Le ministre Barrette réaffirme l’importance d’interdire les pitbulls
Les pitbulls n’ont pas leur place au Québec, selon le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.
Le ministre, qui a une formation de médecin, a réaffirmé samedi sa détermination à voir cette race de chiens interdite sur tout le territoire, en raison de la gravité des blessures infligées aux victimes lors de morsures.
Mais si le gouvernement Couillard va dans cette direction, il ira à l’encontre du groupe de travail mandaté pour lui formuler des recommandations sur l’encadrement des chiens dangereux.
La semaine dernière, La Presse canadienne révélait la liste des recommandations préliminaires du groupe de travail, qui doit remettre son rapport final au gouvernement d’ici deux semaines.
Dans ce document de travail, le comité propose d’adopter une loi visant à encadrer la possession de chiens dangereux ou potentiellement dangereux, mais exclut toute interdiction reliée à une race en particulier.
En marge du congrès annuel de l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec, le ministre Barrette a dit se positionner sur le sujet en tant que médecin, ayant pu constater les dommages souvent irréversibles causés par des morsures de pitbulls, des chiens réputés agressifs et dotés de mâchoires puissantes.
Si le rapport final du groupe maintient sa position, le ministre Barrette fera partie de ceux qui tenteront de mettre le rapport sur une tablette.
C’est une question de santé publique, a-t-il fait valoir lors d’une mêlée de presse, en matinée.
«Je n’ai pas changé de position. Je suis encore en faveur de l’interdiction des pitbulls», a dit le ministre d’entrée de jeu. Il s’était déjà prononcé sur la question une première fois en juin, à la suite du décès d’une femme de Montréal, Christiane Vadnais, mordue à mort par un pitbull dans la cour arrière de sa maison de Pointe-aux-Trembles. L’agression avait amené le gouvernement à former un comité chargé de lui faire des recommandations.
«À la question de savoir si un pitbull est une race de chiens qui est plus dangereuse potentiellement qu’une autre, moi je pense que la réponse à ça c’est oui», a commenté M. Barrette.
«Je les ai vus ces dommages-là, et ce sont des dommages considérables» et souvent permanents, entraînant pour les victimes, souvent des enfants, «des déficits fonctionnels à vie», a ajouté le médecin.
Le gouvernement s’engage à trancher la question dès la rentrée politique et parlementaire de septembre. Une fois de plus samedi, le ministre responsable du dossier, Martin Coiteux, s’est engagé à agir «dans les plus brefs délais».
Se gardant d’entériner la position de son collègue de la Santé, M. Coiteux n’a pas non plus rejeté le scénario ayant pour effet d’interdire les pitbulls du territoire québécois.
«Il n’y a rien d’exclu», a-t-il soutenu, devant les journalistes, samedi, même après avoir pris connaissance des recommandations préliminaires du groupe de travail.
M. Coiteux dit faire la distinction entre «le rapport» du comité et «la décision du gouvernement». Seule la sécurité de la population guidera le gouvernement au moment de prendre sa décision, a assuré le ministre de la Sécurité publique.
Il a qualifié l’opinion du ministre Barrette, étoffée par des décennies de pratique médicale, de «très importante».
Le congrès des jeunes libéraux, auquel participent quelque 400 jeunes militants de tous les coins du Québec, se tient en banlieue de Québec durant tout le week-end sous haute surveillance policière. Des mesures exceptionnelles de sécurité, comme des détecteurs de métal, ont été déployées sur place.
À son arrivée en matinée, le premier ministre Philippe Couillard n’a pas voulu commenter le dossier des pitbulls.
Lors d’une brève mêlée de presse, il a qualifié de «très audacieux» les thèmes retenus pour discussion par la commission jeunesse de son parti.
Dans le secteur du travail, les jeunes libéraux ont attaqué le dogme syndical de l’ancienneté dans la fonction publique. lls veulent une loi qui viendrait encadrer tout privilège lié à l’ancienneté.
Ils demandant aussi au gouvernement d’interdire, dans les régimes de retraite, les clauses de disparité de traitement en fonction de la date d’embauche, dites «clauses orphelins» qui pénalisent les plus jeunes.
Les jeunes libéraux se sont également prononcés en faveur de la création «dans les plus brefs délais» d’une commission d’enquête publique sur le racisme et la discrimination systémique au Québec.
À ce propos, la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, s’est montrée enchantée de les voir s’intéresser à ce sujet, sans toutefois se prononcer sur la valeur du moyen proposé.
Parmi les autres sujets à l’étude durant le week-end : l’implantation d’un revenu minimum garanti pour tous, d’une réforme du mode de scrutin et de la parité hommes-femmes en politique. Une résolution stipule que le PLQ devrait s’engager à présenter au moins 40 pour cent de femmes aux prochaines élections.
Dimanche, le premier ministre Couillard prononcera un discours en clôture des travaux et rencontrera les médias.