L’objectif : «sauver la mission de Répit Jeunesse»
COMMUNAUTAIRE. S’il est prêt à dresser un premier bilan de l’audacieuse campagne visant amasser 550 000 $ pour Répit Jeunesse, son directeur général Claude Raymond veut parler de la mission de l’organisme. Surtout des 621 jeunes qui en ont reçu des services au cours de la dernière année.
À la barre de l’organisme depuis février, M. Raymond ne cache pas que la situation financière de Répit était «problématique» et qu’il a fallu convenir d’un plan de redressement.
Surtout grevé par l’hypothèque de 450 000 $ sur son nouvel édifice, le budget avait accusé pour la première fois de son histoire (24 ans) un déficit de 117 000 $. «Je m’étais donné 43 mois pour le résorber. En mars dernier, le déficit n’était plus que de 35 000 $.»
Pour faire fondre le déficit, plusieurs coupes ont été effectuées.
Malgré l’augmentation de la clientèle de jeunes, Répit ne mise plus que sur deux travailleurs de rue au lieu de trois. La halte-garderie est fermée, temporairement, précise M. Raymond. Le service d’autobus familial pour les parents a disparu du décor et les sorties à l’extérieur (pour des réunions) ont été réduites.
Les cinq couples de gens d’affaires travailleraient avec acharnement pour amasser les 550 000 $ visés. «On s’attend à atteindre les 300 000 $ à la fin de l’automne», note Claude Raymond.
Il vise cet objectif pour libérer le budget du boulet de l’hypothèque, procurer une marge de manœuvre à l’organisme. «Il ne s’agit pas tant de sauver l’organisme que d’en sauver la mission.»
Une mission fondamentale
Et cette mission, le directeur général la côtoie tous les jours, incarnée directement par les jeunes qui fréquentent D’École de la rue, par ceux qui se retrouvent au Café Oppidum (à même l’édifice Renald Jacques où loge Répit) et indirectement par les travailleurs de rue.
L’organisme a beau exister depuis 1992, il demeure méconnu, soutient encore le directeur général. Peut-être justement parce que les jeunes à qui Répit s’adresse sont souvent en rupture sociale, marginalisés ou en voie de l’être, explique-t-il. Ils ne sont pas tous dans la rue, au sens littéral du terme, mais vivent des difficultés. «Quoi que, à ce sujet, on commence à voir des itinérants.»
Même s’ils vivent chez leurs parents, dans un appartement, sont aux études ou ont un petit boulot, des jeunes peuvent être aux prises avec des problèmes de santé mentale, de rupture familiale ou amoureuse, de consommation de drogues ou d’alcool, d’identification sexuelle, se débattre avec des problèmes judiciaires.
Les travailleurs de rue et, l’été, la travailleuse de parc, vont au-devant des jeunes.
Les deux travailleurs de rue sont intervenus auprès de 384 jeunes de 12 à un peu plus de 30 ans l’an dernier, des prestataires d’aide sociale pour près de la moitié, surtout des gars (234). L’écoute et l’échange comptent pour plus de la moitié des interventions, les problèmes relationnels et émotionnels étant souvent au cœur de leurs tourments.
L’équipe des travailleurs de rue se rapprocherait graduellement du milieu des drogues injectables, révèlent les statistiques de Répit.
La travailleuse de parc – un service que rend Répit pour la Ville – a rejoint encore plus de jeunes que l’année précédente (96). Ils la connaissent et la reconnaissent puisqu’elle en était, à l’été 2015, à sa deuxième année d’intervention.
Le volet D’École de la rue permet à des jeunes de se raccrocher à leur parcours scolaire, le service étant offert avec la collaboration de la Commission scolaire des Bois-Francs. D’ailleurs, grâce à ce fidèle partenariat, Répit a pu ouvrir une classe Alpha présecondaire. Durant l’année 2015-2016, 37 élèves se sont inscrits à l’école de Répit, 23 élèves s’y maintenant mensuellement.
Et le Café Oppidum a connu un achalandage record avec 4916 entrées (250 jeunes différents). Le lieu est à la fois un repère, un refuge pour des jeunes qui peuvent d’ailleurs recourir aux services des intervenantes sur place.