Quatre amis, dont un Victoriavillois, coincés dans la jungle

Quatre familles inquiètes, dont celle du Victoriavillois, Étienne Marier, un passionné de la pêche, tout comme ses trois amis avec lesquels il se trouve en pleine jungle équatorienne, à 12 heures de Quito, la capitale du pays. Mais voilà que depuis 15 h, samedi, leurs proches ont perdu tout contact avec eux.

«On privilégiait la voie politique, la voie légale, plutôt que les médias. Mais il n’y a plus rien qui marche», se désole Patrick Paulin, conseiller municipal à Victoriaville qui échangeait, samedi, avec son beau-fils quand la connexion s’est rompue. Et depuis, plus rien.

Le groupe a quitté le pays le 8 mars pour participer à un camp de pêche en Équateur, dans la jungle. Les Québécois profitaient d’un petit village pour pouvoir communiquer par Internet. «Je parlais en privé à Étienne, samedi, quand il m’a fait part de son inquiétude, raconte Patrick Paulin. Il me disait que ça commençait à se parler dans le village qu’on retrouvait des cas de COVID-19 dans d’autres localités, que les autochtones laissaient entendre que les Blancs ont amené la maladie et qu’ils ne voudraient plus nous laisser entrer pour obtenir la connexion Internet.»

Le beau-fils de Patrick Paulin se trouve coincé en pleine jungle avec trois amis (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Depuis samedi, Patrick Paulin multiplie les démarches, interpellant le député Alain Rayes, la ministre Marie-Claude Bibeau. «D’un côté, on entendu Justin Trudeau dire qu’un avion a été mobilisé, qu’il se posera, mercredi, à Quito pour revenir à Toronto. Oui, mais nos enfants se trouvent à 12 heures de là, 5 heures de bateau et 7 heures de route, rappelle-t-il. Les militaires  leur disent qu’ils ne passeront pas. Et ils n’ont même pas d’Internet. On ne peut même pas les contacter.»

En soirée, dimanche, Patrick Paulin a conversé au téléphone avec la Croix-Rouge équatorienne. «C’est nous qui devons voir pour le transfert. Nous nous sentons abandonnés par le gouvernement», lance-t-il.

Dans son dernier courriel au bureau de la ministre Bibeau, le Victoriavillois a demandé si l’ambassade canadienne avait réussi à trouver un moyen de communiquer avec le groupe. «Rassurez-nous», implore-t-il.

Sur les réseaux sociaux, Patrick Paulin a bien vu que 50 Québécois attendent fébrilement l’avion. «Ils sont prêts, ils se sont enregistrés. Nous, on a quatre jeunes qu’on aimerait enregistrer, qui se trouvent à 12 heures sans qu’on puisse  les joindre, les informer pour qu’ils se rendent à Quito. Et on ne sait même pas s’ils ont suffisamment de nourriture», note-t-il.

Les proches des quatre amateurs de pêche ne réclament, en fait, aucun passe-droit, mais tiennent à ce qu’ils soient en sécurité. «On n’est même pas à demander le rapatriement, exprime Patrick Paulin. On ne réclame pas de passe-droit. On sait que des milliers de Canadiens demandent un rapatriement et que le gouvernement est débordé. On voudrait simplement qu’ils aillent dans la capitale. On va leur payer un hôtel, on va les mettre en sécurité.»

Ce que souhaitent ardemment les familles, c’est de pouvoir communiquer avec eux. «SVP, rassurez-nous, lance M. Paulin aux autorités. Avez-vous un moyen de les rejoindre? Va-t-on perdre nos jeunes dans la jungle?»

Tôt lundi, le conseiller municipal a reçu un courriel du bureau d’un ministre lui signifiant que le dossier avait été transmis à l’ambassade et qu’on allait contacter les jeunes par courriel. «Ils n’ont pas d’accès Internet», désespère Patrick Paulin en échappant un juron.

«Tout ce qu’on demande, c’est d’être informés. Tenez-nous au courant, insiste-t-il. Un député ou un représentant peut-il contacter l’ambassade pour savoir s’ils ont trouvé un moyen de les rejoindre? Si on nous dit qu’ils ne pourront prendre le vol de mercredi, on s’en fout. On veut juste les rapatrier en sécurité dans la capitale pour qu’on puisse communiquer avec eux.»