se sont retrouvés à la SPAA, 13 ont été ramassés par le patrouilleur et l’équipe a répondu à 25 plaintes et suivies de plaintes. «Il y a une marge d’erreur dans les chiffres, car il peut arriver des oublis dans les entrées d’animaux. La majorité des animaux retrouvés errants ne sont pas stérilisés. C’est donc à nous que revient la tâche, et les coûts, de les stériliser avant d’être mis en adoption», ajoute la directrice.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est en août que les abandons sont plus nombreux. «Certains déménagent avec leurs animaux et ce n’est qu’un ou deux mois après qu’ils se rendent compte que ce n’est plus possible de le garder, explique-t-elle. Nous voulons faire comprendre à la population que c’est important de posséder la licence obligatoire, elle nous permet de retrouver plus facilement l’animal. Notre mission première est de sauver l’animal et d’en euthanasier le moins possible.»

Un problème bien plus difficile

En ce qui concerne les chiens dangereux et plus particulièrement les pitbulls dont il est abondamment question dans l’actualité, sur le territoire de Victoriaville, ceux-ci doivent être stérilisés et leurs propriétaires doivent suivre un cours. «Je pense que bannir une race n’est pas la solution, que vont faire tous les propriétaires de pitbulls s’ils sont bannis? La majorité ne voudra pas payer pour s’en défaire, ils vont les laisser errants? Vous imaginez le problème…», a-t-elle ajouté. Mme Roy a également tenu à préciser qu’actuellement rien n’est encadré et structuré en ce qui concerne les éducateurs en comportement canin. «Il y aurait aussi une surveillance et un ménage à faire», estime celle qui trouve que certaines personnes s’improvisent dans ce rôle.

Madame Roy confie être inquiète et elle espère que le saccage de cette race et sa surmédiatisation prendront fin rapidement et de façon éducative.

Hugues Grimard, maire et préfet de la MRC des Sources, dit attendre les résultats d’un «questionnaire» quant aux règlements existants concernant les races de chiens considérées comme dangereuses, effectué auprès des municipalités par le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT), avant de prendre position.

Ailleurs dans la MRC

À Danville, ce sont les employés municipaux qui se chargent d’appliquer le règlement uniformisé. La Ville a toutefois une entente avec un refuge lorsque des animaux sont récupérés par les employés municipaux et non réclamés par leur propriétaire.

«D’une année à l’autre, nous devons ramasser une quinzaine de chiens qui sont, pour la très grande majorité, récupérés dans les 48 heures par leur propriétaire. Nous avons aussi de nombreux appels pour des chiens errants, mais parfois le chien a disparu ou il est impossible à retrouver. Il est très rare que nous recevions des appels pour des chiens agressifs. La plupart de nos interventions ont lieu par rapport aux chiens errants ou encore pour des aboiements», explique Caroline Lalonde, directrice générale de la ville de Danville.

Elle avoue que la municipalité a reçu un nombre plus important d’appels quant aux vérifications auprès de propriétaires dont le chien est jugé dangereux par les voisins ou simplement pour connaître le règlement en vigueur. «La plupart du temps, il s’est avéré que c’est la grosseur du chien qui effraie les voisins plus que son comportement en tant que tel. Nous sensibilisons alors le propriétaire sur l’importance de toujours garder son chien en laisse et de s’assurer que la cour arrière soit bien clôturée si jamais le chien y est laissé sans surveillance constante», ajoute-t-elle.

Et quant à un règlement bannissant une race particulière, le maire de la municipalité, Michel Plourde, préfère attendre de voir quelles seront les décisions gouvernementales avant d’agir. «Le MAMOT a effectué une cueillette d’information pour connaître les règlements en vigueur dans nos milieux dans le but d’étudier la question des chiens dangereux. Il ne sert à rien de mettre quelque chose en vigueur si c’est pour le défaire par la suite», a-t-il pécisé.

D’ailleurs, alors que la ville de Sherbrooke avait annoncé un peu plus tôt le port du licou obligatoire, à l’automne, pour les chiens pesant plus de 45 livres, celle-ci s’est ravisée et semble attendre, elle aussi, la position du gouvernement qui s’est engagé à prendre des dispositions pour encadrer tant les chiens et que les propriétaires. Le gouvernement Couillard a d’ailleurs confirmé la mise sur pied d’une table de travail afin d’étudier la question dans son ensemble et de proposer des recommandations dans le but d’élaborer une règle uniforme pour l’ensemble des municipalités du Québec.

Saviez-vous que?

-4 ans suffisent pour qu’un couple de chats et ses descendants engendrent plus de 20 000 chats

-7 ans suffisent pour qu’un couple de chiens et ses rejetons aient une descendance de 4000 chiens.