Mieux connaître la clientèle immigrante pour mieux intervenir

Appelés à agir rapidement dans des situations d’urgence, il arrive de plus en plus que les intervenants sont confrontés à des réactions imprévues de la part des sinistrés surtout quand ceux-ci ont un bagage culturel différent.

Pour cette raison, une cinquantaine d’intervenants provenant des quatre coins du Centre-du-Québec ont participé à une conférence du Service d’intervention d’urgence civil du Québec (SIUCQ) sous le thème : Les interventions d’urgence auprès de la clientèle d’ethnies étrangères et de religions variées.

Le conférencier, Abdelilah Annemer, un spécialiste en intervention multiethnique, qui habite le Québec depuis 35 ans, a expliqué notamment comment réagissent les différentes communautés ethniques face à une situation de sinistre. «L’humain est, à la base, identique. Que ce soit un sentiment de peur, d’angoisse ou d’insécurité, l’individu, de toutes ethnies, réagit de la même façon.»

«La population a une méconnaissance de l’autre. Malgré tout ce que l’on peut penser, les religions encouragent l’entraide. Alors, quand on me demande s’il faut faire le bouche-à-bouche à une femme musulmane qui est en arrêt cardiaque, je réponds oui! Il faut utiliser la logique et agir dans l’intérêt de la personne, peu importe qui se trouve devant nous», a-t-il ajouté.

Une réalité dans la région

Pour le directeur médical et responsable des relations publiques au SIUCQ à Drummondville, Martin Sanfaçon, il était évident qu’une formation du genre devenait nécessaire. «La ville accueille de plus en plus d’immigrants et les intervenants devaient avoir l’heure juste sur la façon d’agir auprès des sinistrés étrangers. On veut mieux reconnaître une personne en détresse lors d’un sinistre. Une telle situation n’est pas encore arrivée, mais quand ça arrivera, nous serons prêts.»

Abdelilah Annemer et Martin Sanfaçon s’accordent pour dire que ces gens ont une culture différente des gens d’ici, alors ils risquent de réagir d’une façon différente.

«Il y a des pays où, quand tu te fais sortir de ton lit en pleine nuit, c’est pour séparer les hommes des femmes et des enfants et tu ne sais jamais quand tu reverras tes proches. Alors, imaginez un pompier qui demande à toute une famille de sortir de la maison, rapidement, dans tout le brouhaha des sirènes, comment ils peuvent réagir. Ensuite, on leur demande de monter dans un autobus. Encore là, il y a des pays où l’autobus est synonyme de fuite. Il faut leur faire comprendre que nous sommes là pour les aider. Il faut s’ajuster», a raconté M. Sanfaçon.

À la suite de cette formation, le SIUCQ ne sent pas le besoin d’effectuer de changement dans ses procédures d’interventions. Les bénévoles ont vu leurs appréhensions et leurs craintes disparaître.

«Les immigrants savent qu’ils sont dans un pays libre. Ils savent que les intervenants sont là pour les aider, mais il faut comprendre que certains ont vécu des atrocités et le réflexe naturel est souvent encore présent. Il n’y a pas de recette magique. C’est du cas par cas», a conclu M. Annemer.