Le visage de l’itinérance au Centre-du-Québec
L’itinérance est une réalité au Centre-du-Québec. Un sans-abri n’est pas nécessairement une personne qui vit exclusivement dans la rue, mais aussi des gens qui n’ont pas de domicile fixe, qui vont déménager constamment ou qui vont alterner entre une maison d’hébergement et un divan chez un ami.
«Il y a plusieurs facettes à l’itinérance : c’est vivre dans l’instabilité résidentielle. Ça va être difficile de faire suivre le courrier, de se trouver un travail ou de faire un retour aux études quand on ne sait pas où on va dormir dans trois jours. Ça complexifie toutes les démarches d’une vie normale», affirme Francis Lacharité, du refuge la Piaule, à Drummondville.
«À Victoriaville, on observe une itinérance situationnelle. Des jeunes principalement vivent des difficultés, perdent leur logement et se retrouvent à la rue quelques jours, quelques semaines», fait remarquer pour sa part Yann-Érick Proulx, travailleur de rue à Répit Jeunesse.
«L’itinérance, pas dans ma cour?!»
Ainsi, le 21 octobre prochain, dans le cadre de l’événement la Nuit des sans-abri, au parc Saint-Frédéric, à Drummondville, et dans le stationnement Saint-Louis, à Victoriaville, divers organismes communautaires souhaitent sensibiliser la population au phénomène de l’itinérance en région.
Le thème de la soirée est «L’itinérance, pas dans ma cour?!». «Le point d’interrogation qui marque la fin de l’énoncé laisse sous-entendre un questionnement quant à notre niveau de tolérance, de notre capacité d’ouverture et d’accueil face aux plus démunis de notre communauté», fait remarquer le porte-parole de l’événement à Drummondville, Francis Lacharité.
Les organismes communautaires l’Ensoleilvent, l’Auberge du cœur Habit-Action, le Carrefour d’entraide Drummond, le refuge la Piaule et la Tablée populaire de Drummondville sont derrière l’organisation de la soirée, épaulés par quelques maisons de jeunes des environs.
À Victoriaville, la Nuit des sans-abri est organisée par l’Auberge du cœur Maison Raymond Roy, la Ville de Victoriaville, Répit Jeunesse et le cégep de Victoriaville. «Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Certaines personnes vivent de la solitude et des difficultés. Nous n’en sommes pas exempts», a affirmé pour sa part, le maire de Victoriaville, André Bellavance.
L’itinérance toucherait environ de 400 à 500 personnes localement chaque année. «C’est une réalité qui existe. Il n’y a qu’à regarder les statistiques d’Habit-Action et de l’Ensoleilvent : ils affichent souvent complet, et il va même y avoir des listes d’attente parfois. Déjà, c’est un bon indice», ajoute Francis Lacharité.
On retrouve de plus en plus au Québec une itinérance chronique qui perdure dans le temps. «Nous demandons à la population de faire preuve d’une nouvelle ouverture face à cette nouvelle réalité. L’itinérance chronique, on connaît moins ça, ici. C’est peut-être plus dérangeant. Mais nous invitons les citoyens à faire preuve de plus de tolérance et à moins stigmatiser cette réalité. Devant ces personnes vivant l’exclusion, nous devons miser sur l’inclusion», soutient en terminant Yann-Érick Proulx.