Maltraitance : un projet de loi salué

Le Regroupement des ressources résidentielles de la Mauricie/Centre-du-Québec salue cette initiative du projet de loi visant à enrayer la maltraitance des personnes vulnérables hébergées malgré le dédoublement du rôle qu’assume déjà le commissaire aux plaintes ou même le Protecteur du citoyen.

«Il s’agit là d’un pas dans la bonne direction afin de protéger davantage les personnes vulnérables hébergées dans le réseau de la santé et des services sociaux.  Cependant, ce projet de Loi manque sa cible, comme c’est le cas pour le régime d’examen des plaintes, parce qu’il exclut les familles d’accueil, en les privant du droit de parole pour dénoncer les différentes formes d’abus organisationnels», selon monsieur Hébert, président du Regroupement des ressources résidentielles de la Mauricie/Centre-du-Québec.

Le projet de Loi prévoit l’interdiction à un employeur d’exercer des mesures discriminatoires, des représailles ou toute autre sanction allant jusqu’au congédiement, à tout employé qui aurait dénoncé une forme de maltraitance.  Ce qu’il faut comprendre, c’est que les familles d’accueil sont à contrat « de gré à gré » avec les Centres intégrés des services de santé et des services sociaux (CISSS ou CIUSSS).  Ces responsables de ressources d’hébergement et de soutien n’ont aucune tribune «légale» pour dénoncer les différentes formes d’abus sans devenir eux-mêmes des victimes du réseau, en risquant la fermeture pour avoir osé dénoncer.

«Depuis de nombreuses années, nous sensibilisons le gouvernement sur cette question et sur l’urgence de créer un ombudsman indépendant du «système». Un arbitre muni de pouvoirs de recommandations et de sanctions ; une vigie régionale sur toutes les formes d’abus, ce que le projet de loi ne prévoit pas.  Cette lacune aura pour effet de renforcir l’atmosphère malsaine et arbitraire dont jouissent les CISSS/CIUSSS. Le harcèlement et l’intimidation sont une pratique courante et méconnue du grand public ou la Loi de l’Omerta est omniprésente», indique Pierre Hébert, aussi, copropriétaire avec sa conjointe, d’une ressource intermédiaire en milieu familial depuis plus de 16 ans à Ste-Élizabeth-de-Warwick.

Au Québec, ce sont plus de 24 000 usagers qui sont pris en charge par plus de 8 500 responsables de ressources résidentielles (familles d’accueil).  Une forte proportion de cette clientèle est sans régime de protection et se retrouve dans une position de vulnérabilité face aux services reçus des Centres de réadaptation, maintenant appelés CISSS/CIUSSS.

Aujourd’hui, plusieurs responsables de ressources paient très cher leur don de soi : faillite, anxiété, séparation/divorce, dépression et même suicide, pour avoir osé dénoncer. La gravité des faits rapportés et les impacts de ceux-ci sur le bien-être et la sécurité des usagers ainsi que sur la qualité des services offerts, sont extrêmement dommageables, auprès de cette clientèle.

Il n’est pas exagéré de préciser que les séquelles physiques, psychologiques et financières vécues par les responsables de ressources s’apparentent de près au syndrome post-traumatique reconnu pour les militaires.   

«Comme société, nous  devons garantir un milieu vie libre de toutes formes d’abus, pour les usagers de même que pour les milliers de familles d’accueil qui ont accepté de vivre « la différence » avec leurs usagers», termine M. Hébert