«Les gens ont peur de ceux qui sont dans la rue» – Java
Java n’est plus itinérant. Mais il l’a déjà été, et ce, dans les rues de Victoriaville.
Originaire de Montréal et arrivé à Victoriaville il y a un peu plus de huit ans, Java – son nom d’artiste – s’est promené de parc en parc lorsqu’il est débarqué dans les Bois-Francs. «J’ai dormi au parc Terre-des-Jeunes quelques fois et à la Vélogare», se souvient celui qui était présent à la Nuit des sans-abri.
Lorsque les policiers venaient le voir pour lui dire qu’il ne pouvait passer la nuit où il était, Java mentionne que la plupart des agents de la paix étaient très courtois et polis à son endroit. «C’était néanmoins difficile d’être itinérant à Victoriaville parce qu’il y a plusieurs policiers», a-t-il dit.
Ancien toxicomane durant ses années dans la métropole, il était clean lorsqu’il est arrivé à Victoriaville. Or, son apparence lui a souvent causé quelques problèmes face aux hommes de loi. Son apparence se résume aux dreads qu’il a sur la tête et, comme il le dit lui-même, il a l’air d’un fumeux de pot.
«Il y a un policier qui m’a collé sept fois. Il le fait encore aujourd’hui d’ailleurs [malgré que je ne sois plus dans la rue]. C’est fou!, je connais certains policiers mieux qu’ils me connaissent», lance-t-il à la blague.
Sa guitare, son chapeau devant lui pour ramasser de l’argent, il l’a gratté un peu partout à Victoriaville. Très souvent, il se faisait dire qu’il n’avait pas le droit. Ça prenait un permis se faisait-il expliquer. «Quand tu n’as même pas d’argent pour manger, comment veux-tu avoir de l’argent pour obtenir ce permis?», a-t-il critiqué.
Des regards chaleureux
Passant une partie de sa vie sans domicile fixe, l’homme de 41 ans confie avoir été frappé par le côté chaleureux des gens d’ici.
«Il y a des regards de jugement et ceux qui viennent du cœur. Ceux-là ont l’effet d’une tape dans le dos, comme si on me disait qu’il ne fallait pas que je lâche. À Montréal, on ne voit pas ça souvent», explique-t-il.
Aujourd’hui, Java habite à la même adresse depuis huit ans. «C’est la première fois de ma vie que j’habite aussi longtemps à la même place», dit-il fièrement. C’est en faisant du pouce qu’il est tombé par hasard sur une personne qui avait ce regard du cœur et qui louait des appartements.
Le PlayStation l’a sauvé
En repensant à ces années où il était toxicomane, il a mentionné avoir mis fin à tout ça d’une manière surprenante lorsqu’il a finalement trouvé un toit.
«J’ai arrêté de consommer la journée où je me suis acheté un PlayStation 3. J’ai pris ce substitut-là pour m’enlever l’ennui de me retrouver seul», souligne-t-il sourire en coin.
Malgré ses nombreux moments difficiles, il confie n’avoir aucun regret.
«Je suis content d’avoir passé par là et je crois que c’était une étape obligatoire. Ça m’a permis d’être mieux préparé pour m’occuper de mes enfants», termine-t-il.