Mieux les connaître pour mieux les comprendre

Pendant qu’à Québec on rendait hommage à Mamadou Tanou Barry, Aldelkrim Hassane et Azzeddine Soufiane, victimes d’un attentat perpétré dimanche dernier dans le secteur Sainte-Foy, des musulmans se recueillaient au Centre culturel islamique de Victoriaville à l’occasion de la prière du vendredi.

Jalal Essaih et Aziz Abouayade, qui sont établis à Victoriaville depuis respectivement sept et dix ans, n’ont pas remarqué de changements dans le regard des autres. «Il est encore trop tôt pour le dire», a fait part M. Abouayade.

Malgré la tragique fusillade, ils ne sont pas plongés dans la peur, bien au contraire. Ici, ils se sentent en sécurité. «Les Québécois sont un peuple très peace», a souligné M. Abouayade.

Marié à une Québécoise depuis quelques années, il a confié qu’il n’était pas du genre à crier haut et fort qu’il est musulman. «Lorsqu’on me demande d’où je viens, je dis que je suis originaire du Maroc et c’est tout. Par contre, si la personne en face de moi me pose plus de questions, je vais répondre», a-t-il expliqué. Il a par ailleurs fait savoir que plusieurs membres de sa belle-famille l’ont contacté le soir de la tuerie pour lui offrir leurs condoléances.

Mohammed Aknouche, originaire de Québec et de passage à Victoriaville, connaissait vaguement deux des six victimes du tireur. À son travail au lendemain du drame, il a reçu plusieurs témoignages de sympathie de ses collègues. Un d’entre eux avait les larmes aux yeux. «Ça a été un choc de voir ça aux nouvelles», dit-il avec émotion.

Trop souvent une image négative

Ces trois hommes savent que l’image des musulmans, qui pratiquent la religion islamique, vient d’attirer un vent de sympathie aux yeux du monde. Or, selon eux, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

«On ne voit que nos mauvais côtés et lorsque l’on parle de nous, c’est souvent l’image de la femme voilée qui revient. Depuis que je suis ici, je n’ai jamais vu un média parler de nos valeurs islamiques», a déploré M. Essaih sur un ton calme et posé.

«Je suis déjà allé dans une école pour parler de ma religion et on me regardait comme si j’étais un extraterrestre», se souvient M. Abouayade.

La communauté s’agrandit

En 2006, ils étaient seulement cinq musulmans à Victoriaville et, aujourd’hui, on retrouve près de 120 familles musulmanes au sein de la MRC d’Arthabaska.

Lors de la journée de la prière, ils étaient une vingtaine réunis au Centre culturel islamique. Plusieurs s’étaient rendus à Québec pour rendre hommage aux disparus.

Voyant le nombre de musulmans en constante augmentation dans la région, la direction du Centre culturel islamique de Victoriaville n’écarte pas la possibilité d’acquérir un local plus grand ultérieurement.