«Le temps de faire du travail de fond dans le comté»

VICTORIAVILLE. La députée d’Arthabaska, Sylvie Roy, a repris le collier, elle qui, d’août à décembre 2014, a dû cesser toutes ses activités, le temps de combattre une tenace bactérie accrochée à son estomac depuis plus d’un an. Et, en ce début d’année 2015, elle s’attend à ce qu’un grand «brouhaha national» agite la scène provinciale. «Ce sera le temps de faire du travail de fond dans le comté.»

Dans son bureau de la rue De Bigarré à Victoriaville, la députée Roy énumère les dossiers qui la préoccupent déjà : l’accessibilité aux soins de santé, la sécurité sur la route 116, le dossier des garderies, notamment la réalisation de ce projet de service de garde dans l’Écoparc industriel de Victoriaville. Et les compteurs intelligents viennent de s’ajouter.

Elle accepte de raconter ce malaise qui l’a obligée, l’été dernier, à prendre congé, le médecin lui recommandant de le faire pour guérir. «Ralentir était impossible», dit-elle.

La campagne électorale, dans Arthabaska et à l’échelle provinciale, l’agonie de de son père, une session plus chargée qu’à l’habitude, des activités parlementaires prolongées au-delà des habituelles fêtes nationales ont été autant de sources de stress pour la députée et d’activateur pour la bactérie. Elle n’a jamais pensé démissionner, sachant qu’elle se remettrait de ses problèmes gastriques.

Cure antibiotique, diète sévère, marches quotidiennes ont eu raison de la maladie. La députée d’Arthabaska a repris le travail le 10 décembre dernier. Elle ne se formalise pas de ceux qui en parlent comme d’une députée «fantôme».

Elle en rigole un brin et leur répond qu’elle est une «revenante».

À propos de son absence toujours, elle signale qu’elle recontactera tous les organismes qui avaient sollicité un rendez-vous avec elle au cours des derniers mois.

Le «brouhaha national»

Elle dit que ce deuxième mandat dans Arthabaska amorcé en avril dernier sera tout à fait différent de son premier. «C’était un mandat d’effervescence parce que le gouvernement (du Parti québécois) était minoritaire et que cela nous laissait constamment aux aguets.»

Ce grand «brouhaha national», comme elle le désigne, sera fait de la course à la chefferie du Parti québécois dont l’issue est «facile à deviner tellement il (Pierre Karl Péladeau) est en avance» et de tous les changements annoncés par le gouvernement pour ses fonctionnaires, les médecins, le réseau de la santé et les commissions scolaires.

Un CISSS pour le Centre-du-Québec

Si certains, comme les autorités du Centre de santé et de services sociaux d’Arthabaska-et-de-L’Érable ne se prononcent pas sur cette demande d’un Centre intégré de santé et de services sociaux pour le Centre-du-Québec, «moi, je peux parler!», commente Sylvie Roy.

Elle est convaincue que le Centre-du-Québec doit avoir son CISSS parce que sa réalité est différente de celle de la Mauricie et qu’un gros organisme unique pour les deux régions serait forcément centralisateur et alimenterait davantage la Mauricie qui a «faim».

La députée ajoute qu’aux yeux de la population, cette requête d’ordre administratif a cependant bien moins d’importance que le projet d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, son urgence particulièrement.

«Ça c’est du réel. Il est bien certain que si l’on avait à choisir entre un CISSS et la subvention pour la rénovation de l’urgence, on sait ce que la population choisirait. Chaque fois que je vais croiser Gaétan Barrette je vais lui dire «t’oublies pas notre urgence?!»», rappelant que le ministre et elle sont originaires de La Tuque.

Commission Charbonneau

De la Commission Charbonneau dont elle avait été la première à réclamer la création, la députée caquiste s’attend à un rapport recommandant des solutions novatrices pour contrer la fraude et la collusion. «J’espère que le rapport ira plus loin que les témoignages parcellaires qu’on a entendus.»

Avocate de formation, la députée Roy s’attend à ce que des recommandations soient formulées pour changer les pratiques et le processus des soumissions. La plus basse soumission n’est pas toujours la meilleure et on devrait pouvoir l’écarter avec la permission d’un juge expert en ces matières si l’on a des doutes sur l’entrepreneur, explique-t-elle. «Cela se fait en France.»

Une instance publique, comme une municipalité, pourrait aussi avoir la possibilité de négocier de gré à gré si elle se trouve devant un entrepreneur détenant le monopole. Elle donne l’exemple d’une municipalité comme Inverness qui doit accepter la seule soumission pour une déneigeuse.

Elle parle par ailleurs de l’expertise que le ministère des Transports a perdue ainsi que des appels d’offres pour la construction d’édifices publics. L’entrepreneur ayant décroché le contrat pourrait être le locateur pendant une période de dix ans, propose-t-elle. «Comme il assumerait les coûts de gestion avant de céder l’immeuble au gouvernement, cela éviterait la malfaçon», explique-t-elle encore.

Dans le dossier des compteurs intelligents, elle préfère attendre d’avoir rencontré les notaires porteuses de la pétition réclamant un moratoire avant de le commenter.