La Ville a tendu l’oreille aux commentaires des citoyens

Des partisans des deux camps, des «contre», mais aussi des «pour», ont pu s’exprimer, jeudi soir, à l’Hôtel Le Victorin de Victoriaville, au sujet de cet important projet d’aqueduc et d’égout qu’aimerait bien réaliser la Ville dans le secteur Cormier.

«Le conseil municipal est favorable à un tel projet. On pense que c’est une bonne chose pour le quartier et pour l’ensemble des citoyens. Nous pensons aussi que c’est vraiment le temps de le faire, compte tenu du pavage à refaire dans certaines rues, de l’âge de certaines installations sanitaires et du fait que la règlementation change», a fait valoir le conseiller municipal du district, Claude Brulotte, qui animait cette deuxième rencontre après celle du 12 juin au cours de laquelle le projet avait été présenté aux citoyens.

Ce projet totalise quelque 6,5 millions de dollars. La Ville assumerait une facture de 4,6 millions. Les propriétaires, eux, devraient se partager 1,9 million de dollars.

Mais le conseiller Brulotte a fait savoir que les autorités municipales n’allaient pas imposer de force pareil projet. «On travaille pour vous. On n’a pas l’intention d’aller de l’avant si l’ensemble des citoyens manifeste son désaccord», a-t-il soutenu.

Le conseiller a voulu aussi se faire rassurant, une fois de plus, quant à l’évaluation des coûts estimés. «Ce projet, on l’a déjà énormément travaillé. On est confiant que notre évaluation est assez solide. Il n’y a pas de raisons pour qu’on soit complètement à côté», a-t-il dit.

Et puis, a-t-il insisté, il s’agit d’un projet de secteur. «Ce n’est pas pour une ou deux rues, mais pour l’ensemble du secteur. Et la répartition des coûts, on l’a voulue équitable.»

Ainsi, a-t-on précisé, la répartition doit se faire en fonction de l’évaluation foncière des terrains.

Période d’échanges

Pendant un peu plus d’une heure, les citoyens ont pu se faire entendre, ont pu s’exprimer et poser leurs questions.

Plus d’une vingtaine d’interventions de citoyens, certains se présentant au micro plus d’une fois, ont été observées.

La question des coûts pour les propriétaires, qui peuvent varier entre 8000 $ et 35 000 $ pour les seuls travaux, a été soulevée.

Claude Brulotte reconnaît, par exemple, l’existence de coûts plus importants sur la rue Carmen. «Nous sommes conscients de coûts disproportionnés comparativement aux autres. Cela n’exclut pas qu’on puisse tenter de chercher des solutions», a-t-il souligné.

Cela dit, sans prendre aucun engagement formel, le conseiller municipal a confié que la Ville pourrait se montrer ouverte à discuter de cas particuliers. «Des cas d’exception où il y aurait une injustice, une iniquité flagrante», a-t-il signalé.

«Qui dira si mon champ d’épuration et ma fosse septique ne sont plus bons?», a interrogé un citoyen.

«Ces installations ont une durée de vie. La Municipalité vérifiera si la fosse est toujours fonctionnelle et si elle respecte les normes», a répondu le directeur général de la Ville, Martin Lessard.

Ce dernier a invité les citoyens à réfléchir, à se poser la véritable question. «Si vos installations arrivent en fin de vie ou si elles ne sont pas conforment, est-il plus intéressant de réinvestir dans de telles installations ou bien se brancher aux installations de la Ville?»

Un citoyen de la rue Pronovost, peu satisfait du résultat avec son champ d’épuration, invite les résidents à y penser sérieusement. «C’est mieux les égouts», a-t-il dit, lui dont les installations ne datent que de l’année 2012 et qui lui ont coûté 9500 $.

Malgré cela, un autre citoyen, redoutant une facture salée, a dit préférer réinvestir dans un champ d’épuration.

Un autre résident, pour sa part, a voulu savoir pourquoi on incluait la rue Carmen alors qu’il y a plusieurs années, les résidents, à 68%, avaient manifesté leur désaccord. «Techniquement, nous devons faire tout le quartier», a fait savoir le conseiller Claude Brulotte.

Résident de la rue Suzie, un homme, conscient qu’un tel projet risque de ne pas se présenter avant une vingtaine d’années, s’est dit en faveur, tout en estimant que 80% des gens, d’ici là, auront à changer leurs installations. «Ça coûterait plus cher et on n’aurait pas les égouts», a-t-il lancé, sous les applaudissements de plusieurs, amenant Claude Brulotte à inviter l’auditoire à se retenir. «Nous sommes ici pour entendre les opinions de tous», a-t-il mentionné.

Le conseiller Brulotte n’a pu répondre à un citoyen soulevant la possibilité d’une subvention dont pourraient bénéficier les citoyens. «La décision reviendra aux élus», a-t-il dit.

À la question d’une citoyenne, un représentant de la Ville a fait savoir, qu’en cas d’acceptation du projet, deux options s’offraient aux propriétaires au sujet de leurs fosses septiques actuelles : ils pourraient la faire enlever ou la condamner en la nettoyant et en la remplissant de sable.

Une autre résidente a, quant à elle, voulu savoir à quel moment la Ville allait statuer sur la réalisation ou non du projet. «Les citoyens ont jusqu’au 7 août pour nous faire connaître leurs opinions, leurs commentaires, par téléphone ou par courriel. Nous allons adresser un rapport aux élus faisant aussi état des rencontres de consultation. Le conseil municipal devrait prendre sa décision à l’automne», a précisé Claude Brulotte, invitant les résidents à se manifester. «C’est important pour nous de savoir ce que vous en pensez.»

Les deux derniers intervenants ont manifesté leur accord au projet. «Moi, je suis très d’accord. Je vois à long terme. Cela est plus avantageux à long terme», a conclu une citoyenne de la rue Suzie, dernière à prendre la parole, tout en remerciant les autorités municipales pour avoir fait preuve de «transparence» et pour avoir «bien présenté le projet».

Comme il l’avait fait à la précédente rencontre, n’y reconnaissant toutefois aucune valeur scientifique, le conseiller Brulotte a tout de même demandé aux citoyens en accord avec le projet de lever la main.  Et un grand nombre l’a fait.