Le Cégep engage 2,5 M $ pour un nouveau campus agricole

À même ses fonds et sans subventions, le cégep de Victoriaville s’est porté acquéreur, pour la somme de 550 000 $, de la terre des pères missionnaires Clarétains. Plus encore, il lancera bientôt un appel d’offres en vue de construire un complexe de quatre serres dotées de locaux techniques, une facture que l’institution estime à un peu plus de 2 millions $.

En conférence de presse et en présence d’un des pères Clarétains, Michel Correa, les autorités collégiales ont dévoilé des détails concernant cette acquisition. Cette terre, destinée à devenir tout autant un plateau d’enseignement de l’agriculture qu’une station de recherche pour le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+), devrait conforter la réputation de <@Ri>leader<@$p> du Cégep au Québec et lui donner les moyens de rivaliser avec d’autres institutions à l’échelle du Canada, espère le directeur général du Cégep, Paul Thériault.

Il a laissé entendre qu’à la suite de l’annonce de cette importante acquisition de la terre de 55 hectares, d’autres projets devraient être dévoilés au cours des prochaines semaines. «Ce n’est que la pierre d’assise d’un plus gros projet», a renchéri le directeur des études, Christian Héon.

Un «sacrifice»

C’est avec nostalgie, mais sans regret, a dit le père Correa, que la communauté religieuse a accepté de vendre sa terre au Cégep. Cette terre a valeur patrimoniale puisqu’elle est le premier emplacement des «p’tits pères» Clarétains en sol canadien. Ils y sont depuis plus de 60 ans.

«Nous ne sommes pas aussi riches que les frères du Sacré-Cœur», a dit le père Correa, faisant allusion au prix de 550 000 $ demandé pour leur propriété. En 2009, les frères avaient cédé gracieusement leur boisé à Victoriaville. M. Thériault a parlé d’un «prix d’ami» – ce qu’a aussi admis le père Correa –  alors que la communauté religieuse aurait pu obtenir une somme plus importante. Les 550 000 $ représentent un «sacrifice» que les missionnaires ont accepté de faire «pour le bien de tous», a indiqué le porte-parole de la communauté, en signe de gratitude à l’égard de Victoriaville, contribuant à sa réputation de ville du développement durable.

Le Collège n’est pas vendu

Depuis que la nouvelle de la vente a été diffusée, le Collège Clarétain a reçu des appels, des gens s’inquiétant que l’institution ait aussi été vendue.

Les pères demeurent propriétaires de l’édifice qui abrite le collège privé ainsi que suffisamment de terrain tout autour pour une expansion le cas échéant. C’est une corporation qui gère et administre le Collège et celle-là ne détiendrait pas le statut juridique pour acquérir les bâtiments, cette éventualité ne faisant pas partie des perspectives.

Si le Cégep a procédé à cette acquisition, c’est qu’il avait besoin de terre, de serres et d’espace pour ses élèves en agriculture, particulièrement ceux inscrits au profil biologique.

La clientèle a explosé, on l’a dit à maintes reprises. Avec les étudiants inscrits au profil production animale, le Cégep a accueilli 90 nouveaux élèves cette année, dont 60 en agriculture bio. Au total, ils sont 144 à fréquenter les cours d’agriculture. Il y a comme une sorte «d’aura» autour de Victoriaville en ce domaine, a indiqué le directeur des études Christian Héon, le Cégep étant encore la seule institution collégiale au Québec à offrir des cours en bio et s’étant développé une notoriété dépassant les frontières de la région.

Avec l’acquisition de la terre des pères, on concentrera beaucoup des équipements d’enseignement à cet endroit. La ferme-école qu’on exploite au Boisé des frères depuis quelques années sera transférée à ce nouvel emplacement et les serres qu’on y construira – prêtes pour la rentrée 2017 – offriront une superficie totale de 1400 mètres carrés. On fera disparaître l’actuelle serre derrière le Cégep où se «serrent» les élèves cette année.

Ferme-école et station de recherche

Des 55 hectares situés derrière le Collège Clarétain, 40 sont cultivables. Le CETAB+ a déjà entrepris du travail pour assurer la transition d’une portion de 11 acres vers la régie biologique. On attend la fin des récoltes d’un producteur (Yvan Roux) qui louait des parcelles pour ses cultures de maïs et de soya afin d’amorcer leur conversion.

Coordonnateur intérimaire du CETAB+, Jean Duval a dit qu’il fallait au moins 36 mois avant d’obtenir la certification biologique. On s’attend donc à pouvoir l’obtenir en 2018.

Il a expliqué qu’avec cette terre située non loin du Cégep – avec une voie cyclable à proximité pour les étudiants – le CETAB+ réalise un rêve.

Encore mieux que sur des terres privées, le CETAB+ pourra mener plusieurs recherches (sélection végétale, cultures abritées, engrais vert) tout en documentant le changement de régie d’une terre, du conventionnel au bio. Il a également parlé du projet de recherche sur les blés de Denis La France, membre du personnel du CETAB+ auquel les étudiants pourraient être appelés à participer.

Si la ferme-école quittera le Boisé des frères à Arthabaska, le CETAB+ n’en abandonnera pas le verger. Le père Correa a rappelé que c’est Serge Préfontaine, coordonnateur fondateur du CETAB+, qui avait engagé les premières discussions. «Lorsque je lui avais demandé combien de terrain il voulait, il m’a surpris en me répondant que c’était toute la terre!»

«C’est une véritable bénédiction que cette belle, grande et riche terre agricole. Nous allons la chérir, la nourrir, la valoriser!», a promis Paul Thériault.

Ce à quoi, Michel Correa a répondu que sur cette terre, les missionnaires avaient planté des centaines d’arbres, un par un. Originaire d’Espagne, venu d’Angleterre pour s’installer à Victoriaville, le père Correa a dit qu’il avait été bien déçu de débarquer dans un site où les arbres étaient encore si petits. C’était il y a quelques décennies.

Si la Ville de Victoriaville ne contribue pas financièrement aux projets du Cégep, des discussions sont en cours pour la fourniture des infrastructures nécessaires pour favoriser les activités de ce nouveau campus.