Résidence du Couvent : la jeune relève à l’œuvre
Un vent de jeunesse souffle sur la Résidence du Couvent à Victoriaville. Florie Ouellet, 21 ans, et son frère Olivier, 26 ans, ont officiellement pris les rênes de l’entreprise. Leur père Francis, disent-ils, est bien fier de voir ses enfants assurer la relève de la résidence qu’il possédait depuis plus de 25 ans.
Il n’y a pas de quoi s’étonner, en fait, de voir Florie et Olivier à la tête de l’entreprise. « C’est naturel, on a grandi ici. Depuis que nous sommes tout jeunes, on voit mon père prendre soin des aînés et gérer la résidence », souligne Florie qui occupe le poste de directrice générale, fonction qu’assumait sa maman. « Je travaille ici depuis environ deux ans et demi, poursuit la jeune femme. Je travaillais auprès de ma mère, la directrice générale, mais qui, en plus d’être infirmière, s’occupait aussi de tous les départements. J’étais son adjointe, si on veut. Je l’aidais pour la paperasse et la gestion des ressources humaines. »
Cette idée de suivre les traces du paternel germe depuis longtemps dans l’esprit des deux nouveaux propriétaires. « Ça a toujours été mon but de reprendre l’entreprise. Je retiens beaucoup de mon père au niveau entrepreneurial. J’ai ça dans le sang. J’ai toujours voulu être à mon compte, toujours voulu être une femme d’affaires », assure Florie Ouellet.
Même son de cloche pour frérot. « L’envie de reprendre l’entreprise a toujours été présente. Jeunes, on venait toujours passer notre temps ici avec notre père. On allait voir les résidents et nos grands-parents. On passait beaucoup de temps avec eux. C’est un peu comme ça qu’est née la flamme. On a été élevé là-dedans. Ça fait un peu partie de nous », raconte Olivier qui n’a donc pas hésité, au printemps, à délaisser son poste de cadre qu’il occupait depuis plusieurs années chez Lactantia.
La jeune directrice générale rayonne dans ses nouvelles fonctions. Elle s’y sent bien, comme à la maison. « Je n’ai jamais l’impression de travailler, j’ai toujours l’impression d’être à la maison. Y être avec mon frère fait en sorte que je me sens encore plus à la maison », confie-t-elle.
Les nouveaux dirigeants aiment aider, accompagner, prendre soin de leurs résidents. « On s’attache tellement à ces gens, exprime Florie. Et nous sommes jeunes, avec une jeune mentalité. On veut vraiment amener une vague de changements, montrer aux familles que, lorsque leurs parents viennent habiter chez nous, on ne fait pas que les héberger. C’est un milieu de vie qu’on veut rendre encore plus vivant, encore plus ensoleillé. On essaie de prévenir la maladie, on essaie de les rendre encore plus en forme qu’avant. »
La directrice cite en exemple l’arrivée d’une dame. Ses proches voyaient son état se dégrader. « Depuis qu’elle est ici, les parents constatent qu’elle se porte de mieux en mieux. C’est sûrement attribuable à l’ambiance, aux activités qu’on organise, à la bonne humeur qu’on apporte tous les jours », observe-t-elle.
Se faire proche des résidents
La Résidence du Couvent affiche quasi complet avec tout près d’une centaine de résidents.
Les nouveaux propriétaires n’entrevoient aucun projet d’agrandissement, désireux de maintenir un milieu familial et humain, propice à la proximité. « Une centaine, c’est une bonne grandeur, qui fait qu’on n’est pas trop gros, fait remarquer Olivier. On veut demeurer ainsi, préserver cette ambiance familiale. Par exemple, quand un résident vient me voir, il fait directement affaire avec le propriétaire. Ce n’est pas quelqu’un de l’extérieur toujours absent. Les résidents apprécient ce lien-là avec nous. On tient à le conserver. »
Même chose pour Florie dont la porte demeure toujours ouverte aux résidents qui n’hésitent pas d’ailleurs à la franchir, comme on a pu le constater au moment de l’entrevue. « On veut être proche d’eux. On veut procurer une atmosphère confortable pour nos aînés, insiste Florie. Si nous étions trop gros, on risquerait de perdre le contrôle et de ne plus sentir qu’on est près d’eux. »
La maxime voulant que « les bottines suivent les babines » s’applique bien à Florie et Olivier Ouellet. La proximité avec les aînés n’est pas qu’un vœu pieux. On les voit parfois participer au jeu de poches avec eux ou encore dîner en leur compagnie.
Côtoyer des aînés comme ils le font d’ailleurs depuis leur jeune âge leur apporte beaucoup par leur vécu, notamment. « À l’usine où j’étais et où ça bougeait, on me disait, en apprenant mon départ, que j’allais m’ennuyer. Au contraire, réplique Olivier Ouellet. Ce n’est pas ça du tout. On ne peut s’imaginer le nombre de gens qui ont du talent. Les gens sont intéressants. Ils proviennent de différents milieux, ils ont tous leur vécu. On a même un pilote d’avion. Je leur parle, je les écoute, ayoye! C’est hot! C’est toute leur histoire. C’est vraiment intéressant. Ça me rejoint d’en apprendre sur tout le monde. »
Le désir de donner au suivant anime les jeunes proprios. « Quand ils arrivent ici, ils ont des besoins. Leurs proches aussi ont besoin d’être rassurés, de savoir que leurs parents sont bien, qu’ils sont entre bonnes mains. Pour nous, c’est de les accueillir et de savoir qu’ils sont heureux, assure la directrice générale. Des gens parfois ont seulement besoin d’être écoutés. Ils savent que ma porte est toujours ouverte. Ils entrent, s’assoient et je les écoute avec passion. Ils ont de la sagesse à transmettre. »
Ce que Florie apprécie particulièrement de son travail, c’est de s’assurer que les résidents sachent qu’ils peuvent toujours compter sur la direction. « Qu’ils se sentent bien, écoutés, et aimés surtout. J’adore ça de mon travail, ce sont des gens qui sont incroyables », énonce-t-elle, tout en ajoutant que ces gens, dans leur dernier bout de chemin, ont bien droit qu’on prenne soin d’eux.
« Ils l’ont mérité, plaide Olivier. Ils ont travaillé toute leur vie, ils ont travaillé fort. On a des résidents qui n’ont plus de famille, qui se retrouvent seuls. On est comme leur famille. Ils viennent nous voir. Je trouve ça plaisant, ils n’ont plus l’impression d’être seuls. C’est une certaine forme d’amour que nous avons à leur égard. Ils viennent nous voir, nous racontent parfois leur fin de semaine. Et on leur fait parfois de petits cadeaux. »
Comme à ce résident qui adore les casquettes. Eh bien, Olivier et Florie lui en ont fait faire une juste pour lui. L’art de faire plaisir et de semer un peu de bonheur.
La transition
Les nouveaux dirigeants se réjouissent de leur nouveau rôle, constatent que la transition se passe très bien.
Le père Francis Ouellet, toujours actionnaire dans la résidence, passe faire son tour de temps à autre. « C’est son bébé. Il s’en est occupé toute sa vie. Je pense qu’il est vraiment fier de nous, de voir qu’on prend la relève. Il nous accompagne là-dedans. Il vient nous voir, il nous aide et si on a des questions, on peut compter sur lui », précise Olivier qui voit notamment à la maintenance, à l’entretien et à la réparation des équipements.
Et quand, justement, des rénovations s’imposent, les dirigeants ont à cœur de préserver le caractère patrimonial du bâtiment. « Il s’agit d’un ancien couvent de religieuses et on tient à conserver ce cachet. Les résidents en sont heureux. En plus, on se situe tout juste à côté de l’église (Sainte-Victoire). Plusieurs de nos résidents la fréquentent toujours », fait remarquer Olivier.
Florie, de son côté, s’occupe de l’aspect administratif, des locations et du contact avec les employés, plus d’une vingtaine.
Si la main-d’œuvre constitue un défi, la Résidence du Couvent dispose présentement d’une équipe complète. « Depuis que nous sommes arrivés, les employés, je pense, se sentent beaucoup sécurisés. On a une belle relation avec nos employés. Ça leur donne envie de rester. J’ai mon équipe complète alors que bien d’autres crient à l’aide.Tous des employés en or, qui travaillent super bien, commente Florie Ouellet. Mais on a déjà vécu cette difficulté de main-d’œuvre au niveau des nuits et des soirées. »
« C’est important de les valoriser, de faire en sorte qu’ils se sentent appréciés, renchérit Olivier. On essaie de le leur montrer, de leur faire savoir qu’on est chanceux de les avoir, sans eux, c’est impossible. »
En plus de la résidence, le duo familial imite aussi le papa en empruntant l’avenue du développement immobilier. « Mon père a aussi fait ça toute sa vie, la résidence et l’immobilier, ayant possédé plusieurs édifices à logements tout en gérant la résidence. On suit un peu ses traces », confie Florie, tout en assurant que la résidence demeure la priorité. Pour elle, ce n’est pas un travail. « Moi j’ai juste l’impression de faire plaisir aux autres. Je ne le fais pas pour me valoriser, je le fais par pur plaisir. C’est 100% naturel. »
« On veut s’accomplir, oui, on veut développer l’entreprise, l’amener ailleurs, mais c’est facile de le faire quand on se sent chez nous. On est heureux, on ne le regrette aucunement. Si c’était à refaire, je referais la même chose », conclut Olivier.