Protection de l’eau : des citoyens souhaitent l’engagement de Victo
ENVIRONNEMENT. Déposé en juin par le gouvernement Couillard, le projet de loi 106 sur les hydrocarbures sème l’inquiétude, si bien que des membres du comité de citoyens sur les gaz de schiste ont pris la parole, lundi soir, au conseil municipal de Victoriaville pour sensibiliser les élus et les inviter à prendre position dans le dossier.
Alain Guillon, premier à se présenter au micro de la salle du conseil, a rappelé que des citoyens se mobilisaient depuis 2010, confrontés, a-t-il dit, à «l’arrivée sauvage de compagnies pétrolières sur leurs terres».
«Certes, le projet de loi 106 soulève l’inquiétude chez les citoyens avertis. Mais il devrait en être ainsi également chez les élus municipaux. Malheureusement, plusieurs semblent ignorer ce projet de loi qui aura des incidences importantes sur le pouvoir des MRC, des municipalités et des citoyens», a fait valoir M. Guillon ajoutant qu’à ce jour, 295 municipalités ont adopté un règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection.
Le projet de loi 106 pourrait avoir des conséquences inquiétantes pour les municipalités. «Elles pourraient perdre leurs compétences sur le prélèvement d’eau sur leur territoire, sur les schémas d’aménagement, les règlements de zonage et de lotissement mis ainsi en échec par les projets d’exploitation», a expliqué le citoyen.
Alain Guillon a précisé que Victoriaville, qui se targue d’être le berceau du développement durable, n’a pourtant pas adopté de règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection. «Comme les autres municipalités, on vous sollicite pour prendre position. Êtes-vous solidaires avec les autres municipalités?», a lancé le citoyen au maire André Bellavance.
Ce dernier a fait remarquer qu’il revenait à peine de vacances, que le projet de loi 106 était tout récent. «Vous avez sollicité, a-t-il répondu, une rencontre avec moi et le directeur général pour discuter des enjeux. Ce sera un plaisir de vous rencontrer. Mais il est clair qu’il n’existe aucun projet d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbures en bue actuellement à Victoriaville.»
«Et il est important pour nous, a poursuivi le maire Bellavance, d’être solidaires avec les autres municipalités. Nous verrons comment nous pourrons agir, quelle suite à donner.»
Pour sa part, Nathalie Turgeon a sensibilisé le maire de Victoriaville à la rencontre des élus municipaux engagés dans la défense de l’eau le 17 septembre à Drummondville. «Il y aura des ateliers sur les forages, le transport des hydrocarbures. Un bon moment pour obtenir de l’information. Allez-vous y participer?», lui a-t-elle demandé.
«Merci pour l’information. Si c’est à Drummondville, il est fort possible que j’y participe», a fait savoir le maire Bellavance.
Un autre citoyen, Gaétan Roy, lui, a souhaité du maire de Victoriaville la tenue d’une présentation publique de ce dossier aux citoyens «pour que tout le monde sache», puisque ce projet de loi 106, a-t-il noté, pourrait avoir des conséquences importantes pour la région et le Québec.
«On ne se substituera pas aux groupes écologistes et aux partis d’opposition qui font très bien leur travail, a indiqué le maire Bellavance. Mon rôle est de m’occuper de Victoriaville, ce que je fais en rencontrant les personnes de votre groupe.»
Le temps presse
Le porte-parole du comité de citoyens, Serge Fortier, a insisté, quant à lui, sur l’urgence d’agir. «Il est temps d’informer et de sensibiliser la population. Sinon, la parade sera passée. Nous sommes de petits groupes de citoyens avertis, nous agissons comme des chiens de garde. Mais nous avons besoin d’aide», a-t-il signalé.
Le temps presse a soutenu M. Fortier. «Le projet de loi en est rendu en commission parlementaire et la population n’est pas au courant, des citoyens directement concernés, comme des agriculteurs, ne le sont pas. Et des municipalités ne se sont pas encore positionnées à ce sujet. C’est anormal», a-t-il plaidé.
Le porte-parole dit avoir sa petite idée sur le fait que le projet de loi se pointe juste avant les vacances. «Le meilleur moyen de manipuler un peuple, c’est de le garder dans l’ignorance. Et il existe un autre dicton : qui ne dit mot consent», a mentionné Serge Fortier, tout en insistant sur les dangers de la fracturation hydraulique et sur l’importance de se préoccuper du dossier.
Le maire André Bellavance a réitéré sa volonté de discuter de la question. «Et soyez assurés qu’on va prendre nos responsabilités», a-t-il affirmé.
Deux autres citoyens se sont aussi exprimés, Geoffroy Ménard faisant remarquer que le projet de loi Couillard visait à favoriser le développement d’une industrie en lui donnant préséance à l’accès aux hydrocarbures. «C’est une industrie qui consomme beaucoup d’eau, a-t-il observé. Il y a un risque pour la santé publique, pour la protection de l’environnement et des cours d’eau.»
Enfin, Louise Martel, tout en faisant valoir l’inquiétude exprimée par des agriculteurs, a questionné les élus à savoir pourquoi la Ville n’a toujours pas de règlement pour protéger ses eaux, pourquoi n’a-t-elle pas pris position?
Le maire Bellavance, en poste depuis février, a rappelé qu’il n’y avait pas de projet d’exploration à Victo. «Cela ne veut pas dire que ce n’est pas important», a-t-il pris soin de souligner.
«Mais le dépôt du projet de loi est récent. Nous n’avons tenu que deux séances depuis», a-t-il dit aussi.
Le maire, par ailleurs, n’a pu répondre à la question de la citoyenne voulant savoir s’il était possible qu’un règlement puisse être adopté en septembre. «Je ne peux vous répondre. Nous verrons l’importance que le conseil veut accorder au dossier», a-t-il conclu.
Des membres du comité de citoyens poursuivront leurs démarches, cette fois devant le Conseil des maires de la MRC d’Arthabaska, mercredi soir.