Pédagogie par la nature : une belle façon de vivre la maternelle 4 ans
Dans les paysages enchanteurs de Chesterville, les neuf enfants qui fréquentent la maternelle 4 ans de l’école Saint-Paul ont la chance de vivre la pédagogie par la nature.
Accompagnés par leur enseignante, Hélène Morin, les bambins ont ainsi l’occasion de vivre de nombreuses expériences à l’extérieur de l’école, dans la nature. « La pédagogie par la nature, ça commence par prendre le temps d’être touché, émerveillé. C’est ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre cœur, sentir ce qui nous entoure, habiter ce qui est là. C’est aussi apprendre à vivre dans toutes nos saisons et aimer ça », résume-t-elle. Chesterville est actuellement le seul endroit du Centre de services scolaire des Bois-Francs où cette pédagogie est offerte en maternelle 4 ans.
Ayant eu l’occasion d’accompagner le groupe le temps d’une matinée, La Nouvelle Union a pu constater que les petits, qui sont dans cette classe, sont heureux de se retrouver à l’extérieur afin de découvrir et d’apprendre. Avant de partir pour la forêt magique, le petit groupe se prépare, chacun plaçant sa collation dans la brouette qui sert à transporter tout le matériel nécessaire pour l’avant-midi. Chaque enfant prend aussi son bâton de marche fait à partir d’une branche d’arbre mort, qu’il a lui-même décoré et qui est orné, à son sommet, d’une pochette où il peut mettre les trésors trouvés sur le chemin.
Le groupe, dirigé par Mme Hélène et fermé par Andréa Côté (l’aide-enseignante), part alors à l’aventure au village de Chesterville afin de se rendre dans la forêt magique (une forêt privée dont l’accès leur est permis par le propriétaire) qui est agrémentée d’un joli ruisseau.
Chemin faisant, les enfants prennent le temps de s’arrêter pour saluer qui traverse la rue ou le chien Rocky. Une fois dans la forêt, le petit groupe se dirige tout près du ruisseau, où Mme Hélène racontera une histoire en prenant soin d’y intégrer certaines notions et du vocabulaire. Parce cette maternelle 4 ans a un programme à suivre, notamment en ce qui concerne l’apprentissage de la communication (en nommant les choses et les émotions), la motricité, etc.
Pour Mme Hélène, il s’agit de sa troisième année d’enseignement à la maternelle 4 ans de Chesterville, mais la sixième où elle utilise cette pédagogie. C’est par la Coopérative Enfant Nature qu’elle a réalisé sa formation de cette façon d’enseigner qui, pour elle, donne un sens à ce qu’elle fait. « J’ai toujours voulu accueillir les enfants dans leur enfance, prendre soin de ce qu’ils sont, les faire sourire, leur donner le goût d’apprendre, le goût de l’école, faire en sorte que les familles soient rassurées aussi. Les enfants ne sont pas trop petits et je ne leur demande pas d’avoir 5 ans. Ils ont 4 ans et même 3 ans à leur arrivée. Ce sera toujours ma priorité de prendre soin de leur petite enfance. Je sais que c’est précieux », affirme-t-elle.
Et elle fait tout cela en passant par la nature. Les enfants sortent tous les jours et font même leur sieste à l’extérieur parfois dans des tentes ou des sacs de couchage adaptés. Peu importe la saison, il s’agit d’être bien habillé et de bouger un peu plus lorsqu’il fait froid.
Dans une époque où tout va vite et qu’on en demande toujours davantage aux enfants, dont l’horaire est régimenté, la pédagogie nature est à contre-courant en prenant le temps de tout. Le temps de saluer M. L’écureuil qui fait de même, d’apprendre le nom d’une plante en passant, d’un arbre ou celui d’un oiseau qui vole autour. Bien sûr, en automne, les enfants ne manquent pas de faire un petit tas de feuilles (représentant un nénuphar comme dans l’histoire du jour) avant de s’y asseoir.
Ils sont bien attentifs à tout ce que Mme Hélène leur propose. Ils marchent sur de bonnes distances sans s’en apercevoir, quatre d’entre eux ayant le privilège, s’ils le souhaitent, de tirer ou pousser la brouette. Ils en apprennent sur les animaux du Québec tout en découvrant leurs forces ou leurs peurs. « Chaque animal nous met au défi de faire une nouvelle activité en nature », apprécie l’enseignante.
Celle-ci a élaboré de nombreuses façons d’enseigner la vie aux enfants. Et ce n’est pas le fait d’être à l’extérieur qui limite les bricolages qui prennent d’autres médiums que le papier et les crayons. Tout cela en gardant un œil sur chacun afin de voir s’il y a des besoins particuliers (orthophonie ou autres).
Cette pédagogie leur permet donc de devenir plus autonomes et de travailler ce qu’Hélène Morin considère comme les deux grands défis des années actuelles pour les petits : le langage et l’anxiété. « On leur apprend à vivre et à prendre soin », résume-t-elle encore. À vivre avec les autres, mais aussi avec la nature, qu’il faut respecter et aimer. D’ailleurs, ils se font un plaisir de ramasser les déchets trouvés sur le chemin, la brouette contenant toujours un sac en plastique pour les recueillir. Et une fois la collation terminée, dans la forêt magique, les trognons de pommes sont cachés dans un tronc d’arbre où ils se décomposeront pour nourrir l’hôte.
Les petits ont également du temps de jeu libre, au bord du ruisseau. Une occasion de s’amuser avec ce que la nature leur offre. Il ne faut pas longtemps avant qu’un enfant trouve une branche qui se transforme en canne à pêche. Ils laissent aller leur imagination et trouvent des jeux amusants auxquels ils jouent ensemble ou individuellement, selon leur envie du moment. Personne ne s’éloigne trop du groupe, devant toujours s’assurer de voir Mme Hélène. « Pour moi, c’est un énorme privilège que de les accompagner », insiste-t-elle.
Sur le chemin du retour, s’installant sur un amas de roches, les enfants sont attentifs à l’histoire promise de Chabichou dont les aventures sont toujours rocambolesques. Puis retour à l’école, toujours en prenant le temps qu’il faut, avant de ressortir à l’extérieur, dîner puis faire une sieste bien méritée et appréciée.
S’ils vont dans cette forêt magique au moins une fois par semaine, ils sortent tous les jours. Que ce soit dans le parc tout près ou ailleurs dans le village, l’extérieur fait partie de leur quotidien. De plus, ils entrent en contact avec les gens de Chesterville par différentes initiatives, prenant leur place dans la vie communautaire. Ça peut être d’aller chanter des chansons aux personnes âgées, créer des affiches avec des mots d’amour à la Saint-Valentin et même cuisiner des pains qu’ils livreront dans le village. « Je me trouve très chanceuse que tous les jours je grandis moi aussi avec des petits élèves de 4 ans, pas trop petits, juste plus près de la nature et de leur cœur », termine Mme Hélène.