«On est des gens ordinaires qui vivent quelque chose d’extraordinaire»
Le cheminement d’un jeune hockeyeur de Victoriaville, de ses premiers coups de patin jusqu’à la prestigieuse Ligue nationale de hockey, mais du point de vue des parents. Voilà ce que réservaient, mercredi soir, Alain Danault et Michèle Paradis, les parents de Phillip, aux 150 convives qui participaient au Souper des personnalités de la Fondation de l’Ermitage.
Coprésidents d’honneur de la campagne de financement de l’organisme, Michèle et Alain ont aussi agi comme conférenciers lors du souper, racontant ce qu’ils ont vécu en accompagnant leur fils, en le voyant gravir les échelons supérieurs.
Phillip Danault, le numéro 24 du Canadien de Montréal, a donné ses premiers coups de patin à l’âge de trois ans. «Nous nous sommes aperçus rapidement qu’il aimait bouger, qu’il aimait les sports. Mais il aimait vraiment beaucoup le hockey», a raconté son papa, photos à l’appui montrant le futur joueur de la LNH endormi avec des pièces d’équipements ou tout simplement au petit coin…
«C’était un enfant très joyeux et glouton aussi», a ajouté la maman.
Sur une patinoire, Phillip n’appréciait pas la défaite, voulant toujours gagner. Rapidement, il s’est démarqué des autres, comme en fait foi une saison de 105 points (70 buts, 35 mentions d’aide) dans la catégorie Novice B.
Le jeune Danault, a raconté papa Alain, a franchi les étapes, la catégorie Atome BB, son passage avec les Cascades AA, puis son arrivée dans le Midget AAA où, à la suggestion de son père, il a pris son courage à deux mains pour aller discuter avec son entraîneur de son temps de glace qu’il jugeait insuffisant. «Ça a été un point tournant», a confié Alain Danault.
Par ailleurs, grâce à la vidéo, les convives ont pu revivre un moment marquant : le repêchage de Phillip par les Tigres de Victoriaville de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. «Depuis son jeune âge, Phillip avait les Tigres tatoués sur le cœur. Il accompagnait à l’aréna son père (annonceur maison des Félins pendant 19 ans)», a rappelé Michèle Paradis.
Phillip Danault a évolué avec les Tigres pendant trois saisons et demie. «Tout a été formidable à 99%. Pour le 1%, certaines choses étaient agaçantes, a confié Alain Danault. Mais on a eu une oreille attentive. Jean Marcotte et Éric Bernier ont été très compréhensifs.»
Vient ensuite l’échange du Victoriavillois à Moncton et le pire scénario qui se présente. En séries éliminatoires, Phillip doit affronter ses amis, puis écopera d’une suspension après l’envoi par les Tigres des images à la LHJMQ de sa mise en échec.
Le moment le plus déchirant de sa carrière, témoignent les parents encore émotifs et ayant trouvé difficile l’attitude des gens. «On était devenus des ennemis», a souligné le père de Phillip.
Et puis, à 18 ans, un grand moment, montré aussi sur vidéo, le repêchage du jeune homme par les Black Hawks de Chicago de la LNH. Quatorze membres de la famille se trouvaient au Minnesota pour l’occasion.
Phillip évoluera deux ans dans la Ligue américaine de hockey, disputera son premier match dans la LNH en novembre 2014 à Edmonton.
Après une intervention chirurgicale importante à la hanche en août 2015, Chicago a rappelé le Victoriavillois le 18 décembre 2015. Le mois suivant, alors que son père et sa mère assistent au match à Buffalo, leur garçon marque son premier but dans la grande ligue. «Un moment magique», a dit Alain Danault. But que l’auditoire a pu voir ou revoir.
Il va sans dire que les parents de l’attaquant du Tricolore se souviendront de ce 26 février 2016 alors qu’ils apprennent, par un coup de fil de leur fils, son échange avec «l’équipe la plus prestigieuse au monde», souligne Alain, le Canadien de Montréal.
Onde de choc dès ce moment. Le téléphone ne dérougit pas, les textos affluent.
«Les médias appelaient pour parler à Phillip, mais c’était impossible. Il jouait le lendemain à Toronto. J’ai moi-même accordé des entrevues, a confié Alain Danault. J’ai voulu placer les attentes à la bonne place, martelant que Phillip n’arrivait pas comme un sauveur, qu’il était un joueur à caractère défensif et qu’il représentait une pièce de casse-tête dont tous ont besoin.»
Les Danault ont fait face aussi à une multitude de demandes que gérait Alain, si bien qu’à un certain moment, il en a remis la responsabilité à l’agent de Phillip, Stéphane Fiset. «Cela n’avait plus de sens. Chaque fois que je parlais à Phillip, il y avait une demande. C’était devenu une relation d’affaires. Ce n’est pas ça qu’on voulait», a-t-il expliqué.
«Tout est «big» ce qui arrive», a souligné la maman Michèle Paradis, de sorte qu’une réunion familiale autour d’un repas à Québec leur a permis de retrouver un bel équilibre.
Alain et Michèle ont beaucoup parlé de Phillip, bien sûr. Mais aussi de la petite sœur Ann-Andrée qui devait suivre, un peu contre son gré.
«Elle a essayé toutes sortes de disciplines, mais elle n’est pas une passionnée de sports, a révélé Michèle Paradis. Aujourd’hui, nous sommes très fiers de cette jeune femme déterminée, autonome, équilibrée et dotée d’un sens inné des affaires. Elle fonce là-dedans, elle s’implique dans le milieu. On est fier de ce qu’elle accomplit.»
Et la conclusion, finalement, appartient à Alain Danault. «On est des gens ordinaires qui vivent quelque chose d’extraordinaire. Mais, en fin de compte, a-t-il noté, pour nos enfants, comme ça doit être le cas pour les vôtres, ce n’est pas ce qu’ils font qui est important, mais plutôt qu’ils soient d’abord et avant tout de bonnes personnes.»