Ô combien essentielle cette journée du 6 décembre
Ce 6 décembre, cette Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, demeure toujours d’actualité. «Comme femme, j’ai même parfois l’impression de vivre un recul important devant certains événements, comme l’histoire des femmes autochtones, la culture du viol sur les campus universitaires et les propos haineux adressés à certaines personnalités sur les réseaux sociaux», a souligné Julie Croteau, directrice générale de la Maison d’hébergement La Volte-Face de Victoriaville.
Julie Croteau s’adressait aux quelque 70 participants à l’activité de clôture de la troisième campagne de financement de l’organisme en fin de journée, mardi, au Complexe Évasion.
«Le 6 décembre, a-t-elle noté, constitue le point culminant de 12 jours d’action, du 25 novembre au 6 décembre, pour l’élimination de la violence envers les femmes. J’aimerais ne plus avoir besoin de cette journée, mais ce n’est pas le cas. Tout démontre que cette journée demeure nécessaire.»
Au Canada, a fait savoir la directrice de La Volte-Face, une femme sur trois, depuis l’âge de 16 ans, est victime de violence conjugale de son conjoint actuel ou précédent. «C’est attristant, ce sont des chiffres alarmants qui n’incluent pas la violence psychologique, verbale et économique. C’est inacceptable. Cela démontre qu’on doit encore se battre», a fait valoir Julie Croteau.
Par ailleurs, la Volte-Face a profité de la soirée pour présenter l’une des quatre vidéos produites par les sept maisons d’hébergement du Centre-du-Québec, un projet piloté par la maison d’hébergement de Victoriaville. «On y présente un autre visage de cette violence, celle vécue par les enfants qui ne sont pas seulement témoins. Ils sont aussi victimes même s’ils ne reçoivent pas de coups», a expliqué Julie Croteau.
«Les enfants, a-t-elle ajouté, se sentent souvent coupables, responsables de la violence dans leur famille. Ils ont besoin d’être écoutés, de se sentir en sécurité.»
Dans la vidéo visionnée, les jeunes véhiculent l’importance d’en parler, de demander de l’aide, d’avoir le courage de dénoncer et d’avoir confiance parce que l’espoir existe.
Aux gens présents, Julie Croteau a voulu qu’ils retiennent que la violence conjugale n’est pas qu’une affaire de femmes. «Elle concerne tout le monde, les femmes, les hommes, les enfants, les élus, les amis, les voisins… J’aimerais qu’on profite de cette journée pour prendre position et dénoncer cette violence. Le 6 décembre, c’est une toute petite journée, mais le ruban blanc, on doit le porter chaque jour. Nous devons chaque jour prendre position contre les gestes de violence qu’on voit. Nous devons déclarer collectivement et individuellement que la violence, on ne l’accepte pas et affirmer qu’aucune femme, aucune mère, fille, sœur et amie n’ait à vivre dans un climat de violence ni à vivre de la violence», a-t-elle conclu.
9500 $ amassés
Pour cette troisième campagne de financement après une absence de trois ans, la maison d’hébergement La Volte-Face a repris une formule qu’elle connaît bien et qui lui a valu le succès dans le passé, la vente de billets dans la population pour le tirage de prix totalisant plus de 4000 $.
Pas moins de 950 billets ont été vendus, permettant à l’organisme d’amasser 9500 $.
«Nous sommes très satisfaits, même si nous n’avons pas atteint les 11 000 $ de notre deuxième campagne. Nous avons, en revanche, obtenu une grande visibilité notamment sur les réseaux sociaux. Ce sont des retombées qu’on ne peut négliger», a commenté Julie Croteau.
Les 9200 $ recueillis permettront à La Volte-Face de payer une partie de la facture annuelle d’épicerie qui s’élève à 22 000 $. «Cela fait en sorte qu’on peut offrir d’autres services et maintenir la gratuité. Cela nous permet d’assurer tous les services 24/7», a fait savoir la directrice générale.
En plus du service d’hébergement réservé principalement aux cas majeurs de sécurité, la Volte-Face propose des services externes, rencontrant annuellement un millier de femmes et quelque 300 enfants.
«Il est essentiel d’avoir un organisme comme La Volte-Face. Encore aujourd’hui, des femmes et des enfants sont victimes de violence. Il faut des organismes pour les soutenir et les accompagner. La Ville se fait un devoir de supporter ces organismes», a souligné le maire André Bellavance qui assistait à la soirée animée par Lydia Jacques et Paul Chatman d’Attraction Radio KYQ 95,7.