Matthieu Hébert : au sommet en hommage à sa mère

Le 7 janvier, jour de l’anniversaire de sa mère, Matthieu Hébert est parvenu, à 5895 m d’altitude, au sommet du mont Kilimandjaro en Tanzanie, un pays de l’Afrique de l’Ouest. Mission accomplie pour le jeune homme de Saint-Valère qui voulait ainsi rendre hommage à sa maman Line Gagnon décédée de la maladie du Parkinson le 27 novembre 2023 à l’âge de 60 ans.

Pour l’agriculteur, épris depuis toujours de plein air, de montagne et de volcan, l’ascension du Kilimandjaro, au-delà de l’exploit physique, symbolisait la détermination, le courage et l’espoir face au Parkinson, une maladie destructrice.

Avec son périple, Matthieu Hébert tenait aussi à diriger le projecteur sur l’organisme Parkinson Centre-du-Québec-Mauricie, présent à Victoriaville, Drummondville et Trois-Rivières.

L’organisme, confiait-il en entrevue en septembre, a été d’un soutien inestimable pour sa maman et pour toute la famille.

C’est pourquoi il a mis sur pied une campagne de financement au profit de Parkinson Centre-du-Québec-Mauricie. L’objectif, fixé à 15 000 $, était quand même ambitieux. Non seulement il a été atteint, mais on l’a dépassé avec une somme amassée de 16 200,53 $.

Très satisfait du dénouement, Matthieu Hébert sortait tout de même de sa zone de confort avec pareil exercice. « J’ai trouvé que le travail déployé pour la collecte de fonds équivalait à l’effort physique exigé pour gravir la montagne », souligne-t-il.

« Une belle communauté t’entoure, renchérit Hélène Lapointe, directrice générale de Parkinson Centre-du-Québec-Mauricie. Quand on regarde le nom des donateurs, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de gens de ta famille, des agriculteurs, beaucoup de compagnies agricoles. On sent que ta communauté t’a beaucoup soutenu. »

Bien que l’organisme obtienne notamment un financement du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), il compte sur des dons de la population pour mener à bien sa mission.

« Ça nous prend des dons de la population pour pouvoir boucler notre budget, pour offrir nos services tout à fait gratuitement. Il nous faut trouver environ 10 000 $ par an. Le montant recueilli par Matthieu nous procure une sécurité minimale d’un an », se réjouit la directrice générale.

Objectif le sommet

Le Valérien a quitté le Québec le 30 décembre à destination de l’Afrique de l’Ouest. Avec Matthieu Hébert, deux autres Québécois, un homme et une femme, prenaient part à l’expédition d’une durée de sept jours. « Le 1er janvier, le guide est venu nous aider à préparer notre sac pour la semaine. Un guide tanzanien qui parlait français. Il nous a expliqué comment ça allait se passer », raconte Matthieu.

Pour accompagner le trio, pas moins de 13 Tanzaniens, des porteurs, deux guides, un chef cuisinier. « Il nous faut tout traîner, la tente, la bouffe, les vêtements. Il en faut des vêtements en raison des variations de température », indique l’aventurier.

Le groupe s’est officiellement mis en route le 2 janvier. Au cours de la semaine, ils ont dormi à six endroits différents sur la montagne. 

Chaque matin, à 8 h, c’était le coup d’envoi d’une nouvelle journée. « Nous marchions entre 4 et 6 heures par jour. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est quand même exigeant, car le parcours est continuellement ponctué des montées et de descentes », relate Matthieu Hébert.

Les nuits sont plutôt longues, note-t-il, le soleil se couchant très rapidement et très tôt. « Le soleil se couche à 18 h 30 et il est interdit de faire un feu sur la montagne. Il n’y a rien à faire, fait-il remarquer. Après une heure de discussions avec les autres, on allait se coucher. »

Les participants se font tirer de leur sac de couchage vers 6 le matin en se faisant proposer un café chaud. « Comme il fait froid, le café est très apprécié », dit Matthieu.

Durant les heures de marche, Matthieu porte son sac à dos, comprenant quatre litres d’eau et son équipement imperméable indispensable parce qu’il a plu tous les jours. « Il y avait un peu de pluie chaque jour, mais après la pluie venait le soleil. »

À n’en point douter, la dernière journée, celle pour se prendre au sommet, est la plus exigeante. « Côté physique, c’est ce qui a été le plus difficile. On nous avait demandé de nous coucher l’après-midi, au dernier camp de base à 4673 m où nous étions parvenus vers 14 h. Avec la chaleur et le soleil, je n’ai pas dormi du tout », mentionne le résident de Saint-Valère.

Arrive 23 h, moment de la préparation et d’une petite collation. Puis, à minuit, débute l’ascension vers le sommet du Kilimandjaro. « On marche afin d’arriver au sommet à temps pour le lever du soleil. On marche en pleine noirceur avec une lampe frontale. On ne voit rien du tout. Tu ne vois même pas le sommet, tu marches dans l’inconnu. Rien d’autre à faire que de regarder tes pieds pour ne pas trébucher. Et à une telle altitude, c’est plus difficile au niveau de la respiration », observe Matthieu.

Du dernier camp de base jusqu’au sommet, la marche se fait beaucoup plus lente. « Tu marches lentement et si tu te surprends à marcher trop rapidement, le cœur va te le dire, tu l’entends pomper. »

Après six heures de marche, le groupe se pointe au sommet, à 5895 m, un peu avant la levée du jour, moment auquel les participants ont assisté. « Nous étions les premiers arrivés au sommet. Il faut savoir que c’est populaire, il y a plusieurs groupes », mentionne Matthieu Hébert.

« Au sommet, constate-t-il, les poumons étaient compressés. On a le souffle court, pas moyen de prendre une grande respiration ».

Pendant 30 minutes, il a pu profiter de la magnificence des lieux. Après quoi, les guides invitent à s’activer et à amorcer la route du retour sur un chemin pratiquement en ligne droite. La marche durera une journée et demie incluant une nuit passée à un camp situé à environ 3000 m.

« En redescendant le soleil se levait, il faisait plus clair et il commençait à faire chaud. Descendre c’est exigeant aussi », fait-il savoir.

L’expédition aura duré sept jours. « Ça a passé vraiment vite, j’ai vraiment aimé ça », commente Matthieu Hébert qui s’était bien préparé à vivre l’expérience, en s’entraînant notamment dans les monts Chic-Chocs, mais aussi en fréquentant plusieurs fois le Sentier des trotteurs.

Non seulement, dit-il, sa préparation physique était excellente, Matthieu pense même qu’il était surentraîné. « Je n’avais aucune douleur, aucune ampoule. J’aurais pu y retourner. »

Parvenu au sommet, le jour même de l’anniversaire de sa mère, Matthieu Hébert était vraiment émerveillé. « C’est l’apogée de tout ce que j’ai fait et avec le lever du soleil, j’étais rempli d’émotions. Oui, mission accomplie, c’est une grande satisfaction. »

Il a même produit une vidéo au sommet. Ému, le jeune homme a été incapable de parler. Qu’importe, ce silence valait bien 1000 mots.