L’obsession du déficit zéro au détriment des jeunes du Québec
PLESSISVILLE. Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) impose aux carrefours jeunesse-emploi (CJE) une désorganisation totale. Cette désorganisation aura d’importantes répercussions sur les services offerts aux jeunes dans les CJE. Ce sont les jeunes, encore une fois, qui écoperont le plus de ces mesures d’austérité. Les jeunes ne sont visiblement plus une priorité pour le MESS.
Dans le cadre des travaux de la Commission permanente de révision des programmes, le MESS avait convié le 21 octobre, à Québec, le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec (RCJEQ) à une rencontre d’information sur les CJE. Trois représentants du RCJEQ étaient présents. Force est d’admettre que le Ministère, en imposant une désorganisation totale des services offerts dans les CJE, obsédé par le déficit zéro, sacrifie les jeunes du Québec.
Le Ministère impose aux CJE un modèle administratif basé sur des ententes de services régionales. Emploi-Québec contrôlera le référencement des jeunes, ce qui éliminera l’autonomie d’intervention des CJE, pourtant reconnus pour leur expertise auprès de tous les jeunes, incluant les jeunes à risque. Des délais importants d’accès aux services risquent d’être inévitables pour les jeunes recrutés par les CJE.
Des impacts majeurs se feront sentir auprès des jeunes «sans chèque» qui ne sont ni aux études, ni en emploi ou en stage. Le gouvernement risque de perdre de nombreux jeunes avec cette désorganisation. Le marché du travail a besoin de tous les jeunes. Comme société, nous n’avons pas le luxe d’en exclure un seul.
«Ce que nous voulons rappeler au gouvernement, c’est que l’action des CJE est nécessaire et essentielle pour diriger les jeunes vers l’emploi. Nous serons toujours fiers de réaliser notre mission, jour après jour, afin que chaque jeune puisse trouver sa place au sein de la société. Le modèle administratif proposé par le ministère de l’Emploi fragilisera des jeunes qui sont déjà à risque», ont affirmé les directrices générales des carrefours jeunesse-emploi du Centre-du-Québec.
L’imposition d’un type de clientèle sélectionné par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale vient diminuer l’universalité de la clientèle, un principe essentiel pour tous les CJE du Québec qui souhaitent accueillir tous les jeunes du Québec, sans égard à leur statut socioéconomique.
«Avant d’aller plus loin dans nos réflexions, nous souhaitons d’abord en discuter entre nous. Chose certaine, ce que le Ministère souhaite ne convient absolument pas et ne répond pas aux besoins des jeunes. Nous nous réunissons les 28 et 29 octobre dans le cadre de notre congrès annuel. Nous avons l’intention de proposer des alternatives au Ministère afin de continuer de mettre l’accent sur les services offerts aux jeunes de la région. Saura-t-il nous entendre?», questionnent les directrices générales des CJE.
Les CJE : un partenaire de choix pour le Québec selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
Soulignons que dans son document Stratégies d’emploi et de compétences au Canada, l’OCDE affirme que «les carrefours jeunesse-emploi sont bien organisés et offrent divers programmes pour aider les jeunes. Ils occupent également une place de choix pour aider les employeurs locaux, les conseils sectoriels et la Commission des partenaires du marché du travail à soutenir les jeunes à «risque» de différentes façons et à encourager les décrocheurs sans titre de compétences à terminer leurs études». Cette reconnaissance de l’action des CJE témoigne de la crédibilité de l’intervention des CJE.