«Le bénévolat pour moi à Sainte-Séraphine, c’est fini»

SAINTE-SÉRAPHINE. Depuis bientôt deux mois, la bibliothèque municipale de Sainte-Séraphine est fermée. Humiliée, sa coordonnatrice, Thérèse Côté-Lampron, qui y oeuvrait depuis six ans, a remis sa démission. Par huissier débarqué chez elle le 19 janvier, elle a appris que le conseil municipal lui infligeait une suspension sans solde d’une journée (2 heures). «Je me suis sentie comme une criminelle! Je vis à Sainte-Séraphine depuis 37 ans. J’ai toujours aimé Sainte-Séraphine. Mais depuis le 15 janvier, je n’en suis plus certaine. Le bénévolat pour moi à Sainte-Séraphine, c’est fini.»

C’est par une source anonyme qu’on a eu vent de la fermeture de la bibliothèque, de la sanction disciplinaire et de la démission de sa responsable.

Mme Côté-Lampron a hésité avant d’accepter d’accorder une entrevue à La Nouvelle Union tellement elle veut clore ce dossier. Et définitivement parce que terriblement affectée par le traitement que le conseil municipal et la directrice générale, Julie Paris, lui ont infligé.

«Jamais, je n’ai eu la possibilité de présenter ma version au conseil municipal. Dans la lettre signée par Mme Paris et que m’a remise le huissier, il y est écrit que tous les membres du conseil ont décidé de m’imposer une sanction disciplinaire. Pourquoi ne me l’a-t-on pas dit et s’il fallait me le signifier par écrit, pourquoi ne m’a-t-on pas fait parvenir une lettre recommandée?», déplore Mme Côté-Lampron.

Elle aurait préféré que son histoire ne se retrouve pas sur la place publique. Mais, finalement, il faut, croit-elle, que le conseil municipal réponde de ses actes.

Elle dit encore que le traitement qu’on lui a infligé est d’autant plus injuste qu’elle s’était engagée corps et âme dans la bibliothèque pendant cinq ans, s’y dévouant bien davantage que pour les quatre heures par semaine pour lesquelles elle était payée… à 12 $ de l’heure, cette rémunération n’étant pas son aiguillon. Elle s’est occupée du fonctionnement de la bibliothèque, même de son entretien, de la pelouse, et lui a créé un décor. Était-il justifié, se demande-t-elle, que la Municipalité dépense 145,12 $ pour lui envoyer un huissier, alors que le budget annuel de la bibliothèque tourne autour de 500 $?

Relations difficiles

Cette sanction disciplinaire, la coordonnatrice de la bibliothèque savait qu’elle lui pendait au nez à la suite de la rencontre d’évaluation tenue le 15 janvier avec la directrice générale, le maire David Vincent et la conseillère Sylvie Lejeune. «J’avais été menacée d’une sanction parce que je ne voulais pas me présenter à cette réunion si la directrice générale était présente.»

Le rapport d’évaluation de trois pages, rédigée par la directrice générale, fait état de l’«excellente qualité du travail» de Mme Côté-Lampron, de son esprit d’initiative, de son imagination, de sa créativité. Là, où le bât blessait, selon le rapport, concernait notamment l’obligation pour la responsable de la bibliothèque d’obtenir d’abord l’approbation de la directrice générale avant d’acquérir toute fourniture.

L’ex-responsable de la bibliothèque ne cache pas que depuis 2009, ses relations sont difficiles avec la directrice générale. Même qu’à cause de cela, Mme Côté-Lampron avait remis sa démission en 2010, les bénévoles l’imitant solidairement. Elle avait accepté de reprendre du service en 2011 alors que Mme Paris était en congé – cette dernière a réintégré ses fonctions en mars 2014.

Avec la directrice intérimaire Nicole Comtois, l’ex-responsable de la bibliothèque soutient que les relations étaient bien différentes et que l’ambiance était meilleure. «Un budget m’était alloué pour la bibliothèque, et, à la fin de chaque mois, je présentais les factures. Je n’avais pas besoin d’obtenir son accord pour acheter un petit rouleau de papier à 8 $!»

Mme Côté-Lampron dit avoir expliqué au maire Vincent quelles étaient ses relations avec la directrice générale. «J’ai signé mon rapport d’évaluation comme on me l’a demandé. Mais j’ai écrit que je n’étais pas d’accord avec certains passages et j’ai même dit que je m’en fichais. À ce moment, avant d’avoir reçu la visite du huissier, j’avais décidé que c’était fini, que je remettrais ma démission, que je n’avais pas à subir tout cela.»

Refusant de se laisser abattre, Thérèse Côté-Lampron a décidé de «bénévoler» ailleurs, dans une autre bibliothèque municipale. Elle admet avoir informé les bénévoles de sa démission. «Six ou sept ont décidé de laisser aussi.»

La Municipalité de Sainte-Séraphine s’est mise en quête d’une autre personne pour prendre la responsabilité de la bibliothèque.

 

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