Le boisé souligne les engagements de Rock Tourigny

Lors du dernier gala académique il y a quelques jours, l’école secondaire Le boisé de Victoriaville a voulu souligner les accomplissements et engagements de l’animateur SASEC (Service d’animation spirituelle et d’engagement communautaire), Rock Tourigny, en lui remettant le prix coup de cœur de l’année 2021-2022.

Il faut dire qu’il fait partie du portrait de l’école secondaire depuis 1986, mais son implication sociale remonte à beaucoup plus loin. « Je suis revenu à Victoriaville en 1982 après un baccalauréat en théologie à l’UQTR », commence-t-il. À ce moment, il a été embauché au Café Chrétien de l’époque, où il a mis sur pied un premier projet, le Noël d’accueil pour les personnes seules (la fête existe encore aujourd’hui, la Communauté du Désert ayant pris la relève il y a quelques années).

À cette époque, il avait déjà ses entrées à l’école, où il travaillait en collaboration avec les animateurs de pastorale (c’est comme ça qu’on les appelait à ce moment). Ensuite, c’est dans l’organisation d’une activité de vente de pain qu’il s’est lancé. « Nous étions alors en pleine crise économique. Je savais qu’une telle vente existait à Plessisville pour recueillir des fonds et les remettre ensuite », se souvient-il. Une partie de l’argent ainsi amassé est alors allée à des œuvres en Haïti et l’autre à celles de l’abbé Raymond Roy.

Mise sur pied avec plein de bénévoles, en 1983, la première vente a permis de recueillir 6500 $. Les années ont passé et en 2022, à la 40e vente, c’est un montant de 36 000 $ qui a été récolté grâce à cette activité qui fait désormais partie des mœurs de Victoriaville et à laquelle les bénévoles sont toujours fidèles.

C’est en 1986, après un passage comme enseignant à l’école Saint-Wilfrid, au Manège et au Cégep de Victoriaville, qu’il est devenu, deux jours et demi par semaine, animateur de pastorale. Sa charge était à ce moment complétée par l’enseignement. « L’année suivante, j’ai eu à choisir entre les deux et j’ai opté pour le défi de la pastorale », se souvient-il. Un choix qu’il ne semble pas regretter encore aujourd’hui.

Les jeunes

Depuis qu’il est à l’école secondaire, Rock a côtoyé une multitude de jeunes au cours de leur cheminement avec lui dans ce groupe qui porte le nom de Solidarité Jeunesse. Plus de 2000, en fait, ont appris avec les différentes activités qu’il propose pendant leur secondaire à développer leur estime de soi, vivre des expériences de groupes et s’impliquer dans la communauté. Ces trois aspects n’ont pas changé avec les années, tout comme les adolescents qui, selon Rock, sont comme avant au niveau psychologique. « Ils ont besoin d’être aimés, acceptés, reconnus pour ce qu’ils sont. Ça, c’est de base. C’est l’attitude des parents qui a changé par rapport aux jeunes », a-t-il remarqué. En effet, il semble que les parents ne réagissent plus comme avant aux activités proposées à leurs enfants. « Ils sont davantage protecteurs, mais quand le climat de confiance est établi, ça va bien », a-t-il découvert. Ainsi, à Solidarité Jeunesse, les années n’ont pas diminué le nombre de jeunes qui choisissent de faire ce parcours qui mène, à la fin du secondaire, à un stage dans un pays moins favorisé. Tout au long de leurs études à l’école secondaire, ils font des camps (pour créer des liens entre eux), contribuent à des activités, bref s’impliquent dans la communauté.

Depuis une vingtaine d’années aussi, l’organisation s’est ouverte à la réalité autochtone, ce qui fait en sorte que des visites, dans des municipalités comme Betsiamites (pour les secondaires 2) et Waskaganish (pour les secondaires 4), ont lieu. Cela permet aux élèves une ouverture d’esprit à des réalités autres que vivent des jeunes comme eux, mais dans d’autres régions du Québec. « Ce sont pour eux des expériences extraordinaires », apprécie-t-il.

Rock est également celui qui prépare, depuis de nombreuses années et toujours entouré d’une belle équipe, les stages de fin de parcours. Le prochain aura lieu en Équateur. Il est aussi à mettre en place un autre stage, au Nicaragua cette fois, pour y amener les jeunes qui ont été privés de cette sortie finale et espérée à cause de la pandémie (ils sont maintenant au Cégep). Ces visites dans d’autres pays sont souvent magiques pour ceux qui y participent. « Tu pars d’un des pays les plus beaux au monde et arrives là-bas où les gens luttent et vivent avec peu de choses », résume-t-il. Un autre monde qu’ils découvrent et qui marque leur imaginaire de nombreuses années. « Ils sont alors confrontés à eux-mêmes et réalisent des choses. Ils sont plus confiants par rapport à la vie », a-t-il remarqué.

D’autres accomplissements

Les activités, le financement et les stages, tout est relié pour Rock. « Les jeunes s’impliquent dans la Journée Normand-Maurice, au niveau de l’environnement, ce qui finance une partie des stages. Ils sont alors utiles. » Même chose pour la défunte collecte de RDD (résidus domestiques dangereux) qu’il a organisée plusieurs années avant qu’elle devienne la Journée Normand-Maurice. La distribution de compost, une fois par année, est une autre activité à laquelle les jeunes de Solidarité Jeunesse sont impliqués, amassant ainsi des fonds pour le voyage de fin de secondaire et en aidant les autres par la même occasion. « C’est très formateur pour eux et c’est là que j’apprends à les connaître mieux », insiste-t-il. 

C’est parce qu’il avait lui-même découvert au début, lors d’un voyage, ce qu’on faisait avec l’argent amassé, qu’il a mis en place les stages il y a plusieurs années et ainsi faire vivre aux élèves la même expérience. « Afin qu’ils voient que tout le travail qu’ils ont fait donne des résultats », estime-t-il. Tout cela appuyé par, il insiste encore, une équipe d’adultes bénévoles (des enseignants et autres) qui sont toujours prêts. « Ils sont là, présents, et ce n’est pas leur job », ajoute-t-il. Rock Tourigny ne peut également passer sous silence l’équipe SASEC de l’école, formée de Catherine McRay (qui a d’ailleurs fait le parcours Solidarité Jeunesse) et Francine Boivin.

La suite

Plusieurs autres accomplissements figurent au CV communautaire de Rock Tourigny. Parmi eux, il faut souligner la fête de Noël des enfants qui, pour lui, a pris la suite du Noël d’accueil, en 2004. « Il s’agit d’une fête pour les enfants de familles à faible revenu, qui a lieu le 24 décembre au matin. On en fait une tous les ans », ajoute-t-il. Il y a également le projet Boîte à lunch qui a été mis sur pied en 2000 et permet à des élèves d’avoir un repas le midi. Ce projet a même fait des petits puisqu’il a fait naître un camp d’été pour jeunes provenant de familles à faible revenu qui prendra son départ dans quelques semaines. Il ne faut pas oublier non plus la Journée Raymond-Roy qui permet de donner un coup de main au projet Boîte à lunch (comme quoi tout est lié).

Cela fait donc déjà plusieurs années que Rock Tourigny œuvre au sein du monde scolaire. Ainsi, il prépare la relève, même si comme il le dit, il voudrait travailler jusqu’à 70 ans. « Je vais prendre ma retraite du Centre de services scolaire des Bois-Francs dans quelques années, mais vais continuer à travailler pour certains projets, comme l’accompagnement dans les voyages », annonce-t-il. Tout cela, comme il ajoute, tant qu’on aura besoin de lui.

Rock Tourigny laissera derrière lui une trace positive, lui qui garde toujours cette confiance envers la jeunesse. « Quand on les interpelle, ils ont déjà des valeurs en dedans. On les fait jaillir et les aide à grandir », résume-t-il. Autrement, il ne craint pas de s’ennuyer à la retraite, lui qui est un grand sportif, d’hiver comme d’été. Il a également le rêve de repartir en stage avec d’anciens élèves, qui sont maintenant des adultes, afin de leur faire redécouvrir que d’autres gens vivent des réalités bien différentes.