Les sapins de Noël en demande

La demande pour des sapins de Noël naturels atteint des sommets depuis deux ans. Or, pour les producteurs, il n’est pas si simple de répondre à cet intérêt aussi rapidement. 

Les requêtes fusent de toutes parts : États-Unis, Canada, Québec et même du petit marché grandissant de l’autocueillette.

Le président de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec (APANQ), Charles Vaillancourt, témoigne de l’appétit croissant pour l’arbre naturel. « Depuis plusieurs années, on sent une très forte demande. La pandémie a aidé, mais c’était déjà fort depuis trois ans. La vague verte du côté de l’arbre naturel a fait son bout de chemin. Les gens veulent acheter local, encourager des producteurs d’ici. « Son association représente près d’une soixantaine de membres producteurs.

À l’APANQ, le téléphone ne dérougit pas. « On a beaucoup d’appels à l’association pour pouvoir couvrir un éventail de demandes », souligne M. Vaillancourt. Les appels proviennent de petits comme de grands commerçants, du Canada comme des États-Unis. Ceux-ci espèrent dénicher d’importantes quantités de sapins pour combler leurs clients. 

Richard Plante, copropriétaire chez Plantations Univert à Bonsecours, affirme que la demande est très forte cette année. « Je suis obligé de refuser des clients.» Même son de cloche chez Plantation Pierre Mailhot et fils, où le propriétaire Éric Mailhot affirme être fortement sollicité. « On reçoit six ou sept appels par semaine pour avoir plus d’arbres. C’est fou, les courriels. Les gens cherchent des sapins. » Celui qui coupe en moyenne 10 000 arbres par an affirme qu’il aurait pu en vendre 200 000 s’il avait eu ce nombre à sa disposition. 

« Ça fait plus de cinq ans qu’on plante de plus en plus au Québec et aux États-Unis. On a vu la demande monter graduellement », témoigne le président de l’APANQ.

Possibilité de pénurie

Selon Charles Vaillancourt, il faut envisager un manque d’arbres prêts à récolter. « On va peut-être parler d’une pénurie. J’essaie d’éduquer tout le monde, parce que de la graine jusqu’à un arbre de 6 à 7 pieds, il faut 13 ans. Ce n’est pas facile de se virer sur un dix sous pour s’adapter à la demande », dit-il. Ceux qu’il souhaite éduquer, ce sont les agriculteurs qui, au fil des années, ne récoltent et ne plantent pas forcément de façon régulière, créant des vagues sur le marché. 

Mais face à la popularité de leur produit, un choix s’impose aux producteurs : couper davantage au risque de compromettre de futures récoltes ou refuser des commandes. Selon Éric Mailhot, « Si tu veux récolter tous les ans, il ne faut pas sauter une année de plantation ». Sa production est réservée trois ans à l’avance, tout comme la relève de ses plants qu’il commande en pépinière.

 La qualité moins importante

« On vend des arbres sauvages, plus petits ou moins beaux, les gens veulent des arbres », dit Richard Plante. Pour Charles Vaillancourt, ce compromis est tout indiqué pour se procurer un sapin malgré la rareté. En parlant des producteurs, il affirme : « Ils sont pris avec un beau problème, mais il faut faire attention pour ne pas que ça nuise. On veut continuer d’inciter les gens à aller vers un sapin naturel, mais on ne veut pas que le consommateur nous dise qu’il n’en trouve pas. C’est là que les gens vont devoir baisser leurs critères de qualité d’arbres. J’encourage le consommateur à aller vers un arbre naturel même s’il y a moins de qualité premium. Les choses vont revenir à la normale ».

Charles Vaillancourt ajoute que les raisons pour lesquelles les clients choisissent un sapin naturel, peu importe la qualité de l’arbre, sont toujours valables. « Un arbre naturel a une belle odeur, il y a l’aspect écologique aussi. C’est meilleur pour l’environnement que d’acheter des arbres artificiels et on encourage le marché local. Il ne faut pas voir la coupe de l’arbre comme une déforestation, c’est une culture comme le blé ou l’orge. Et pour chaque arbre coupé, on va en planter pratiquement deux, on ne fait qu’aider à purifier l’air. »

La Tribune