Le «branding» du Québec? L’éducation!, clame Mario Dumont

Quel devrait être le «branding» à adopter pour le Québec? L’ancien chef de l’Action démocratique du Québec devenu chroniqueur et observateur politique, Mario Dumont, répond sans hésitation : l’éducation. Le Québec a d’autant plus intérêt à rehausser le niveau d’éducation que sa langue et son identité sont différentes et qu’il leur faut les préserver.

M. Dumont était l’invité de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable, sa conférence étant inscrite à l’agenda des gens d’affaires depuis le printemps dernier. Pendant près d’une heure et demie, il a livré un «tour d’horizon» des perspectives économiques et politiques, brossant un portrait, «pas tout noir», mais certainement pas rose du Québec d’aujourd’hui, devenu la province la plus pauvre au Canada.

Tant par sa conférence que par les questions qui lui ont été adressées à la fin, il a parlé du «moule», du «modèle socialiste» du système d’éducation qui «échappe» entre 20 et 25% de ses jeunes, les surdoués qui s’ennuient, les sportifs qui s’impatientent, les élèves en difficultés auxquels on ne peut donner toutes les ressources nécessaires.

«Il aura quoi comme emploi dans 20 ans, ce jeune qui décroche aujourd’hui à 16 ans, qui peine à lire et à comprendre alors que le marché du travail, la technologie, la robotisation évoluent? Il faut réapprendre à s’occuper de chaque jeune.»

Sa réflexion s’inscrivait à même le portrait économique et sociologique qu’il a tracé du Québec et des «tendances lourdes» se profilant à l’horizon, avec le vieillissement de la population, la rareté de la main-d’œuvre, le gouvernement handicapé, la classe moyenne lourdement hypothéquée.

Pourtant, a-t-il précisé, le Québec dispose de ressources, de talents, de créativité. Il a cependant mis en italiques les mots «population travaillante», le Québec n’affichant pas le meilleur taux de productivité au pays, a-t-il rappelé.

À surveiller

Au Québec, il faut souhaiter un plan gouvernemental pour maintenir l’équilibre budgétaire à long terme, une stabilité afin de stimuler les investissements privés, un certain soulagement fiscal. Et il se réjouit d’entendre tous les partis politiques parler d’éducation.

Au Canada, toujours d’après M. Dumont, il faut espérer un désenclavement du pétrole albertain, des investissements dans les infrastructures, la protection et l’élargissement des ententes de libre-échange.

À ce propos, il craint l’effet «Trump» qui a distillé aux États-Unis un «message toxique» d’«isolationnisme», ce qui serait catastrophique pour les régions exportatrices. Hillary Clinton va l’emporter, prédit-il, même si elle est discréditée. «Ce sera moins pire qu’un Trump déshonoré.»

À une autre question sur le «branding» – un mot qu’il a souvent utilisé – que devraient adopter les partis politiques, Mario Dumont s’est concentré sur la scène canadienne, disant que pour l’instant Justin Trudeau prolongeait sa lune de miel, pendant que les autres partis étaient sans chef. «Après les selfies, il devra gouverner et prendre des décisions qui ne plairont pas à tout le monde.»

Mario Dumont constate que le gouvernement Trudeau a les pieds dans les «talles» du NPD et du Parti conservateur et que le Bloc a une «grosse job» à faire. Le Parti conservateur devra se moderniser, se concentrer sur la famille et la classe moyenne.

«J’ai déjà donné!», a répondu Mario Dumont au député conservateur Alain Rayes qui l’invitait à briguer la direction de son parti à Ottawa. M. Rayes a profité du moment pour saluer M. Dumont qu’il avait rencontré à Rivière-du-Loup en 2002, un «politicien qui m’a émerveillé» et qui l’avait convaincu de porter, dans Arthabaska, sa bannière de l’ADQ. «T’avais pas fait le bon choix, t’as perdu!», lui a répliqué Mario Dumont en souriant.

La voix des gens d’affaires

Aux gens d’affaires et à leurs organisations, Mario Dumont croit qu’ils ont tout intérêt, selon lui, à faire entendre leur voix, selon lui, parce que celles qui émergent, ce sont celles des «opposants» et des «demandeurs».

Passé du côté des médias, Mario Dumont dit savoir que si les entrepreneurs ne font que «murmurer», c’est qu’ils craignent l’effet boomerang et que le vocabulaire des opposants finit par se rallier l’opinion publique. «La maternelle porcine devient la mégaporcherie.» Au temps il était politicien, le «système mixte» qu’il préconisait en santé est vite devenu un «système à deux vitesses», a-t-il raconté.

Il croit, malgré tout, que pour positionner sa région il faut «montrer, expliquer, partager» ce qu’on fait, par exemple, à Victoriaville, en matière de développement durable, évoquant la force de frappe du «branding».

Enfin, répondant à une question, il ne croit pas que le gouvernement haussera le salaire minimum à 15 $, une «abstraction mentale des groupes sociaux qui mesurent mal la pression» que cela créerait sur la structure salariale, sur les entreprises et qui monterait la barre pour ceux qui, exclus du marché du travail, chercheraient à le réintégrer.