Projet Optilab : les technologistes toujours pas rassurés

«On sent que par ces rencontres tenues simultanément partout au Québec, le ministre a voulu calmer les ardeurs syndicales. Qu’il voulait nous vendre le projet Optilab. On n’a rien appris de nouveau», a déclaré Sylvie Godin, répondante politique de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Optilab, c’est ce projet du ministre Gaétan Barrette visant à regrouper une grande partie des analyses de prélèvements effectués en Mauricie et au Centre-du-Québec vers un seul laboratoire serveur situé à Trois-Rivières.

L’APTS qui regroupe 282 technologistes médicaux en Mauricie et au Centre-du-Québec (dont les 55 de l’ancien CSSS d’Arthabaska-et-de-L’Érable) a réclamé un moratoire sur ce projet, appuyé d’une pétition de 20 000 noms déposée à l’Assemblée nationale la semaine dernière. La Coalition Avenir Québec, à l’instar de Québec solidaire, vient aussi de donner son appui à la demande de moratoire, comme l’ont fait, ici, la Ville de Victoriaville, puis la MRC d’Arthabaska.

Et l’APTS le réclame encore.

Parce que, selon Mme Godin, tous les tenants et aboutissants de ce projet de centralisation n’ont pas été analysés.

«Aux questions que nous avons posées, nous n’avons pas reçu de réponses ou encore des réponses nébuleuses.»

La porte-parole syndicale dit que le «discours se voulait rassurant», mais qu’il a raté son objectif.

«On nous garantit la qualité. Mais même si, au serveur central on acquiert un appareil plus performant pour les analyses, on sait que plus il y a de manipulations des spécimens, plus il y a de risques.»

Sylvie Godin ne sait pas quel volume de prélèvements traverserait le pont Laviolette. «Resterait au Centre-du-Québec, par exemple, l’analyse des prélèvements effectués requérant des résultats immédiats, comme pour les patients en salle d’opération, à l’urgence, hospitalisés. Les autres (en biochimie, microbiologie, pathologie, hématologie) seraient analysés à Trois-Rivières.»

Elle poursuit en disant que, lors de la rencontre de mercredi matin, les autorités du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) n’ont pu démontrer que la réorganisation permettrait d’économiser de l’argent et contribuerait à contrer la pénurie de main-d’œuvre.

«À ce sujet, ce n’est pas en créant un gros laboratoire et en dégarnissant les laboratoires associés qu’on valorisera la profession. Déjà, il est difficile de trouver des milieux de stage. La pénurie que veut contrer le ministre est réelle. Le tiers des technologistes médicaux ont plus de 50 ans.»

Elle ajoute que le seul élément nouveau issu de cette rencontre, c’est l’estimation des coupes qu’entraînera la centralisation. «On nous parle de l’équivalent de 20 postes à temps complet.»

Impossible pour elle d’estimer à son tour comment se répercuteraient les coupes sur le territoire Arthabaska-Érable. «On ne peut qu’imaginer qu’il faudra augmenter le personnel au serveur central de Trois-Rivières, lequel compte 150 technologistes. On a également appris que c’est en décembre qu’on aura la liste des technologistes qui pourraient être transférés.»

D’autres solutions auraient pu être envisagées pour augmenter l’efficience des laboratoires, en uniformisant les systèmes informatiques par exemple, en créant des groupes d’achat pour que chaque laboratoire dispose du même type d’analyseur. Dégarnir les laboratoires en périphérie alors qu’ils doivent tout de même offrir des services 24 heures sur 24, sept jours par semaine, aurait un effet désastreux pour le personnel déjà surchargé, soutient encore la porte-parole syndicale.

«On va continuer d’exercer des pressions afin qu’on ne s’élance pas aveuglément dans ce projet.»

Si le projet Optilab est mis en place, «on ne pourra plus reculer», conclut la répondante politique de l’APTS, admettant avoir le sentiment que le train est déjà prêt à partir.