L’Autre Fabrik : où l’on travaille autrement

L’Autre Fabrik qu’on a, jusqu’à cet été, connu sous le nom de Centre pour handicapés physiques des Bois-Francs exposera les produits qu’elle fabrique dans son atelier de la Place communautaire Rita-Saint-Pierre et son atelier de la rue De Courval.

L’exposition, une expo-vente en fait, prendra place dans le mail de la Grande Place des Bois-Francs (tout près du kiosque de Loto-Québec) du 12 au 18 décembre.

Le public pourra prendre la mesure de tout ce que les personnes vivant avec un handicap fabriquent dans les deux sites de L’Autre Fabrik, des pièces en rotin et une quarantaine de modèles différents de petits meubles utilitaires en bois (tilleul), comme des armoires, des pharmacies, des «bancs de quêteux», des tables, etc.

Il y a deux ans, Jean Gosselin s’amenait à la direction générale de l’organisme à but non lucratif né il y a 42 ans… entre les mains, entre autres, de Nicole Rousseau, elle-même vivant avec un handicap.

Ayant pris sa retraite de l’enseignement à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie après 34 ans, M. Gosselin a tôt fait de trouver «trop plate» sa nouvelle vie sans travail.

L’envie de travailler, la tête pleine d’idées et de projets, le goût de s’engager et de mettre à profit sa longue expérience à enseigner l’ébénisterie, à guider ses étudiants dans le lancement de leur affaire et les contacts qu’il a pu établir avec les entreprises l’ont incité à se remettre au boulot. La découverte du centre, surtout des gens qui y travaillent l’ont enthousiasmé.

Ce sont en effet une quarantaine de personnes qui travaillent dans les deux sites de L’Autre Fabrik. Sauf pour quelques-uns ayant des fonctions de gérance qui travaillent à temps plein, la plupart consacrent quelques demi-journées par semaine à leur occupation. «Ils le font au meilleur de leurs connaissances et de leurs capacités et aussi à leur rythme», dit M. Gosselin.

L’Autre Fabrik vend ses produits dans sa «vitrine» du 11, rue De Courval et à un magasin comme Laferté à Drummondville. Ses revenus composent près de la moitié de son budget de quelque 500 000 $, le CIUSSS lui versant une contribution de 260 000 $.

Le Centre pour handicapés physiques a changé d’appellation parce que celle-ci ne correspondait plus à la réalité d’aujourd’hui. Tous ceux qui y oeuvrent n’ont pas un handicap physique. «Un handicap tout court», résume le directeur général, évoquant entre autres la déficience ou un trouble du spectre de l’autisme. Il y a des jeunes de La Myriade – située tout à côté – qui se rendent à l’atelier pour s’occuper à diverses tâches.

M. Gosselin souhaite développer davantage de créneaux d’activités pour offrir un plus large plateau de travail pour les personnes en situation de handicap.

Déjà, L’Autre Fabrik s’occupe du tri des vêtements que reçoit Le Support,  un autre organisme locataire de la Place Rita-Saint-Pierre. Le Support ne peut remettre sur les cintres de son magasin tous les vêtements qui lui sont donnés, sachant que les souillés, les déchirés, les démodés ne trouveront pas preneur. À la mezzanine de l’atelier de L’Autre Fabrik, une employée du Support veille à la formation de ceux qui s’affairent au tri des ballots de vêtements.

En quête de travaux en sous-traitance, surtout reliés à des opérations de récupération, L’Autre Fabrik se retrouve devant un dilemme, souligne M. Gosselin. «L’idéal serait d’avoir un seul lieu», précise-t-il. Mais un seul lieu à la Place communautaire ne serait pas suffisant et ne permettrait pas de développer l’entreprise. Entre l’appartenance au milieu communautaire pour lequel il se sent redevable et la volonté d’offrir davantage de postes occupationnels pour des personnes qui ne trouveraient pas d’emploi sur le marché du travail, L’Autre Fabrik… et surtout son directeur général se sent tiraillé. Une histoire à suivre.