Parler du suicide d’un proche crée un énorme malaise

Lorsqu’elle confie que son conjoint s’est suicidé, Maryse Binette fait reculer son interlocuteur d’au moins dix pieds. Le malaise s’estompe un peu quand elle parle du «cancer de l’âme» qui le rongeait, ajoute-t-elle.

La directrice générale du Grand Défi a accepté la présidence d’honneur de la 19e soirée-bénéfice qu’organise, le 31 janvier, le Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable.

Il faut que la société évolue, espère-t-elle. «Et il faut en parler, travailler à amener une nouvelle réflexion pour sauver des vies et, dans les cas où ce n’est pas possible, éviter les dommages collatéraux.»

C’est avec de l’émotion dans la voix qu’elle a livré son message, «osé le livrer courageusement», lui a-t-on fait remarquer.

Maryse Binette était déjà sensible à la cause, le Grand Défi organisant aussi la Marche pour la vie Roxanne-Poyet-Vincent. Le suicide de son conjoint, en janvier dernier, a malheureusement achevé de la convaincre que la détresse menant au suicide, comme l’alcoolisme ou la toxicomanie, est une «maladie». Il existe des ressources qu’il faut faire connaître et proposer. On peut choisir ou non de se faire traiter, dit-elle. Le suicide d’un proche provoque un sentiment de culpabilité, dont il faut se défaire, a ajouté Mme Binette. «On peut appeler à l’aide pour l’autre, mais on ne peut faire à sa place. Sa vie lui appartient.»

Le témoignage de Maryse Binette s’intègre tout à fait dans les visées du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable.

La directrice générale de l’organisme, Catherine Coutel, souligne que la prochaine soirée-bénéfice vise à développer de nouveaux outils pour rejoindre les hommes là où ils sont, souvent dans leur milieu de travail.

Il y a autant d’hommes que de femmes qui tentent de se suicider, a-t-elle dit. Mais les hommes y parviennent plus que les femmes. «Leur dynamique est différente. Un homme, ça doit être fort, ça ne parle pas. Il souffre en silence. Et quand il parle, ça sort mal… et il ne s’attire pas l’empathie de son entourage.»

Au-delà des services d’écoute téléphonique 24 heures par jour, sept jours par semaine (819 751-2205 pour la MRC d’Arthabaska et  819 362-8581, pour L’Érable) le Centre a développé de multiples services. Les plus récents visent le soutien des jeunes endeuillés par suicide (3 à 12 ans) et les proches ébranlés par la tentative de suicide d’un des leurs.

Mme Coutel explique que la liste d’attente était de 8 à 9 mois pour soutenir les proches de gens qui avaient été hospitalisés à la suite d’une tentative.

Elle dit encore que l’an dernier, le Centre a procédé à 37 «sauvetages», ayant recouru à la Loi P-38, celle l’autorisant à appeler les policiers à intervenir auprès d’une personne suicidaire. «Dans 96% des cas, les gens étaient d’accord à ce qu’on intervienne.»

Pour certains, le Centre est l’ultime messager à qui ils se confient et à qui ils annoncent vouloir en finir avec la vie, explique Catherine Coutel.

Elle a bien précisé que tous les services du Centre étaient gratuits. Et que l’organisme offrait des formations à ces entreprises désireuses d’avoir des «sentinelles» dans leur milieu de travail. «On s’occupe beaucoup de santé physique. Se former à la prévention du suicide, c’est un peu de se former à la RCR psychologique.»

Le souper-bénéfice du 31 janvier se tiendra au Victorin, centre des congrès. Le Parminou l’animera par la présence du maître de cérémonie Jean-François Gascon et probablement d’une intervention théâtrale a dit Hélène Desperrier. «Le Parminou s’associe à cette cause, parce que c’est une question de vie ou de mort.»

On peut se procurer des billets (50 $) donnant droit au souper trois services, au tirage de quatre prix, chez Escapade Voyages & Aventure rue Saint-Louis à Victoriaville, chez Accommodation Le Gazstore à Warwick et auprès du Centre de prévention suicide (819 751-8545, poste 3).